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Arabie soudite : La chasse aux sorcières continue : une femme de 60 ans décapitée pour « sorcellerie »

Catégories: Afrique du Nord et Moyen-Orient, Arabie Saoudite, Droit, Droits humains, Médias citoyens

L'Arabie saoudite a exécuté [1] [en anglais] une femme de 60 ans pour « pratique de la sorcellerie ». La décapitation d'Amina bint Abdul Halim bin Salem Nasser, dans la province septentrionale de Jawf, le 11 décembre 2011, a provoqué la colère des organisations internationales de défense des droits humains et a été tournée en dérision par nombre de cybercitoyens sur Twitter.

Selon les informations reprises par la presse, cette femme a été accusée par la police religieuse [2], qui a procédé à son arrestation, de « tromper les gens en leur faisant croire qu'elle pouvait guérir les maladies » et de leur demander de l'argent en échange de ses « soins ». Elle a été arrêtée en avril 2009 et reconnue coupable par un tribunal saoudien.

Amnesty International a qualifié [3] cette décapitation de « profondément choquante et soulignant la nécessité et l'urgence de mettre fin aux exécutions en Arabie saoudite ».

“The charges of ‘witchcraft and sorcery’ are not defined as crimes in Saudi Arabia and to use them to subject someone to the cruel and extreme penalty of execution is truly appalling,” said Philip Luther Amnesty International’s interim Director of the Middle East and North Africa Programme.

« Les accusations de “sorcellerie” ne sont pas définies comme étant des crimes en Arabie saoudite et les utiliser pour soumettre quelqu'un au châtiment cruel et extrême qu'est son exécution est absolument révoltant », a déclaré Philip Luther, directeur intérimaire du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d'Amnesty International.

Sur Twitter [en anglais], Ahmed Al Attar, d'Abu Dhabi, aux Émirats Arabes Unis, tourne en dérision la nouvelle :

@AhmedwAlAttar [4]: Lets all congratulate Saudi, the beheading of the dubiously-judged “witch” means they have now entered the 16th century.

@AhmedwAlAttar [4] Félicitons tous les saoudiens, la décapitation d'une femme jugée de façon douteuse comme « sorcière » signifie qu'ils viennent d'entrer dans le XVIe siècle.

Le journalist Tom Gara, qui vit aux Émirats, plaisante :

@tomgara [5]: Doesn't Saudi Arabia know that beheading a witch only increases her magical powers?

@tomgara [5] L'Arabie saoudite ignore-t-elle que décapiter une sorcière ne fait qu'accroître ses pouvoirs magiques ?

Et le Canadien Kevin Carter ajoute :

@wapimaskwa69 [6]: Woman beheaded for being a witch. Not a Monty Python sketch, just another day in Saudi Arabia.

@wapimaskwa69 [7] Une femme décapitée parce qu'elle est une sorcière. Pas un sketch des Monty Python, seulement une journée ordinaire en Arabie saoudite.

Le spécialiste en questions internationales Blake Hounshell, qui vit au Qatar, se demande :

@blakehounshell [8]: Curious to know: How does one prove the charge of witchcraft in Saudi Arabia?

@blakehounshell [8] Curieux de savoir : comment prouve-t-on l'accusation de sorcellerie en Arabie saoudite ?

Cette question a obtenu des réponses amusantes. Fatma Makki, de Mascate, en Oman, répond :

@fatamo [9]: @blakehounshell 1)See if she floats if u drop her in a barrel of oil 2) Give her car keys: if she knows what to do with it she's obv[iously] a witch

@fatamo [9] @blakehounshell 1) Regarder si elle flotte quand on la plonge dans un baril de pétrole 2) Lui donner des clés de voiture : si elle sait quoi en faire, c'est évidemment une sorcière

Et Abdulla Al Romaihi, du Bahrein, ajoute :

@Abdulla287 [10]: No, they push them off a cliff if she flies she's a witch, if not then she dies & goes to heaven ( :

@Abdulla287 [10] Non, ils la poussent du haut d'une falaise : si elle vole c'est une sorcière, sinon elle meurt et monte au paradis ( :

L'Arabie saoudite a exécuté cette année au moins 79 personnes, dont cinq femmes, selon Amnesty International. Le nombre d'exécutions a triplé par rapport à l'an dernier, où 27 personnes ont été décapitées.

L'organisation de défense des droits humains ajoute :

Hundreds more people are believed to be under sentence of death, many of them convicted of drugs offences. They have often had no defence lawyer and in many cases have not been informed of the progress of legal proceedings against them.

Nous pensons que des centaines d'autres personnes sont condamnées à mort, dont beaucoup pour infraction à la législation sur les drogues. Ces personnes n'ont souvent pas d'avocat, et dans de nombreux cas n'ont pas été informées du déroulement des procédures à leur encontre.