[liens en portugais] Malam Bacai Sanhá, président de la république de Guinée-Bissau, est mort à Paris à l'âge de 64 ans le lundi 9 janvier 2012 des complications d'un diabète après une hospitalisation de 4 mois. Il laisse un petit pays africain lusophone dans une situation politique fragile.
Le gouvernement a décrété 7 jours de deuil national pendant lesquels le drapeau a été mis en berne.
La constitution prévoit dans cette situation de nouvelles élections dans un délais de 90 jours. Dans cette attente, le président de l'assemblée nationale, Raymundo Pereira, assure l'intérim en cette période pré-électorale marquée par le décès d'un président en exercice.
Tension politique après un soulèvement militaire récent
Le 26 décembre 2011, la capitale Bissau a été le théâtre d'une agitation politique intense. Une faction dissidente de l'armée s'est rebellée en préambule à un coup d'état grâce à l'appui d'un certain nombre de figures politiques du pays.
Antônio Aly Silva, le blogueur le plus visible de la blogosphère Bissau-Guinéenne a suivi de près ces évènements sur son blog tout au long de cette journée.
Bissau s'est réveillée ce jour là sous le soleil mais avec un sentiment bizarre ou dominait la confusion
Le mot confusion reflète parfaitement la perception des évènements qui se sont succédés lors de ce soit-disant coup d'état. Soldats dans les rues, tirs d'armes à feu, coupures de l'éclairage public, rumeurs, accusations diverses, emprisonnements : voilà ce que fut le scénario de ce désordre politique.
La population aurait participé à la recherche du Commandant Iaia Dabó, lequel disait être disposé à se présenter spontanément à la police mais fut déclaré mort ensuite.Dabó a été la victime de tirs provenant des forces spéciales de la police alors qu'il se trouvait dans la voiture du député Conduto de pina. Le propre frère d'Iaia Dabò, Baciro Dabò, a été assassiné dans des conditions semblables en 2006, alors qu'il se trouvait impliqué dans un autre tentative de coup d'état.
Un haut responsable militaire, Bubo Na Tchuto, accusé de mener la révolte, a été arrêté le 26 décembre sur ordre du chef des forces armées, Antonio Indjai. Tous deux s'étaient trouvés impliqués dans de récent troubles politiques dans le pays. En aout 2008, Bubo na Tchuto avait déjà tenté d'organiser un coup d'état mais celui-ci avait été déjoué et il avait été arrêté. Il avait fui le pays pour y revenir ensuite sous protection des Nation Unies.
En 2010, déjà, Bubo Na Tchuto et le premier ministre Carlos Gomes avait été retenus à l'intérieur du batiment de l'ONU, suite à un soulèvement militaire. Le chef des forces armées, Antonio Indjai qui dirigeait le soulèvement avait annoncé qu'il tuerait le premier ministre Carlo Gomes si ses partisans continuaient à manifester dans les rues pour appeler à sa libération. Le président Bacai Sanhá fit cesser le désordre par une intervention où il parla d'erreurs regettables des soldats.
Aly Silva brosse un tableau de l'état d'esprit qui règnait à Bissau après ce qu'il appelle” une journée de 96 heures” :
Quatre jours après une supposée insurrection des casernes, la peur persistait dans Bissau.La peur de cette nuit, de la nuit de demain, des nuits à venir. Certaines rues parmi les plus obscures étaient encore fermées la nuit. Les déclarations de sources gouvernementales, militaires ou provenant d'organisations internationales étaient unanimes pour affirmer que la situation est sous contrôle mais il n'en était rien !

"Retour au calme à Bissau". Photo diffusée par Léo Diouf (@dioufleo) sur Twitter (26 décembre 2011).
Aly Silva fait le bilan de l'insurrection et de ses suites :
55 personnes emprisonnées provenant de la marine de guerre (29),de la base aérienne (24), de la caserne de Mansoa ( une personne : Bubo Na Tchuto) et de la police judiciaire (Marcelino Cabral – Djoi) ….une fin d'année ….bordélique !
Il annonce ensuite que trois soldats détenus dans la prison de la Marine de Guerre ont été libérés le 6 janvier.
Enfin, Aly Silva témoignait de son inquiétude devant Bissau en état de siège avec ses rues et ses avenues bloquées la nuit par les militaires. Il ajoute :
Le pays est très mal en dépit du fait que les responsables s'efforcent de paraître calmes au milieu du chaos installé depuis le 26 décembre. Il faut vraiment se rendre compte de la situation dans un pays ou l'opportunisme devient la mère de toutes les batailles.Quel malheur, une négligence, un nettoyage de fusil peut s'avérer mortel.
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