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Congo (RDC) : Comment se passeront les élections ?

Catégories: Afrique Sub-Saharienne, République Démocratique du Congo (RDC), Élections, Médias citoyens, Politique

[Liens en français ou en anglais] L'élection présidentielle en République Démocratique du Congo aura lieu [1] le 28 novembre. Les enjeux sont de toute évidente très élevés, au vu des guerres civiles qui s'y sont déroulées (l’élection [2] présidentielle 2006 a été monitorée par les Casques bleus de l'ONU) La campagne électorale 2011 a officiellement débuté le 28 octobre [3] et 13 candidats se présentent, dans un pays qui comprend plus de 400 partis politiques. De nombreux observateurs ont résumé les événements principaux durant la campagne et tentent de prédire comment le scrutin se déroulera.

Radio Okapi souligne les difficultés [4] rencontrées par la CENI (la Commission indépendante pour les élections nationales) durant les jours précédant le vote :

Au cours d’une conférence de presse tenue vendredi 25 novembre, son rapporteur Matthieu Pita a déclaré que 33 aéronefs n’ont pas pu décoller pour des raisons météorologiques. Ces engins devraient servir au déploiement du matériel électoral dans les provinces.«Vous êtes un peu déçu, mais rassurez-vous que ce n’est pas de mauvaise foi. C’est pour des raisons opérationnelles », a ajouté Matthieu Pita.En dépit de ces difficultés logistiques, Matthieu Pita a annoncé que les élections auront bel et bien lieu le 28 novembre.

Radio Okapi écrit aussi que 50 000 électeurs de la région de Rutshuru dans le Nord Kivu  ne savent toujours pas où ils doivent voter [5] :

Des sources rapportent qu’au moins 18 centres n’ont toujours pas de listes d’électeurs. Cette situation inquiète les électeurs de ce territoire. [..] Député élu de la circonscription électorale de Rutshuru, Sekimonyo wa Magango appelle ses électeurs à l’apaisement.
«J’ai contacté la haute hiérarchie de la Ceni. Toutes ces autorités viennent de me rassurer que les listes électorales vont nous arriver avant les élections. Tout détenteur de la carte électorale à Rutshuru va voter lundi. C’est la garantie qu’ils m’ont donné et je voudrais que toute la population de Rutshuru s’apaise», a rassuré le professeur Sekimonyo Wa Magangu.

[6]

Voting Booth in DRC on FlickR bt FredR

A Bunyakiri, le blog Local Voices a aussi exprimé des inquiétudes sur le fait que les listes électorales et les urnes doivent toujours  être livrées [7] à 160 bureaux de vote.

Jason Stearns résume l'inquiétude provoquée par les retards croissants [8] :

Un retard de dernière minute dans l'élection semble probable, selon plusieurs sources diplomatiques à Kinshasa. Les sources, qui souhaitent conserver l'anonymat étant donné l'insistance de la Commission électorale pour que le vote se déroule le 28 novembre, ont dit qu'il serait extrêmement difficile de livrer tous les équipements nécessaires à temps. Un des diplomates a suggéré que la commission estime moins dangereux de mettre tous les acteurs électoraux devant le fait accompli : un bref retard dans le vote.
Mais d'autres sources, dont la commission, et la mission de maintien de la paix de l'ONU, pensent qu'il est toujours possible que l'élection ait lieu en temps et en heure.
La mission logistique de la commission électorale est effrayante. Les derniers équipements pour l'élection sont supposés arriver aujourd'hui ou demain et doivent être distribué à 210 centres de distribution. Les Nations unies ont mobilisé une flotte d'avions et d'hélicoptères, mais le matériel électoral doit être réparti entre 64 000 bureaux de vote. De plus, le gouvernement congolais a pu obtenir un soutien crucial des gouvernements sud-africain et angolais, qui mettent eux aussi à disposition des avions à travers le pays.

En l'absence de sondages fiables, Jason Stearns s'est lancé dans le pari difficile de prédire les résultats des élections (Jason Stearns précise [9] cependant qu'il ne tente pas de prédire qui sera vainqueur, mais d'identifier les tendances pendant la campagne). Il résume son analyse ainsi [10]:

Si vous prenez ces projections et les mesurez à la lumière de la population des provinces, vous pouvez conclure qu'il s'agira d'un finish serré entre Kabila et Tshisekedi. La participation au vote sera un élément essentiel, tout comme l'impopularité du gouvernement actuel, qui peut se traduire par un report des votes sur les candidats de l'opposition. Une recommandation de vote de dernière minute de la part de Bemba et des alliances entre candidats de l'opposition peuvent aussi influer sur le vote.

Didier Muhama, qui blogue sur Now African, parle d'un sondage informel [11] qui s'est déroulé dans presque tous les quartiers de Goma (sauf Mugunga) :

Sur un peu plus de 500 personne âgées de 18 à 24 ans, la question suivante a été posée : pour qui voterez-vous ? Sur les cinq cent personnes interrogées, Joseph Kabila a eu 52 intention de vote, Vital Kamerhe 323 et Tshisekedi 120 tandis que les 8 autres candidats obtenaient au total 25 intentions de vote. J'ai décidé de mener ma propre petite enquête…
“Vital Kamerhe, parce que son programme est valable, comparé aux soit disant “cinq chantiers” que Kabila avait promis d'entreprendre durant sa présidence. Je ne fais plus confiance à Kabila, il n'a pas tenu ses promesses électorales.” explique Sammy W., étudiant à l'université UNIGOMMA.
Le président sortant Joseph Kabila est au pouvoir depuis  2001. Il a pris ses fonctions dix jours après l'assassinat de son père. En 2006, il a été élu président, ce qui a provoqué des conflits dans tout le pays.
Sarah K., 19, du quartier Mabanga : “Je voterai pour  Kabila, principalement parce qu'il est beau” bafouille-t-elle avec un sourire timide, “et puis, il a aussi amené la paix à notre région et au pays tout entier ! Je pense qu'il a besoin de plus de temps pour accomplir ses promesses de 2006.” conclut-elle.

Alex Egwete fait mention de rumeurs inquiétantes sur des bureaux de vote fantômes [12] :

La commission électorale est au centre d'une énième controverse, cette fois-ci, au sujet des bureaux de vote fantômes sur la carte électorale que la CENI a récemment publiée : certains groupes d'opposition et des journalistes ont donné au président de la CENI, le Révérend Daniel Ngoy Mulunda, 72 heures (à partir de hier) pour fournir une explication cohérence sur ces bureaux de vote fantômes. La radio-tv RLTV, pro-opposition, qui diffuse à nouveau après une interdiction brève en sanction de la diffusion de l'interview par téléphone de Tshisekedi, dans laquelle le chef de l'UDPS s'est autoproclamé président de la RDC, a prouvé l'existence d'une demi-douzaine de ces bureaux de vote fantômes à Kinshasa seulement, dont dans des bars et des résidences privées, dont les occupants ont été stupéfaits d'apprendre qu'ils étaient listés comme bureaux de vote.