Les chiites célèbrent l'Achoura à travers le monde

(liens en anglais) Mouharram, le premier mois du calendrier musulman, est un temps de deuil pour les chiites. Pendant ce mois, ils commémorent la mort de Hussein, petit-fils du Prophète Mahomet et troisième imam des chiites, à la bataille de Kerbala. Les manifestations de deuil atteignent leur apogée à l'Achoura, le dixième jour du mois, qui tombait au début de cette semaine.

Ce billet présente les différents rituels d'Achoura autour du monde, et donne la parole aux blogueurs qui décrivent ce que représente ce jour pour eux.

Lors du Mouharram de l'an dernier, le blogueur pakistanais Fahad Desmukh a cartographié les commémorations dans différents pays :


View The Globalization of Muharram in a larger map

Fahad écrivait dans son billet d'accompagnement :

Cette carte est loin d'être exhaustive, car il y a littéralement des milliers de vidéos de Mouharram du monde entier sur Youtube. Je n'en ai choisi que quelques-unes pour montrer la grande diversité des rituels tels qu'ils se sont diffusés dans le monde.

La carte et les vidéos reflètent parfaitement les schémas des migrations et déplacements de populations depuis les événements de Kerbala en 680 après J.-C. jusqu'à nos jours vers les quatre coins de la planète. Cela nous enseigne aussi comment se forment les rites et traditions, et leur modelage permanent par le temps et les migrations.

Voici, par exemple, une des routes. Les rites ont voyagé depuis l'est de l'Irak, à travers la Perse, vers le nord de l'Inde entre 1300 et 1700. Si les musulmans chiites ont revendiqué la propriété des rites, en Inde les sunnites et même les hindous ont été des participants actifs.

A l'île Maurice, l'Achoura est appelée Ghoon. Cette vidéo, mise en ligne par l'utilisateur de YouTube , montre Ghoon de décembre 2010:

Fahad explique :

Au temps du Raj britannique, des milliers de travailleurs indiens asservis se retrouvaient dans les confins de l'empire britannique, comme Fidji, Maurice et les Antilles, emmenant ces rites avec eux. A Trinidad, les rites ont pris le nom de fête de Hosay, à laquelle participaient non seulement les sunnites et hindous, mais aussi les Afro-Trinidadiens. A Trinidad, les tambours de Dhol-Tasha (appelés ‘Tassa’) et Tazias (‘Tadja’) sont toujours très présents.

Vidéo de  sur YouTube, 31 décembre 2009.

A Qatif dans l'est de l'Arabie Saoudite, le blogueur Mujtaba Alsaif raconte l’Achoura telle qu'il l'a vécue :

Les journées d'Achoura étaient toujours remplies d'une grande activité à Qatif. Le visiteur arrivant à Qatif pendant cette saison ne peut manquer de s'apercevoir qu'il se passe quelque chose. Cette activité peut occuper favorablement le temps de l'individu qui assiste à de nombreuses conférences de grand intérêt, ou à une séance de Latmiya [récitations commémorant les jours de l'Achoura] pour comprendre les luttes de cette région à un moment donné, ou simplement pour se promener et converser avec les gens afin de saisir leur vision sur ces journées saintes et la signification pour eux du sacrifice de l'imam Hussein. Mouharram à Qatif a toujours eu pour moi un sens spécial car c'est véritablement une période qui réunit les gens de la région et abolit leurs sentiments négatifs mutuels.

Une commémoration d'Achoura au Ghana mise en ligne sur YouTube par  le 30 juillet  2010 :

A Atlanta, Etats-Unis, la blogueuse Taahira Abdul-Halim a consigné ses pensées :

Sans le sacrifice de l'imam Hussein, je ne serais que l'une parmi tous ceux au monde qui errent comme des bons à rien sur cette terre, tuant le temps, s'interrogeant sur leur existence, cherchant des satisfactions éphémères dans des futilités. Je n'aurais pas l'islam. L'unique partie essentielle de ma vie. L'unique partie essentielle de moi-même. L'émotion me gagne à présent parce que je me rends compte à quel point ce serait affreux de ne pas avoir Allah swt [Subhanahu wa ta'ala – qu'Il soit glorifié et exalté] dans ma vie.

Une commémoration d'Achoura à Moscou, en Russie, mise en ligne sur YouTube par  le 19 janvier 2008 :

La vignette et l'illustration montrent la procession de Mouharram à Dhaka, au Bangladesh. Photo Bayazid Akter, copyright Demotix (26/05/2009).

1 commentaire

Ajouter un commentaire

Merci de... S'identifier »

Règles de modération des commentaires

  • Tous les commentaires sont modérés. N'envoyez pas plus d'une fois votre commentaire. Il pourrait être pris pour un spam par notre anti-virus.
  • Traitez les autres avec respect. Les commentaires contenant des incitations à la haine, des obscénités et des attaques nominatives contre des personnes ne seront pas approuvés.