Égypte : Libération du blogueur vétéran Alaa Abdel Fattah

Par Rasha Abdulla

(Billet d'origine publié le 27/12/2011)

Le blogueur égyptien de la première heure Alaa Abdel Fattah a finalement été relâché après une détention provisoire prononcée par la Cour pénale du Caire. Sa libération intervient après 56 jours de détention.

Il a retrouvé les siens et son fils âgé de 20 jours, né alors que son père était en détention. L'enfant a reçu le prénom Khaled en hommage au martyre égyptien Khaled Said, sauvagement battu à mort par des informateurs de la police devant un café Internet d'Alexandrie, le 6 juin 2010.

L'auteur du présent billet était hier en compagnie de la famille d'Alaa lorsque commençait leur journée à la Cour pénale du Caire, où avait débuté finalement la véritable enquête. Elle tweetait alors :

À la Cour criminelle du Caire avec la famille d'Alaa. Alaa est à l'intérieur. Attendons l'audience. Espérons que tout se passera bien.

Alaa a été arrêté par la Cour militaire après avoir refusé de répondre aux questions qui lui avaient été posées et avait, au lieu de cela, fait usage de son droit de se taire afin d'exprimer son refus de légitimer les jugements militaires de civils. Il savait qu'il devrait payer pour cette décision, comme la suite des événements l'a montré. L'affaire d'Alaa a finalement été transférée dernièrement à une juridiction civile. Le juge a repris hier la procédure d'enquête puis a libéré peu de temps après Alaa, en mettant ainsi fin à sa détention provisoire.

Alaa Abdel fattah vient d'être libéré. Quelle immense joie ! J'ai de la peine à décrire mes sentiments

Alaa a dû retourner à la prison Torah, dans laquelle il était détenu, en attendant que sa libération soit effective. Nous l'avons suivi à Torah, où on nous a dit quelque temps après qu'il avait été transféré à la Sécurité centrale du Caire, et nous nous sommes rendus à cet endroit.

Nous sommes à présent à la Sécurité centrale du Caire où nous attendons de savoir s'il va être libéré à cet endroit ou depuis un poste de police. Nous espérons partir avec lui.

Nous avons attendu pendant près de trois heures à la Sécurité centrale du Caire. Finalement Rasha tweete :

Alaa est libre

Alaa a finalement été libéré. C'est l'instant que nous attendions depuis 56 jours. Les médias étaient présents en nombre pour cet événement et il a immédiatement lancé une attaque vigoureuse contre le régime militaire. Alaa a déclaré aux médias que le véritable triomphe ne serait complet que lorsque les généraux qui ont fait tirer contre les manifestants de Maspiro seraient traduits en justice, au cours d'un procès équitable. Une mini manifestation s'est formée ensuite aux cris de “À bas le régime militaire.”

La première étape d'Alaa, après sa libération, toujours dans ses vêtements de prisonnier, a été pour sa chère place Tahrir :

Avec Alaa à la place Tahrir

Alaa a été salué comme une vedette à la place Tahrir. Les gens ont accouru à sa rencontre, pour le saluer et l'embrasser. Des amis apprenant sa libération sur Twitter se sont joints à nous sur la place Tahrir. Alaa a alors improvisé un discours enflammé, rappelant le sens de la révolution et ce qui devrait arriver par la suite.

Alaa à sa sortie de prison, se dirige vers la place Tahrir yfrog.com/kljmqelj

Malgré ses déclarations rappelant qu'il n'était qu'un simple militant de base au service de la révolution et qu'il avait besoin de temps pour lui-même et pour retrouver sa famille et son fils nouveau né, dit l'auteur, j'ai pris conscience, une fois encore, de la raison pour laquelle il est si important pour la révolution et pourquoi il a représenté une telle menace pour le Conseil militaire. Alaa est un chef naturel, il a un tel charisme, et est en même temps si honnête avec lui-même et si empreint de bon sens qu'il ne peut qu'inspirer les révolutionnaires. Les gens sont heureux d'être à ses côtés, de l'entendre parler, d'écouter ce qu'il a à dire. Son talent d'organisateur doublé de ses qualités lui permet d'inspirer les gens à réaliser des choses, à planifier des actions qui sembleraient impossibles, et à les mener à bien. Ou au moins à essayer d'y parvenir sans jamais perdre espoir. L'espoir est la clé de tout ici. Et c'est l'essence d'un chef. Alaa est une inspiration. Nous sommes tellement heureux de le savoir libre.

Nous (moi-même, quelques amis et sa famille) nous nous sommes rendus depuis la place Tahrir vers la maison des parents d'Alaa, où il a finalement eu la chance de retrouver sa famille, sa femme, elle aussi activiste et blogueuse, Manal Hassan, qui a supporté son absence pendant les dernières semaines de sa grossesse, et son cher fils Khaled.

Finalement, voici mon tweet préféré parmi tous.

@Alaa et son adorable petit Khaled yfrog.com/mnom4hj @manal @monasosh #Alaaisfree

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