Tunisie : L'exécution d'un Tunisien en Irak divise les Tunisiens

[Liens en anglais, arabe ou français] Aux première heures du 16 novembre, le prisonnier tunisien Yosri Trigui, âgé de 27 ans, jugé coupable d'actes terroristes par la justice irakienne, a été exécuté en Iran. Yosri Trigui était arrivé en Irak quand il avait seulement 19 ans.

Le 20 mai 2006, il a été arrêté par l'armée américaine et cette même année, condamné à mort par un tribunal de Bagdad pour sa participation supposée à l'attentat à la bombe de l'un des sites les plus sacrés pour les Chiites, la mosquée d'or (al-Askari) dans la ville de Samarra, ainsi que pour la mort d'un journaliste de la chaine Al-Arabiya, Atwar Bahjat. Cet attentat avait déchainé des violences inter-communautaires entre les Sunnites et les Chiites en Irak.

En 2009, par manque de preuves, la condamnation à mort a été suspendue. La peine de Yosri Trigui a été commuée en 15 ans de détention pour avoir “pénétré illégalement sur le territoire irakien”. Sa famille affirme qu'en février 2011, au cours d'une conversation par téléphone, il leur avait appris qu'il avait à nouveau été condamné à mort, in absentia.

Avant l'exécution de son fils, son père avait écrit sur la page Facebook Tous pour que Yosri Trigui rentre chez lui ,en Tunisie :

يوم الأحد 06/02/2011 حيث أعلمنا انه وصلته رسالة م وزارة العدل العراقية تعلمه انه حكم عليه غيابيا و بدون حضور أي محامي بالإعدام مجددا لكل التهم المنسوبة إليه سابقا
Le dimanche 6 février 2011, il [Yosri Trigui] nous a dit qu'il avait reçu un message du ministère irakien de la Justice, l'informant qu'il avait été condamné à mort à nouveau, in absentia, sans la présence d'un avocat, pour les mêmes charges dont on l'accusait antérieurement.

En juillet 2011, Amnesty International a appelé les autorités irakiennes à commuer la peine capitale contre Yosri Trigui, qui ”a été condamné à mort au cours d'un procès qui ne respectait pas les normes internationales d'un procès équitable”, avait souligné l'association dans un communiqué.

Selon Amnesty, Yosri Trigui fait partie des 11 personnes condamnées à être pendues pour actes de terrorisme le 16 novembre.

L'exécution de Yosri Trigui divise les Tunisiens sur Internet. Il y a ceux qui pensent que son implication dans la mort de dizaines d'innocents lui ont fait mériter cette exécution.

@djerbafr tweete :

avant de pleurer l’exécution de #yossritriki ayez une petite pensée pour la famille des centaines de ses victimes!

Le supplice du Pal ajoute :

ce n'etait q'un terroriste… pourquoi s'indigner

Ceux qui sont touchés par le sort de Yosri Trigui rappelle que son procès n'a pas respecté les normes internationales, et qu'il pouvait avoir subi un lavage de cerveau pour s'être laissé entrainer à commettre ces atrocités.

Le blogueur Tarek Kahlaoui accuse le gouvernement tunisien par intérim actuel de n'avoir pas fait assez pour tenter de le sauver :

اعدام يسري الطريقي خبر مؤلم لعائلته ولكثير من التونسيين خاصة انه لم يحظ بمحاكمة عادلة[.. .] كان على الباجي قائد السبسي او المبزع القيام بمسعى “رسمي” حتى ربما يقع نزع الذرائع لدى السلطات العراقية لاعدام الطريقي.
La nouvelle de l'exécution de Yosri Trigui est douloureuse pour sa famille, et pour de nombreux Tunisiens, surtout parce qu'il n'a pas eu droit à un procès équitable  (…) Beji Caid Sebsi [l'actuel premier ministre], ou Mbezaa (l'actuel President] devraient avoir fait une tentative ”officielle” pour bloquer l'exécution, en attendant que les autorités irakiennes arrivent à court de prétextes pour l'exécuter.

Tarek Kahloui presse les autorités tunisiennes d'intervenir afin de sauver d'autres Tunisiens condamnés à mort en Irak :

لايزال هناك سجناء تونسيون في العراق بدون محاكمات عادلة. من واجب السلطات التونسية الجديدة الدفاع عن حقهم في ذلك وهو حق كل تونسي خارج بلاده.
Il y a toujours des prisonniers tunisiens qui n'ont pas eu droit à des procès équitables en Irak. C'est le devoir des autorités tunisiennes de défendre leur droit à un procès équitable, qui est le droit de n'importe quel citoyen tunisien se trouvant en dehors de son pays.

Tarek Cheniti écrit :

Dégouté par l’annonce de l’exécution de Yosri Trigui en Irak. Stop à toute cette violence y’en a marre.

Le site piraté du ministère irakien du pétrole. Photo de Yosri Trigui et message des pirates

Pour protester contre l'exécution, un pirate informatique tunisien, connu sous le pseudonyme de GlaDiaT0R, a piraté la page d'accueil du site du ministère irakien du pétrole. ”Nous n'oublions pas, nous ne pardonnons pas, nous ne sommes pas anonymes, nous sommes tunisiens. Préparez-vous” était le message publié par le hacker, imitant le style du réseau international de hackers Anonymous.

L'auteur du blog Boukornine accuse de son côté Yosri lui -même, son père, ainsi que le leader islamiste tunisien Rached Ghannouchi, et l'élite tunisienne :

J'accuse Yosri Triqui de naïveté, de bêtise, d'avoir été embobiné, endoctriné, manipulé (…)Je l'accuse… d'avoir faussement rassuré l'opinion publique(…)J'accuse l'élite tunisienne de ne pas guider cette jeunesse (…)J'accuse le père de Yosri Triqui de glorifier la mort bête et inutile de son enfant, de ne pas s'avouer qu'il a échoué dans son éducation, qu'il n'a pas été là pour le guider quand il a commencé à avoir ces idées macabres (…)Ton départ me torture, Yosri. Ton exécution me hante, je te regarde mais ne vois pas de terroriste.

Le blogueur conclut par un message à tous les parents :

Expliquez à vos enfants que le plus intense et le plus glorieux des djihad est de réussir à l'école, de devenir un bon citoyen, de trouver un boulot, de fonder une famille et de vivre heureux

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