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Kenya, Somalie : Cyberguerre sur Twitter entre armée kényane et Al Shabbaab

Catégories: Afrique Sub-Saharienne, Kenya, Somalie, Guerre/Conflit, Médias citoyens, Politique, Religion, Technologie

L'incursion militaire du Kenya en Somalie [1] contre les militants du groupe Al Shabbaab baptisée ”Opération Linda Nchi [2]” (en swahili «protéger le pays») s'est transformée en une guerre de tweets. Ceci est intervenu quand le porte-parole officiel de l’armée, le Major E. ChirChir, a travers le compte @MajorEChirchir [3] a posté d'anciennes photos soutenant qu'une recrue kenyane d'Al Shabbaab avait été lapidée à mort récemment par les membres du groupe en raison de “divergences d'opinion”. Une capture du tweet aujourd'hui effacé est disponible ici [4].

Plus tard, il devint évident que les photos ont été en fait prises par un journaliste somalien en 2009 et ne présentent même pas une recrue d'Al Shabbaab kényane. Le porte-parole militaire du Kenya a fait son mea culpa  en reconnaissant sa responsabilité et en précisant dans un tweet :

 

[5]

Logo officiel de l’armée kényane. Image de @MajorEChirchir.

@MajorEChirchir [6]: #PicturePosting [7] Je prends la responsabilité pour la publication d'une photo ancienne, mais l'exécution n'a pas eu lieu mardi. Probablement vendredi.

Réagissant aux tweets du @MajorEChirchir , @SelfMadeAbdi [8] demande :

@SelfMadeAbdi [9]: Sommes-nous censés te croire maintenant ?

@Dannmanufc [10] écrit :

@Dannmanufc [11]: [Tu]perds la crédibilité avec tes mises a jour.

@kithembe [12] ajoute :

@kithembe [13]: @MajorEChirchir #photosenligne c'est triste mais arrêtez de publier de vieilles photos.

[14]

Capture des tweets de @MajorEChirchir. Image de globalpost.com

Ce tweet a généré la fureur d'un certain nombre d'utilisateurs de Twitter qui ont manifesté leur colère, méfiance et donné leur avis sur la question sous le hashtag #PicturePosting [15]. L'utilisateur @mamayaimani [16] écrit :

@mamayaimani [17]:
@MajorEChirchir #PicturePosting Vous réalisez ce que cela fait à votre crédibilité, n'est-ce pas? Vous voyez ce que ca fait pour l'autre côté aussi ?

@geoffreyork [18] a assommé @MajorEChirchir en révélant :

@geoffreyork [19]: Voici les photos de 2009 d'un journal britannique: http://bit.ly/yDYRn4 Comparez-les au photos tweetées par le major C. Identiques.

La page Twitter du groupe Al-Shabbaab @HMSpress [20], a pris un ton plutôt sérieux à l’égard des forces de l’armée kényane en publiant ce message :

@HMSpress [21]: Pour ceux que ca interesse: l'incident a eu lieu en 2009, l'homme n'était pas #Kenyan, ce n'était pas à Kismayo, et ce n'etait pas HSM (Al-Shabbaab) http://www.dhanbaal.com/main/index.php?module=News&func=display&sid=272 [22]

@HMSpress [23]: Ils semblent peu professionnels, même dans leur campagne de propagande. Une simple recherche sur Google leur aurait épargné un tel embarras

Les Kenyans et d'autres personnes intéressées ont réagi à ce fiasco et voici certains de leurs tweets :

Le blogueur ”tech” @RobertAlai [24] commente :

@RobertAlai [25]: @MajorEChirchir [26] nous attendons vos réponses. Vous avez essayé de nous tromper. Nous avons besoin de la réalité pas de trucages.

Okwaroh [27] dit :

@Okwaroh [28]: @MajorEChirchir [26] et dans quelle mesure doit-on tolérer vos “omissions”. Cela soulève beaucoup de questions sur la crédibilité de votre PAROLE

Répondant au trucage ou à l'erreur, un utilisateur kényan @Jkisioh [29] utilise le terme “Twicide” et demande :

@JKisioh [30]: Le @MajorEChirchir [26] aurait-il commis un twicide?

Le porte-parole de l’armée kényane a pensé que le tweet serait facilement cru par des internautes sans méfiance et reçu comme parole d'évangile. La véracité de ses déclarations n'est pas seulement testée par le camp adverse, Al-Shabbaab et ses sympathisants, mais aussi par les citoyens kenyans en une “guerre de tweets”. Et cette cyber-guerre continue.

La capitale kényane, Nairobi, a vécuu deux graves attentats à la grenade [31] [en anglais] imputés à Al-Shabbaab l'année dernière : l'une dans une discothèque populaire et l'autre à un arrêt de bus bondé dans le centre de Nairobi.