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Canada : L'origine des Marches des Salopes, rencontre avec Heather Jarvis

Catégories: Amérique du Nord, Canada, Cyber-activisme, Droits humains, Femmes et genre, Idées, Manifestations, Médias citoyens

Ce post fait partie de notre dossier central en anglais sur les manifestations SlutWalks 2011 [1].

Maria Grabowski a interviewé pour Global Voices Heather Jarvis, la co-fondatrice de la première initiative SlutWalk [2] [ou Marche des Salopes, ndlr], qui vit  à Toronto, au Canada. Elles discutent des origines du mouvement et de sa rapide diffusion dans le reste du monde. [Voir le discours de Heather Jarvis sur la manifestation SlutWalk de Toronto ici [3], en anglais].

Heather Jarvis a pensé l'idée d'une SlutWalk comme une réponse directe à la remarque [4] d'un officier de police de Toronto qui conseillait aux étudiantes  d'”éviter de s'habiller comme des salopes”.

On a riposté direct. Parlons de salopes, alors, de victimisation et d'humiliation des salopes. […] On en a eu assez – ça a été une année difficile pour les droits de la femme.

Elle raconte l'histoire d'un violeur qui n'a pas été condamné dans sa ville, le juge ayant conclu que la victime “avait provoqué une atmosphère sexuelle”, en faisant référence à son top moulant et à son maquillage.

Un sujet sensible

Heather Jarvis, used with permission. [5]

Photo de Heather Jarvis, utilisé avec permission.

Heather pense que les SlutWalk touchent un point sensible chez beaucoup de personnes :

Tout le monde sait ce que cela fait de se faire appeler par des noms humiliants. Peut-être que la SlutWalk est un point d'entrée pour des personnes qui ne savaient pas par où commencer.”

Seulement six semaines après avoir lancé l'idée, l'évènement a eu lieu, avec 3-4 000 personnes manifestantes. Heather décrit cette première marche comme quelque chose d'incroyable et d'inspirant :  “C'était une atmosphère incroyablement riche. […] Certaines personnes pleuraient, d'autres criaient.”

Des femmes de tous âges étaient présentes, avec des enfants, des hommes, des travailleurs et travailleuses du sexe et des groupes queer [désigne ici l'ensemble des groupes LGBTI, ndlr]. On aurait dit que tous étaient là pour se soutenir mutuellement. Heather raconte comment tout l'entourage d'une victime de viol est lui aussi profondément affecté – à la fois la famille, les partenaires et les amis – et qu'ils ont également besoin de soutien.

La Marche de Toronto s'est diffusée rapidement via Facebook et Twitter, elle a fait des émules,  et est toujours en train de parcourir le monde (voir le dossier de GV sur les SlutWalks au Costa Rica [6], Brésil [7], Inde [8], Maroc [9], Australie [10]).

“Nous ne nous attendions pas à cela,” commente Heather. Elle raconte que des manifestations SlutWalks indépendantes ne contactent même pas le groupe de Toronto mais se lancent directement et trouvent leur propre manière de faire, répondant spécifiquement à leur propre culture. La Slutwalk de Toronto soutient des nouveaux groupes lorsqu'ils le souhaitent, mais le conseil d'Heather est de faire ce que l'on peut, où que l'on soit, et de se connecter avec d'autres organisations pour être plus forts ensemble.

Aux critiques qu'ont soulevées les SlutWalk, Heather répond : “Nous croyons au dialogue. C'est parfaitement ok que tout le monde ne soit pas d'accord.”

Elle insiste aussi sur le fait que le but est de construire des liens, et elle espère que les personnes critiques contacteront le collectif SlutWalk pour pouvoir en discuter de manière respectueuse. “Nous sommes tous dans la phase d'apprentissage”, explique-t-elle.

Ce post fait partie de notre dossier spécial en anglais sur les manifestations SlutWalks 2011 [1].