[Liens en anglais sauf mention contraire] En août 2011, la revue scientifique Malaria publiait les résultats d'un travail réalisé par 12 spécialistes sous le titre:” Une enquête au Burkina Faso montre qu'une interprétation trop stricte des résultats des tests de diagnostic rapide du paludisme pourrait faire négliger d'autres maladies dangereuses“.
En mai 2011, quelques mois plus tôt, la revue Health and Place publiait:”Paludisme , étude épidémiologique des fièvres infantiles, modification de l'environnement: Croyances populaires dans le sud-ouest du Burkina Faso“.
Il y a une grosse différence au niveau de la publication de ces deux études sur des thèmes proches, à quelques mois d'intervalle
La première a été publiée dans une revue Open Access (accès libre scientifique, en français), librement accessible à toute personne sur simple clic ; la seconde est extraite d'une revue scientifique publiée par un groupe important, à défaut d'un droit d'accès en tant qu'institution de recherche, qui coute plusieurs centaines de dollars, vous payez pour la lire 31$ ( 22€) à l'éditeur.
Propagation des idées
Internet a permis l'éclosion de nouvelles méthodes d'accès et de propagation des informations pour ses utilisateurs. Il a également réduit les coûts de distribution de celles-ci. Néanmoins, les partisans de Open Access se demandent ce qu'on peux tirer de bon des recherches sur des maladies comme le paludisme si elles se cachent derrière des barrières financières. Les structures financières du monde de la presse imprimée tiennent, dans toute l'Afrique, les scientifiques, étudiants et responsables politiques à l'écart des idées nouvelles et de la recherche.
Un blogueur du Ghana, David Apinga, fait remarquer :
L'Afrique sub-saharienne demeure aujourd'hui la région du monde la moins développée dans le domaine de la recherche. On peux attribuer en partie ce fait à l'incapacité des centres de recherche de ces pays de payer les droits d'accès aux revues en ligne ou les abonnements aux versions imprimées.
Des bourses Open Access offrent aussi aux scientifiques et aux chercheurs l'opportunité d'une plus grande collaboration comme on peut le lire sur le blog Open Access Central :
Open Access donne aux scientifiques du monde en voie de développement de nombreuses possibilités : non seulement il facilite l'accès à la littérature scientifique internationale, mais il donne également la possibilité de développer sa propre presse nationale ou régionale. Ce type de presse à un rôle pivot à jouer pour créer l'environnement et les infrastructures nécessaires pour l'épanouissement de la recherche.
La semaine Open Access en Afrique
Les professionnels de l'information, chercheurs et éditeurs, célèbrent du 24 au 30 octobre la cinquième semaine annuelle Open Access. Des manifestations ont été organisées à travers l‘Afrique pour consolider les acquis sur le continent.
Le groupe Duraspace.org – créateur de deux banque de données en consultation libre – donne les liens vers quelques programmes de données en libre accès en Afrique :
- UBRISA, Le Centre pour la recherche, l'innovation et le savoir de l'université du Bostwana permettant aux étudiants ou facultés de placer le fruit de leurs recherches dans un fichier central accessible à tous.
- L'Ethiopie est le siège de trois bases de données : The Economic Commission of Africa ,International Livestock Research Institute et Addis Ababa University Library Dspace.
- KNUSTSpace, le fichier officiel de l'université de Science et Technologie Kwame Nkrumah à Kumasi (Ghana)
- A partir d'une banque de données en Europe, une liste des projets Open Access en Afrique du Sud.
Les bénéfices pour l'Afrique
Le Dr Paul Nampala, éditeur scientifique de la revue African Crop Science Journal (ACaJ), argumente, dans cette vidéo de Leslie Chan, sur le fait qu'un accès plus libre aux informations augmentera le nombre de lecteurs, mais fera baisser le nombre total d'abonnements.
Charles J. Greenberg, bibliothécaire en sciences médicales à l'université de Yale (USA) est blogueur sur OpenBioMed.Info. Il a rencontré récemment Raoul Kamadjeu, médecin et cofondateur du Pan African Medical Journal. Voici des extraits de son entretien :
Charles J. Greenberg : Vous êtes un des créateurs du Pan African Medical Journal (PAMJ) . Pour promouvoir la publication en ligne des travaux dans le domaine médical et santé publique des équipes africaines, PAMJ édite gratuitement les publications validées provenant d'un chercheur ou d'un centre de recherche africain ou de n'importe quelle région du globe. Comment faites-vous pour financer ce généreux mode opératoire?
Raoul Kamadjeu : Oui , nous publions aujourd'hui gratuitement, notre enquête 2011( http://www.panafrican-med-journal.com/pamjnews/NewsArticle.php?NewsId=news4dffa0d8f2713) a révélé que c'était la principale raison pour laquelle les auteurs s'adressent à nous. Nous pouvons actuellement financer ce mode opératoire grâce à l'aide généreuse du African Field Epidemiology Network (AFENET) (réseau épidémiologique africain) avec lequel nous avons passé une convention. Nous sommes cependant bien conscients du fait que le maintien de notre développement et notre ambition continentale implique l'indépendance financière. C'est pourquoi votre question nous amène au vaste problème de la viabilité financière d'une revue africaine, elle repose lourdement aujourd'hui sur la gratuité offerte par quelques éditeurs et l'aide financière de donateurs ; il serait intéressant de savoir comment fonctionne, isolément, ces circuits d'information. Nous somme en train d'étudier les possibles méthodes traditionnelles ou d'avant-garde pour atteindre un équilibre financier. La gratuité est une partie du processus à moyen terme, néanmoins, mettre en place une revue de référence reste notre préoccupation majeure. C'est ce qui nous aidera à garantir notre équilibre financier. Je voudrais quand même ajouter que, particulièrement aujourd'hui, avec l'explosion des franchises locales de revues médicales, le maintien d'une aide est cruciale si nous voulons garantir la survie d'un minimum de publications médicales sur le continent africain.