Une fois de plus dans l'après-Ben Ali, censure et liberté d'expression se retrouvent au centre du débat. La raison cette fois est la plainte portée par trois avocats contre l’Agence tunisienne d'Internet (ATI) exigant qu'elle filtre les sites pornographiques.
Au début du mois prochain, l'ATI se pourvoira devant la Cour de Cassation (le plus haut degré de juridiction) contre le jugement prononcé par un tribunal de Tunis le 26 mai 2011 qui ordonnait à l'agence de couper l'accès aux contenus pornographiques sur la Toile.
L'ATI, qui a perdu en appel le 15 août, défend que “le filtrage des sites internet pornographiques listés par Smart Filter ne pouvait pas être exécuté pour les cinq fournisseurs d'accès Internet.” Pour leur part, les avocats à l'origine de la plainte arguent que le filtrage du contenu pornographique protégera les enfants qui surfent sur le net.
La censure n'est pas la solution
L'Agence Tunisienne d'Internet, prête à tout pour mettre fin à sa vieille image de censeur de l'Internet sous le règne de Ben Ali, préfère la sensibilisation des usagers de l'Internet, et notamment des parents en leur donnant des conseils pratiques sur l'utilisation des logiciels de contrôle parental, à l'interdiction de sites.
L'agence a ainsi tweeté le 13 janvier :
La #Censure d’ #Internet n'est pas la solution, informez-vous sur comment protéger vos enfants sur: http://www.ati.tn/fr/index.php?id=125
Mehdi Lamloum a écrit le 3 août 2011 :
Les tunisiens ont depuis longtemps eu accès aux contenus pour adultes et ce à travers les récepteurs satellites(…)
Une solution simple : le contenu pour adulte était là, disponible mais non accessible sauf si on avait le mot de passe (…)
L'exposition à un contenu pour adulte n'est donc pas “un danger” nouveau pour la société tunisienne ou “une menace” inédite comme le laissait supposer la plainte mais bel et bien d'une situation “habituelle” depuis plus d'une dizaine d'années à laquelle nombre de foyers tunisiens avait trouvé une solution simple.
Il suffirait donc de demander aux FSI d'ajouter une case à leur formulaire d'adhésion à une ligne ADSL “Limiter l'accès au contenu pour adulte”.
On appelle cela le contrôle parental
Les internautes et défenseurs tunisiens de la liberté d'expression, qui soutiennent une liberté absolue du Net, pensent que le filtrage de la pornographie en ligne peut servir de prétexte à brider la liberté d'expression, et ainsi paver la voie au retour de la censure.
Dhouha Ben Youssef, qui collabore au blog collectif Nawaat, exprime ses craintes d'un retour de Ammar404 (le sobriquet dont les internautes tunisiens affublaient la censure) :
Un an après l’annonce de la mort d’Ammar404, nous risquons son retour irréversible. La censure reverra le jour, plus forte que jamais si la décision de la cour de cassation confirme le filtrage du contenu pornographique lors du procès qui oppose l’Agence Tunisienne d’Internet à un groupe de citoyens début février 2012, une décision qui fera jurisprudence pour d’éventuels autres procès du même genre visant d’autres contenus.
Le Président change d'avis :
Moncef Marzouki, le nouveau président tunisien, a déclaré dans un entretien sur YouTube avec Taieb Moalla (@moalla) :
Il n'existe aucune liberté dans l'absolu, ce n'est pas parce que vous avez droit à la liberté d'expression que vous pouvez insulter les gens, dire n'importe quoi, là aussi c'est une question de bon sens, une question de lignes rouges…il ne faut pas que ces lignes rouges soient le prétexte à la censure…la ligne qu'il faut mettre doit être discutée par la société et acceptée par les uns et les autres lors d'un débat.
Dans un autre entretien avant son élection, et pendant la campagne électorale, M. Marzouki avait exprimé un point de vue tout à fait différent, lorsqu'il affirmait :
Je suis pour la liberté d'expression avec ses aspects négatifs, et contre la censure même si elle a un aspect positif…Il faut laisser libres les internautes, les éduquer et les informer…Je refuse que le gouvernement alloue un budget à l'acquisition d'équipment de censure…
Dhouha Ben Youssef soulève une question de fond :
Et si nous n’étions qu’une minorité à se soucier du retour de Ammar404 ?
et ajoute :
peut-être que le tunisien n’a pas en tête la « NetFreedom » comme priorité, mais nous sommes tout de même presque 3 millions d’internautes ! Qu’attendons-nous ? Alors que partout dans le monde les défenseurs de la liberté d’expression scandent leurs refus de différents projets de censure comme Hadopi en France ou SOPA aux états unis, nous autres Tunisiens avons « oublié » que le danger nous guettait encore, rappelez-vous de ce que vous avez vécu sous ZABA, du rôle qu’a joué Internet pour le dégager, du fabuleux sentiment de liberté retrouvée mais hélas qui pourrait disparaitre au mois de février.
La censure n'est pas la solution :
L'Agence Tunisienne d'Internet, prête à tout pour mettre fin à sa vieille image de censeur de l'Internet sous le règne de Ben Ali, préfère la sensibilisation des usagers de l'Internet, et notamment des parents en leur donnant des conseils pratiques sur l'utilisation des logiciels de contrôle parental, à l'interdiction de sites.
L'agence a ainsi tweeté le 13 janvier :
La #Censure d’ #Internet n'est pas la solution, informez-vous sur comment protéger vos enfants sur:http://www.ati.tn/fr/index.php?id=125
Mehdi Lamloum a écrit le 3 août 2011 :
Les tunisiens ont depuis longtemps eu accès aux contenus pour adultes et ce à travers les récepteurs satellites(…)
Une solution simple : le contenu pour adulte était là, disponible mais non accessible sauf si on avait le mot de passe (…)
L'exposition à un contenu pour adulte n'est donc pas “un danger” nouveau pour la société tunisienne ou “une menace” inédite comme le laissait supposer la plainte mais bel et bien d'une situation “habituelle” depuis plus d'une dizaine d'années à laquelle nombre de foyers tunisiens avait trouvé une solution simple.
Il suffirait donc de demander aux FSI d'ajouter une case à leur formulaire d'adhésion à une ligne ADSL “Limiter l'accès au contenu pour adulte”.
On appelle cela le contrôle parental
Les internautes et défenseurs tunisiens de la liberté d'expression, qui soutiennent une liberté absolue du Net, pensent que le filtrage de la pornographie en ligne peut servir de prétexte à brider la liberté d'expression, et ainsi paver la voie au retour de la censure.
Dhouha Ben Youssef, qui collabore au blog collectif Nawaat, exprime ses craintes d'un retour de Ammar404 (le sobriquet dont les internautes tunisiens affublaient la censure) :
Un an après l’annonce de la mort d’Ammar404, nous risquons son retour irréversible. La censure reverra le jour, plus forte que jamais si la décision de la cour de cassation confirme le filtrage du contenu pornographique lors du procès qui oppose l’Agence Tunisienne d’Internet à un groupe de citoyens début février 2012, une décision qui fera jurisprudence pour d’éventuels autres procès du même genre visant d’autres contenus.
Le Président change d'avis :
Moncef Marzouki, le nouveau président tunisien, a déclaré dans un entretien sur YouTube avec Taieb Moalla (@moalla) :
Il n'existe aucune liberté dans l'absolu, ce n'est pas parce que vous avez droit à la liberté d'expression que vous pouvez insulter les gens, dire n'importe quoi, là aussi c'est une question de bon sens, une question de lignes rouges…il ne faut pas que ces lignes rouges soient le prétexte à la censure…la ligne qu'il faut mettre doit être discutée par la société et acceptée par les uns et les autres lors d'un débat.
Dans un autre entretien avant son élection, et pendant la campagne électorale, M. Marzouki avait exprimé un point de vue tout à fait différent, lorsqu'il affirmait :
Je suis pour la liberté d'expression avec ses aspects négatifs, et contre la censure même si elle a un aspect positif…Il faut laisser libres les internautes, les éduquer et les informer…Je refuse que le gouvernement alloue un budget à l'acquisition d'équipment de censure…
Dhouha Ben Youssef soulève une question de fond :
Et si nous n’étions qu’une minorité à se soucier du retour de Ammar404 ?
et ajoute :
peut-être que le tunisien n’a pas en tête la « NetFreedom » comme priorité, mais nous sommes tout de même presque 3 millions d’internautes ! Qu’attendons-nous ? Alors que partout dans le monde les défenseurs de la liberté d’expression scandent leurs refus de différents projets de censure comme Hadopi en France ou SOPA aux états unis, nous autres Tunisiens avons « oublié » que le danger nous guettait encore, rappelez-vous de ce que vous avez vécu sous ZABA, du rôle qu’a joué Internet pour le dégager, du fabuleux sentiment de liberté retrouvée mais hélas qui pourrait disparaitre au mois de février.