- Global Voices en Français - https://fr.globalvoices.org -

Maroc : Victoire des islamistes du PJD aux premières élections d'après-réforme

Catégories: Afrique du Nord et Moyen-Orient, Maroc, Élections, Humour, Manifestations, Médias citoyens, Politique

Ce billet fait partie du dossier de Global Voices sur la contestation au Maroc 2011 [1].

Les Marocains étaient appelés aux urnes vendredi 25 novembre 2011, pour élire un nouveau parlement, dans la première élection depuis qu'un référendum constitutionnel a approuvé en juillet une série d'amendements [2] introduits par le roi Mohammed VI.

Le mouvement pro-démocratie fondé sur la jeunesse, dit du 20 février, reproche à la nouvelle constitution de laisser au roi un important droit de veto sur le gouvernement, et appelait au boycott des élections.

La participation

Selon le ministère marocain de l'Intérieur, 45% des électeurs inscrits ont voté vendredi, une participation modeste, et le parti islamiste Justice et Développement a enregistré une nette victoire.

En se basant sur les chiffres officiels, Reda Lemniaï (@Redalinho) publie un tableau comparatif de la participation électorale au scrutin marocain, par opposition avec la Tunisie et l'Espagne qui ont connu des consultations analogues ces dernières semaines. Il tweete [3] :

#Infographie : Résultats des #Intikhabates [élections] au #Maroc wp.me/p1fQiD-g7 [4]

Graphic posted on Twitter by @Redalinho [5]

Infographie publiée sur Twitter par @Redalinho

Selon l'infographie, 63% (13,5 millions) se sont inscrits pour voter et seulement 29% du potentiel total de 21,6 millions de Marocains en droit de voter ont déposé leur suffrage.

Mahjoub Feryate (@feryate) publie [6] [en arabe] le graphique ci-dessous, qui montre l'évolution du taux de participation aux élections législatives du Maroc depuis l'indépendance en 1956 :

مهم جدا: رسم مبياني لنسب المشاركة في جميع الانتخابات المغربية http://pic.twitter.com/D7xiYntr
Très important : un graphique de la participation à tous les scrutins au Maroc http://pic.twitter.com/D7xiYntr
Voter turnout in Morocco since independence, posted on Twitter by @feryate [7]

Le taux de participation au Maroc depuis l'indépendance, publié sur Twitter par @feryate

Les chiffres officiels donnent 20% de votes blancs ou nuls. Mahjoub Feryate (@feryate) publie [8] cette photo prise dans un bureau de vote pendant le comptage des voix. Un agent montre un billet annulé :

Picture posted on Twitter by @feryate [9]

Photo publiée sur Twitter par @feryate

Les réactions au taux de participation ont été dverses.

Khalid Aarifi (@khalidaarifi) tweete [10] [en arabe] :

بنسبة مشاركة افضل من سابقتها و بالفوز الكبير للبيجيدي، انتخابات 25 نونبر شكلت فعلا محطة جديدة في المسار الديمقراطي للبلاد،#intikhabates
Avec un taux de participation meilleur qu'en 2007 et cette belle victoire du PJD, nous pouvons considérer que c'est un grand pas dans le processus de démocratisation du pays.

Ichrak Ma (@ichrak_ma) n'est pas de cet avis [11] :

@ichrak_ma: J'ai l'honneur d'annoncer que la participation au vote dans ma famille est de 0% :) #intikhabate #Morocco poke @Tama_Hanich

Et le vainqueur est…

Dès l'annonce des premiers résultats provisoires, le  compte Twitter du PJD, @PJDofficiel [12], a commencé à récolter de nouveaux abonnés et à attirer l'attention des Twitteurs marocains. Mehdi TAZI (@passiondcrire) tweete [13] :

Les marocains ont voté à 45% pour #intikhabates mais je suis sur que l'attention de plus de 50% des marocains est porté sur @pjdofficiel.

Le mot-clic #PJD n'a pas tardé à être dans la tendance, comme l'indique Okbi Moncef (@zeplintor) qui tweete [14] :

#PJD en trending TOPIC mondial sur twitter d.pr/2Efg sur tweet stat bit.ly/PyWVm #intikhabates

Okbi Moncef publie cette capture d'écran, supposée montrer les principaux sujets en tendance mondiale vendredi soir :

PJD trending [15]

La victoire sans précédent du parti islamiste a inspiré de nombreuses réactions aux twittos marocains. Wasseem Kabbara (@kabbara) rappelle aussitôt aux vainqueurs ce principe [16] :

N'oublions pas qu'un véritable système démocratique respecte la minorité et se doit d'offrir l'égalité des chances.

Ibn Kafka (@IbnKafka) s'interroge [17] :

Est-ce que @pjdofficiel est capable d'évoluer comme l'AKP et de défier les institutions de “l'Etat des profondeurs” ? J'en doute #morocco #intikhabates

Reda Lemniaï (@Redalinho) est sceptique, et tweete [18] :

Au 1er de l'an 1433, le #PJD gagna les élections au #Maroc. Cela ne changea rien, le Royaume étant une monarchie absolue. #Intikhabates

La diaspora marocaine

Les Marocains expatriés désireux de voter devaient le faire par procuration. Samia Errazzouki (@charquaouia), une Marocaine qui vit à Washington DC, a manifesté devant la Maison Blanche pour exprimer sa frustration de ne pas pouvoir voter directement. Elle tweete [19] :

Comme nous n'avons pas pu voter aujourd'hui, @ManalBou et moi avons décidé de manifester à la place ! http://yfrog.com/ny7xghtj #intikhabates #morocco

Samia publie cette photo sur Twitter :

Picture posted on Twitter by @charquaouia [20]

Photo publiée sur Twitter par @charquaouia

“Une plaisanterie est une affaire sérieuse”

Dans la nuit de vendredi un mot-clic s'est répandu comme une traînée de poudre sur Twitter : #fakepress [‘presse bidon’]. Alors que les communiqués de presse annonçaient la victoire du PJD, les utilisateurs de Twitter se sont mis à tweeter des titres imaginaires et humoristiques, en jouant des clichés et idées reçues en vogue.

Rajae qui blogue sur twitto ergo sum a collationné [21] quelques-uns de ces tweets irrévérencieux :

Benkisition !

[allusion à Abdelilah Benkirane, le chef du PJD]

Vote pour un, voile pour toutes

Après le printemps arabe, l'hiver islamiste

D'aucuns ont fêté la victoire du PJD dans les endroits les plus inattendus. Samedi en fin de soirée, Yacine Baroudi (@FasTake) tweete [22] :

L'exception #Marocaine: #Photo célébrant la “victoire” du PJD dans… la boîte le “Silver”!!! #Marrakech http://fstk.it/xppvp #intikhabates

Picture posted on Twitpic by @FasTake [23]

Photo publiée sur Twitpic par @FasTake

La victoire du PJD aux élections parlementaires est une première au Maroc. Tout comme est sans précédent la façon dont Twitter et les réseaux sociaux en particulier ont été utilisés pour surveiller le scrutin et s'adresser aux figures politiques.

Alors qu'un nombre croissant de partis politiques, personnages publics, institutions gouvernementales et non-gouvernementales rejoignent au Maroc la Toile, ces canaux sont certainement appelés à un plus grand rôle dans la vie politique future du pays.

Ce billet fait partie du dossier de Global Voices sur la contestation au Maroc 2011 [1].