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Australie : Désodoriser les immigrants, ou l'arroseur arrosé

Catégories: Océanie, Australie, Médias citoyens, Migrations & immigrés

(Le billet d'origine en anglais a été publié le 11 janvier 2012)

[Les liens sont en anglais] Un concours de jeux de mots a suivi les propos de Teresa Gambaro, membre du parlement fédéral australien. La politicienne a préconisé que les immigrants à visa de travail soient instruits sur les règles sociales comme l'usage de déodorants ou l'ordre dans les files d'attente.

[1]

Teresa Gambaro

Sur Independent Australia, le post de Tess Lawrence Gambaro goes the raw prawn [2]‘ (NdT : jeu de mot entre “tomber dans le piège” et “puer la crevette”), en fait une satire mordante :

Je demande à Teresa d'organiser une commission spéciale au sénat afin de régler ce grave problème dès la première session du parlement.  En fait, je voudrais que le port du déodorant soit obligatoire et inscrit dans notre constitution.

Et de continuer avec des jeux de mots pourris :

Vous êtes clairement première ministrable, chère Teresa. Dorénavant, laissez donc les dessous de bras être le test électoral.
Avant qu'un politicien convoite la chambre haute, nous le peuple, nous devrons examiner sa lèvre haute (jeux de mot intraduisible).
A moins que les politiciens ne passent le test de l'odeur, il devront rester à vue de nez du peuple australien.

Le satiriste du Castlemaine Independent quant à lui, suggère que les politiciens devraient porter du déodorant [3] :

On devrait apprendre aux politiciens l'importance du déodorant
Mme Gambaro s'est dite préoccupée par la difficulté d'intégration de la classe politique dans la collectivité par leur manque de connaissance de l'hygiène, de la santé et du style de vie, mais aussi du changement climatique, des relations industrielles, des réfugiés et autres sujets.

Marion Elizabeth Diamond du site Historians are Past Caring (“Les historiens sont incurables”) n'utilise pas de déodorants et fait part de ses réflexions sur son post “great unwashed” [4] (NdT : “les malpropres”, un euphémisme britannique pour les basses classes) :

Je n'aurai jamais imaginé que mes habitudes personnelles feraient de moi une non-australienne.

Teresa Gambaro a ses défenseurs. Dom analyse le sujet plus largement dans “cultural awareness training [5]” (“se former à la conscience culturelle”) :

… Il est possible de donner à ces personnes une assistance tout en les respectant, une assistance qui soit suffisamment flexible pour les considérer comme des individus capables de penser par eux mêmes
La différence est un sujet si sensible, et son déni aussi, que nous préférons ne pas aider ces personnes par une formation culturelle de base qui pourrait leur être très utile. Mme Gambaro a raison, elle a juste besoin d'un peu de formation en communication

Sur le sujet du soutien à l'intégration [6], Suzer, une expat américaine vivant en Australie avec son mari australien, apporte son soutien à Teresa Gambaro :

C'est facile de juger Madame Gambaro en sortant ses propos du contexte. Je suis déçue de voir les groupes de défense des immigrés s'offenser si rapidement, plutôt que de voir Madame Gambaro comme un défenseur de ces nouveaux arrivants. La formation sur la diversité dans les lieux de travail en Australie n'est pas seulement une bonne idée mais une nécessité pour les Australiens anciens et nouveaux car elle permet de mieux se connaître.

Your Democracy [7] a été aussi dur envers Mme Gambaro qu'envers les chauffeurs de taxi dans son post repris de Crikey [8]:

Teresa Gambaro a dû rencontrer un ou deux chauffeurs de taxi malodorants pendant la période des fêtes.
Ça a fait naître une bulle de pensée (pou r être généreux) dans l'esprit de la porte-parole de l'opposition sur la citoyenneté…

Devant la tempête d'accusations de petites phrases codées (“dog-whistling”) , Teresa Gambaro [9]retira ses remarques, après une réprimande d'un collègue conservateur. Elle dit avoir été “mal comprise”. Elle peut toujours rejoindre la queue très longue et très ordonnée des politiciens disant la même chose !

(Note de l'auteur : Dog-whistling [10] “emploi de langage codé ayant un certain sens pour la population générale mais dont la signification est différente ou particulière pour une fraction ciblée de l'auditoire” – NdT : principe du sifflet à ultra-sons, que seuls les chiens entendent.)

Même les humoristes ont commenté la chose, bien que ce ne soit pas forcément le même type de chien que Jon Kudelka [11] avait en tête:

[12]

A la douane et immigration : "Non, pas votre sac, Monsieur, ce sont vos aisselles qu'il doit renifler" Dessin de Jon Kudelka avec permission

Finalement la porte-parole de l'opposition Teresa Gambaro a posé la question ancestrale du pourquoi on ne peut se sentir et la réponse semble être le déodorant. Cela ne s'invente pas.

Le compte twitter #gambaro [13] a quelques autres bonnes blagues et des commentaires plus sérieux sur le sujet. Allez voir tant que la merde est encore fraîche.