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Grèce : “Accoucher n'est pas un privilège de riches !”

Catégories: Europe de l'ouest, Grèce, Droits humains, Femmes et genre, Médias citoyens, Santé

Ce billet fait partie de notre dossier Europe en crise [1].

La nouvelle publiée par le journal Eleftherotypia [2] (Liberté de la Presse, en grec) le 5 décembre 2011 a créé une onde de choc : des hôpitaux publics grecs ont refusé de prendre en charge des femmes qui allaient accoucher car elles ne pouvaient payer le forfait de 950 euros.

Les faits ont été signalés en novembre 2011 dans des hopitaux publics de Athènes, Thessalonique, Rhodes et Rethymnon. Dans ces cas-là, le coût de “l'acte hospitalier unifié et intégré”, selon le barème du Ministère de la santé, était de 950 euros pour un accouchement et de 1500 euros pour une césarienne. Les femmes enceintes versent cette somme à l'avance et par la suite, la somme leur est remboursée via une allocation-naissance.

Birth. Photograph by Flickr user riqfy (CC BY-NC-SA 2.0). [3]

Naissance. Photo riqfy (CC BY-NC-SA 2.0).

Avec quelques jours de retard, le ministère de la santé a publié une circulaire, pour confirmer [4] [grec] qu'il ne serait plus obligatoire de verser cette somme par avance désormais, mais sans toutefois préciser si le coût officiel  de l'acte serait maintenant déduit du montant de l'allocation-naissance.

Deux associations de femmes, “Initiative des femmes contre la dette et les mesures d'austérité” et “le Mouvement indépendant des femmes” ont commencé à faire campagne pour faire connaitre ces problèmes :

Donner la vie n'est pas un privilège de riches ! Nous demandons la gratuité de l'accouchement, nous demandons que les fonds d'urgence aillent directement au secteur de la santé…

L'information a été partagée sur différents réseaux et médias par les internautes grecs.

Dimitris Oikonomou a honte [grec]:
@d_oikon [5]: ΝΤΡΟΠΗΗΗΗ…! Που φτάσαμε γαμώτο!! [Έδιωξαν από νοσοκομεία ετοιμόγεννες που δεν είχαν χρήματα…]
@d_oikon [5]: QUELLE HONTE …! Mince de mince, comment on en est arrivé là ? [pour ces femmes qui ont été renvoyées de l'hopital parce qu'elle n'avait pas de quoi payer..]
Gangelakis ajoute, se souvenant de la période de l'année :
@Gangelakis [6]: Και ο Χριστός σε σπηλιά γεννήθηκε: Δημόσια νοσοκομεία αρνήθηκαν α περιθάλψουν ετοιμόγεννες,επειδή δν είχαν ν πληρώσουν
@Gangelakis [6]: Jésus Christ en personne était né dans une étable : les hôpitaux publics refusent de prendre en charge les femmes qui vont accoucher parce qu'elles n'ont pas d'argent.
Nemi Vl a laissé ce commentaire [7] sur son statut Facebook :
Ένα ένα τα διαβάζω σήμερα, σκάνε σαν χαστούκια…
Je lis les nouvelles une à une aujourd'hui…et chacune est une claque dans la figure.
Lector résume sur un forum de discussions [8]:
Δεν κοιταξαν την ταυτοτητα αλλα το πορτοφολι.
Ils n'ont pas regardé la carte d'identité, ils ont regardé le portefeuille.
Sur le même forum,  simonbolivar fait une comparaison [9] avec le système de santé américain :
Η ΑΠΟΛΥΤΗ ΞΕΦΤΙΛΑ!
Ο ΔΙΑΣΥΡΜΟΣ ΕΝΟΣ ΣΥΣΤΗΜΑΤΟΣ,ΚΑΙ ΜΙΑΣ ΚΥΒΕΡΝΗΣΗΣ!
Μας κανανε Αμερικη,οπου αν δεν εχεις καλη ασφαλιση εισαι τελειωμενος!
UNE HUMILIATION TOTALE !
LE DÉVOIEMENT D'UN MÉCANISME ET D'UN GOUVERNEMENT !
Ils nous ont transformé en Amérique, où vous êtes foutus si vous n'avez pas une bonne assurance-santé !
Isis ajoute l'ironie aux réactions sur un autre forum [10]:
Συγκίνηση, γινόμαστε Αμερική.
Ακούς εκεί να ξεγεννάνε δωρεάν τα δημόσια νοσοκομεία. Κατάργηση και του επιδόματος τοκετού ΤΩΡΑ.
Je suis consternée, nous sommes en train de devenir comme en Amérique.
Accoucher gratuitement dans un hôpital d'état ? Vous n'y pensez pas. Démolissez aussi notre allocation naissance MAINTENANT.
Sur un portail où l'information a été publiée, Harry exprime sa colère dans un commentaire sous l'article consacré aux dépenses de l'hôpital [11]et aux tractations avec la maternité :
Από όλες τις επιθέσεις που έχω δεχτεί από το κράτος (χαράτσια, ΔΕΗ, φόροι) πρέπει να πω ότι η μεγαλύτερη οργή μου προκαλείται από το πως αντιμετωπίζει την έγκυο γυναίκα μου. Η ασφάλειά μου δεν καλύπτει τίποτα πλέον (ΤΕΒΕ) και το νοσοκομείο είναι πανάκριβο και για κλάμματα. Κάθε κράτος στηρίζει την μητρότητα εκτός από την Ελλάδα. Αν συνεχίσει αυτή η κατάσταση θα μεταναστεύσουμε σε άλλη χώρα οικογενειακώς.
Parmi les agressions que j'ai connues de la part de l'état (impôts lourds, électricité, taxes supplémentaires), je dois dire que ce qui me rend le plus furieux, c'est le traitement auquel doit faire face ma femme, qui est enceinte. Mon assurance ne couvre plus rien du tout (le Fonds pour les travailleurs indépendants et les artisans) et l'hôpital est très cher, outre que ses services sont épouvantables. Tous les pays subventionnent la maternité, sauf la Grèce. Si cette situation se prolonge, je vais prendre toute ma famille et nous allons partir à l'étranger comme migrants.
Jordi s'en prend aux autorités :
@jorjito73 [12]: Έδιωξαν από νοσοκομεία ετοιμόγεννες που δεν είχαν χρήματα…Όχι δεν φταίει ο Λοβέρδος, οι ανάλγητες διοικήσεις…
Les femmes sur le point d'accoucher ont été renvoyées de l'hôpital, parce qu'elles n'avaient pas d'argent… La faute à Loverdos [Ministre de la santé] ? Bien sûr que non, accusez la cruelle administration …
La discussion s'est ensuite orientée vers un sujet tout à fait différent, le futur du pays, et de ses futurs citoyens :
@katerinas_diary [13]: @jorjito73 [14] επεμβαίνουν και στο μέλλον της φυλής δηλαδή.. Αν οι άνεργες κλπ ετοιμόγεννες δεν θα γίνονται δεκτές στα δημόσια νοσοκομεία!!!
@katerinas_diary [13]@jorjito73 [14] Ils compromettent la relève du peuple…si les femmes qui n'ont pas d'emploi et doivent accoucher ne sont plus admises dans les hôpitaux publics !!!
@jorjito73 [15]: @katerinas_diary [16] Είναι μια αρχή κι αυτή για να διαμορφώσουν οριστικά & αμετάκλητα το εκλογικό σώμα τα επόμενα χρόνια… Αίσχος και κατάντια
@jorjito73 [15]@katerinas_diary [16] C'est quand même la naissance des futurs électeurs, une fois pour toute…Honte et abjection.

Les naissances en Grèce semblent avoir diminué de 15% au cours de l'année écoulée, [17] la situation économique très critique forçant les couples à repousser la naissance de leur premier ou second enfant.

Ce billet fait partie de notre dossier Europe en crise [1].