Amazonie péruvienne : Les problèmes d'une merveille naturelle

Le 11 novembre, on a appris que l’Amazonie avait été déclarée de manière provisoire par la Fondation  “New 7 Wonders” comme étant l'une des 7 nouvelles merveilles naturelles du monde. Les habitants de la région de Loreto et en particulier ceux d'Iquitos, sa capitale, ont célébré cela. Même son Président de région, Yvan Vásquez, s'est jeté dans les eaux du fleuve Nanay pour fêter l'évènement. Cependant, la confirmation ou la certification correspondante ne se fera pas avant 2012.

On insiste sur le fait que cette nomination bénéficiera à la région de  Loreto et à la ville d'Iquitos car ceci  accroîtra le tourisme et aura un impact social et économique assez positif mais la région est-elle vraiment préparée à cela ? Les autorités régionales et locales disent qu'elles y travaillent.

Iquitos en particulier se vend comme destination touristique  mais n'ouvre pas pour en être une réellement. Ses sites urbains, attractifs et pittoresques pour un étranger, paraissent négligés, enregistrent un taux de délinquance important par rapport au reste de la ville et par ailleurs ne comptent aucun intérêt capable de convaincre le touriste d'y rester.  Beaucoup s'inquiètent aussi de son positionnement en tant que  destination du tourisme sexuel.

De plus, la ville fait face à un problème d'embouteillage et de routes coupées par des travaux d'assainissement inachevés. On  rapporte souvent que des embarcations sur le fleuve Amazone  sont attaquées, sans parler des attaques de touristes en général. Et l'Amazonie en tant qu'écosystème est en permanence menacée par les déversements pétroliers, la déforestation, la pollution des fleuves et surtout par l'indifférence du gouvernement vis-à-vis de tous ces sujets.

Jorge Agurto, sur Servindi, réfléchit à cette nomination :

Le réseau est empli de commentaires élogieux à l'égard du Pérou et d'encouragements  pour que celui-ci développe son tourisme afin de profiter de cette nomination. Peu font allusion aux peuples autochtones qui  protègent l'Amazonie, encore moins aux graves problèmes que traversent les forêts amazoniennes faute d'un projet de développement de l'Amazonie fiable, complet et responsable.

Ceux qui aujourd'hui fêtent la distinction accordée à l'Amazonie se sont-ils par hasard indignés lorsque le 28 avril 2010, un décret suprême du gouvernement d'Alan García – décret non encore abrogé – a déclaré d’ “intérêt national et social” (1) la construction de 20 centrales hydroélectriques dans le bassin du fleuve Marañón, dans le Nord de l'Amazonie péruvienne, ces 40 prochaines années?

Je n'ai pas pour intention de jouer les trouble-fêtes dans cette fête en l'honneur de l'Amazonie mais j'estime que sa mise en valeur serait plus vraie, plus complète et plus réelle si nous considérions aussi la nécessité de faire face aux risques réels et actuels qui la dégradent et la menacent.  Et ceci requiert d'élaborer un Plan de Développement de l'Amazonie péruvienne avec la participation des peuples autochtones, propriétaires ancestraux des forêts amazoniennes.

Dans une entrée du site Faunatura, en novembre 2008, on signalait les principaux problèmes de l'Amazonie :

- Le manque de ressources en provenance des gouvernements des pays qui se partagent la forêt.

- Les pilleurs qui déforestent, extraient des ressources naturelles, prélèvent des espèces animales, polluent l'eau et l'environnement car ils provoquent de surcroît des incendies.

- Les multinationales qui, en explorant les richesses minérales (pétrole, métaux, minerais, gaz naturel…), déséquilibrent l'écosystème.

- L’ invasion massive d'immigrés qui quotidiennement contribuent au pillage déjà existant.

- L'absence de lois protégeant la forêt et quand des lois existent, le non respect de celles-ci.

Comme l'explique le journal Voces, on s’inquiète aussi à San Martín, une autre région amazonienne, des actions du gouvernement en matière de protection de l'Amazonie.

Si nous fixons notre attention sur le gouvernement régional de San Martín, nous constatons d'incroyables contradictions. Pendant que quelques institutions se chargent de veiller sur les zones naturelles protégées, il en existe d'autres qui investissent de grandes sommes d'argent dans la construction de routes et de ponts qui contribuent à l'avancée de la migration des agriculteurs et avec elle, au trafic de terres et à l'agression de la forêt.

Sur Internet, on peut trouver des vidéos touristiques sur la région de l'Amazonie péruvienne comme  celle-ci de PromPerú [Commission de promotion du Pérou pour l'exportation et le tourisme] sur Loreto. Cette autre vidéo de promotion touristique, de PromPerú aussi , est consacrée à la région de la forêt centrale du Pérou, une région particulièrement belle. Pour revenir à Iquitos, ce reportage télévisé sur la vie nocturne de la ville est une série de stéréotypes et de lieux communs qui, de fait, ne cessent d'être affermis.

Cette vidéo avec des photos de la région de de Madre de Dios en Amazonie péruvienne, réalisée par le collectif  Generación Verde MDD (Génération verte de Madre de Dios) illustre les dangers qui menacent la forêt de cette région.

Enfin cette vidéo d’Alerta Perú (Alerte Pérou) dénonce la pollution à Andoas, dans la forêt au nord de Loreto.

Rio Amazonas, Iquitos, Peru (Fleuve Amazone, Iquitos, Pérou), une photo de Jake G. utilisée sous licence  Atribución-CompartirIgual 2.0 Genérica (CC BY-SA 2.0)
Un billet publié à l'origine sur le blog personnel de Juan Arellano le 17 novembre.

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