[liens en anglais] Alors que récemment l'ambassadeur britannique en Azerbaïdjan utilisait Twitter pour répondre à des questions en direct, son homologue en Arménie, Charles Lonsdale, choisissait Facebook pour une session de Questions et Réponses de deux heures qui concluait son mandat dans le pays. Cet évènement constitue un intéressant cas d'école pour le potentiel des interactions en ligne en matière de politiques locales.
Malgré un taux de pauvreté alarmant en Arménie, la corruption et l'émigration, ainsi que les profondes préoccupations en matière de liberté de la presse et de protection des droits de l'homme, la première question posée par une personne d'origine arménienne vivant hors de l'ancienne république Soviétique a montré que les Arméniens vivant ou nés à l'étranger peuvent avoir des préoccupations très différentes.
Raffy Dikranian: Quand le RU reconnaitra-t-il officiellement le génocide arménien?
British embassy: Cher Raffi, je ne prévois pas un changement de position du gouvernement GB dans un proche futur. Mais naturellement, ceci est une décision qui appartient au Parlement et-ou aux ministres.
C'est peut être pourquoi Liana Aghajanian, auteur de Global Voices et fondatrice de Ianyan, qui vit elle même hors d'Arménie, a posé une question liée aux préoccupations de la diaspora, souvent différentes de celles de nombreux citoyens vivant en Arménie.
Liana: relations entre l'Arménie et la diaspora : selon votre expérience, quel est le point (ou certains des points) que la diaspora arménienne ne comprend pas quand il s'agit de l'Arménie.
Citant l'exemple de la communauté arménienne à Londres, l'ambassadeur britannique a répondu qu'il pensait que ce serait une erreur de penser que la diaspora est ” un bloc homogène avec un seul agenda” et qu'il y a des “sujets comme les relations avec la Turquie, où l'on trouve différentes priorités et approches.”
Cela ne veut cependant pas dire que la politique internationale n'est pas une priorité pour certains Arméniens en Arménie, comme le démontre le message d'un membre d'un think-tank créé par un ancien ministre arménien des Affaires étrangères qui essayait de faire un lien entre l'indépendance écossaise et l'interminable conflit territorial de l'Arménie avec l'Azerbaïdjan.
Cher Monsieur Lonsdale, quelle est votre opinion personnelle sur l'auto-détermination des habitant du territoire du Nagorno-Karabakh ? Pensez-vous qu'ils aient les mêmes droits que le peuple écossais ?
British Embassy : Une fois de plus, je ne suis pas ici pour exprimer mes opinions personnelles, et encore moins sur des problèmes clés. Nous serions en faveur d'un accord pacifique, négocié, fondé sur les principes du droit international, dont (en ordre aléatoire), l'intégrité du territoire, l'auto-détermination et le non recours à la force, ou à la menace de recours à la force. Nous soutenons les efforts du groupe OSCE de Minsk pour aider les parties à atteindre cet accord.
De nombreux sondages démontrent que la politique étrangère n'est pas une priorité pour la plupart des citoyens arméniens. Liana Aghajanian a aussi abordé les problèmes internes (comme le sort des réfugiés du tremblement de terre de Gyumri, il y a 20 ans).
Une autre question, l'une des trois posées par la même personne, et les seules soumises pendant la session de deux heures et non pas auparavant, ramenait le sujet sur le Haut-Karabakh.
Cher monsieur l'ambassadeur. Il y a une perception dans les cercles des experts de l'Arménie que la Grande Bretagne a une position monolithique sur le Karabakh ne prenant en compte que les intérêts économiques (principalement le pétrole) de l'Azerbaïdjan. Est-ce que cette perception est justifiée ? Est-ce que le Royaume Uni peut adopter une position neutre sur le sujet et développer des relations politiques et économiques avec l'Arménie.
Il y a eu en tout 13 questions posées par 7 personnes, ce qui illustre bien le problème avec les médias sociaux en Arménie. Bien que le gouvernement arménien proclame un taux de pénétration d'internet de 47,1 pour cent, beaucoup doutent de ce genre de chiffres, surtout depuis que de récentes enquêtes du Caucasus Resource Research Centers (CRRC) sur les foyers arméniens annoncent des résultats qui sont moitié moindres. Les résultats d'une autre enquête du CRRC montrent aussi que 67% des Arméniens n'ont jamais utilisé Internet et que seulement 14% d'entre eux l'utilisent quotidiennement. Un autre sondage de SocialBakers montre que bien que l'usage soit en augmentation, seuls 242 300 Arméniens utilisent Facebook alors que la population compte officiellement 3 262 200 d'habitants.
L'engagement politique en ligne demeure faible comme le montre les tentatives de l'opposition d'organiser une rébellion sur le modèle du printemps arabe plus tôt cette année (en français). Un fait dont l'ambassadeur britannique est conscient comme le montre sa réponse à une autre question de Liana Aghajanian sur les médias locaux :
“L'accès à internet s'étend et avec le temps, cela changera les choses, mais ce n'est pas encore une réalité pour la majorité des gens ici” a écrit l'ambassadeur.