Publié le 25 novembre 2011 sur Global Voices en anglais
[Liens en anglais] La récente disparition de Nusrat Bhutto, ancienne première dame et épouse de Zulfiqar Ali Bhutto, a été pleurée à travers le pays. A 82 ans, Nusrat Bhutto est morte dans la résidence de sa défunte fille Benazir Bhutto, victime d'un attentat, à Dubaï, après une longue bataille avec la maladie d'Alzheimer.
Le blog Cafe Pyala lui rend un vibrant hommage, qui offre une perspective historique sur l'influence de Nusrat Bhutto pour la jeunesse qui n'a pas été témoin de son époque :
Mais je voudrais écrire quelques lignes pour ceux qui n'ont pas vécu a l'époque qui l'a vraiment définie (et rappelons-nous que la plupart des Pakistanais aujourd'hui sont nés après 1993) et qui se demandent ce que signifie l'effusion massive d'émotion sur le décès d'une femme de 82 ans qui n'avait pas été vue en public depuis plus d'une décennie. Pour comprendre le lien que des millions de personnes – et pas seulement les partisans du Parti du Peuple Pakistanais – ont avec Nusrat Bhutto, il faut comprendre comment sa grâce, même sous pression et face à une terrible tragédie – elle a été une épouse et une mère qui a vécu pour voir la plupart de ses proches éradiqués – a inspiré d'innombrables autres personnes par son courage. Son histoire a transcendé sa classe ou sa position dans la stratosphère d'élite de la politique.
Un deuil national a été décrété le lundi 24 octobre 2011; les banques, écoles et même les tribunaux sont restés fermés. Cela a déclenché une vague de réactions irritées questionnant la logique du gouvernement derrière ce jour de deuil national, qui allait avoir forcément des répercussions sur économie déjà anémique du pays.
@Reallyvirtual: L'école de mon fils a déclaré un jour férié demain… ils nous exploitent lorsqu'ils sont vivants, ils nous exploitent quand ils meurent.
@lablinks: Lorsqu'un pays devient une affaire de famille, fermer les magasins après un décès dans la famille doit être prévu.
@ReallyVirtual: et ils détériorent l'économie du pays, suivent trois fériés pour les banques. Quelle honte.
@jehan_ara: Donc, le Cabinet ne se réunira pas mercredi. Quelqu'un peut-il m'expliquer en quoi cela honore la Bégum Nusrat Bhutto ? Pleurez, mais pourquoi s'arrêter de travailler ?
@bhopalhouse: Je voudrais vivre dans un Pakistan où la mort de Nusrat Bhutto signifierait plus de recherches sur la maladie d'Alzheimer, plutôt que des vacances inutiles.
@umairjav : Mon Facebook est plein de « jeunes » en colère qui maudissent le gouvernement du parti PPP pour avoir conféré une distinction posthume à Nusrat Bhutto. Ouais, nous sommes condamnés.
@sarahnaq : Quand nous sommes heureux, nous annonçons un jour férié, quand nous sommes tristes, nous annonçons un congé. Vendredi, nous ne travaillons pas, le dimanche est bien évidemment un congé…#pakistan
@akchisti: Nusrat Bhutto était une grande femme et sa mort m'a touché mais faire un jour férié est simplement « injuste » et peut-être contraire à ses propres idées. #PPP #Pakistan
@shakirhusain: RIP (repose en paix) Nusrat Bhutto. Je souhaite qu'il y ai eu une meilleure façon pour l'État de la célébrer qu'un jour férié. #Pakistan
@thekarachikid: Un système d'alerte nationale par SMS doit être mis en place pour réguler ces questions d'annonce de jours fériés. #pakistan
Même si certains membres du gouvernement utilisent activement Twitter, aucun d'entre eux ne l'a utilisé pour s'exprimer sur cette disparition. Néanmoins, Nusrat Bhutto est connue et respectée pour son combat contre l'une des dictatures les plus brutales dans l'histoire du pays. Même ceux qui désapprouvaient ses idées ont rendu hommage à ce qu'elle laisse. Ghazala Akber sur le blog Paktea house a écrit cette nécrologie pour elle [en anglais]:
Les aimer, les détester, reconnaitre leur importance ou leurs abus : nos opinions sont passionnées et divisées quand il s'agit des Bhutto. Mais où que nous soyons sur l'échiquier politique, aussi tranchées que soient nos positions, et quels que soient nos sentiments à l'égard du gouvernement actuel , nous admettons généralement que dans les annales de notre histoire politique cataclysmique, dans notre bataille épique pour la démocratie contre la dictature, la maison Bhutto a payé un prix énorme et lourd en sang, sueur et larmes. [..] Il faudrait avoir un cœur de pierre pour ne pas ressentir tristesse et remords depuis la disparition le 23 octobre de sa doyenne, Mme Nusrat Bhutto, ancienne première dame du Pakistan, épouse d'un Premier ministre, mère d'un premier ministre et belle-mère d'un président.
Le mari de Nusrat Bhutto, l'ancien Premier Ministre du Pakistan Zulfiqar Ali Bhutto, a été pendu pendant la dictature du général Zia-ul-Haq. L'histoire se souvient de Zia-ul-Haq non seulement comme d'un dictateur, mais pour son époque, qui a vu l'invasion soviétique de l'Afghanistan et l'alliance des services secrets pakistanais et américains l'ISI et de la CIA) qui a conduit à l'émergence des talibans.
Cafe Pyala resitue [en anglais] le contexte :
En même temps, on doit aussi reconnaître qu'elle symbolise, pour ceux qui la pleurent aujourd'hui, une époque révolue avant que le fanatisme religieux, les armes et la corruption définissent la politique de ce pays. Quand elle se présentait, le sang coulant sur son visage de ses blessures infligées par les bâtons des suppôts du général Zia, elle se tenait avec une autorité morale pleine de défi qui n'avait aucun besoin d'être certifiée par des médias ou des gardes de sécurité. Nusrat Bhutto, repose en paix.
Dans les adieux des Pakistanais à la Bégum Nusrat Bhutto, on perçoit l'espoir que ce qu'elle représentait puisse raffermir une nation en proie à l'extrémisme.