La région d’Aysén avait attiré l’année dernière l’attention du pays sur le projet controversé de centrale hydroélectrique Hydroaysé [en français]. Les regards se tournent de nouveau aujourd’hui vers cette zone de la Patagonie chilienne depuis le déchaînement de manifestations exigeant une meilleure qualité de vie ainsi qu’un coût de la vie moins élevé. Iván Fuentes, le Président du Mouvement social dans la région d’ Aysén a expliqué [liens en espagnol] :
“Nous ressemblons à une île car nous n’avons pas de bonne connectivité et tout est plus cher.”
La maire d’Aysén, Marisol Martínez, a résumé le mécontentement des gens de cette région dans une interview donnée sur la chaîne de télévision Canal 13:
Il y a des questions qui s’accumulent depuis longtemps et pour lesquelles il n’a pas été trouvé de solutions. Elles n’ont pas été traitées comme des questions régionales, nous avons été pendant longtemps laissés pour compte […] Ils ne se souviennent de nous que pour extraire nos ressources naturelles, pour installer de grands barrages, pour prendre nos eaux, là, nous sommes intéressants. […] Mais en ce qui concerne la qualité de vie de notre population, la qualité des emplois, la qualité de nos ressources naturelles, ils ne s’en souviennent pas […] Nos ressources doivent être préservées et développées mais les premiers qui doivent en bénéficier au travers du développement économique c’est la population d’Aysén et ce ne pas ce qui s’est passé.
Depuis le mardi 7 février, les manifestants du Mouvement social de la région d’Aysén, lesquels sont regroupés en 25 organisations sociales, syndicats et confédérations paysannes, ont bloqué des routes, pris des aérodromes et des quais, brûlé des pneus et posé des barricades dans la ville de Coyhaique et dans d’autres agglomérations de la région afin de réclamer du gouvernement un dialogue ouvert avec lui. Un grand nombre de ces manifestations se sont terminées par des affrontements violents avec la police.
C’est ce qu’a fait partager la Patagonienne AysenReservaDeVida (@Ing_Laurita) le 14 février :
Ceci est en train de se passer dans un secteur de la région d’Aysén. Des pêcheurs et des carabiniers sont en train de s’affronter, les pierres pleuvent et des gaz lacrymogènes sont tirés http://twitpic.com/8jt874 cc@lmrendon
Leurs demandes ont été résumées dans une pétition en 10 points , laquelle réclame essentiellement des aides pour corriger les coûts des produits alimentaires, de l’eau, de l’électricité et des combustibles; une santé et une éducation de qualité ; l’équité professionnelle et des pensions régionalisées ; une plus grande participation aux décisions qui touchent la région, dont celles concernant l’exploitation de ses ressources naturelles ; de meilleures conditions d’accès et une meilleure infrastructure. Les responsables de cette organisation ont affirmé :
Nous, les organisations […] avons entamé un processus de mobilisation générale permanente et de longue haleine dans le but de provoquer un changement dans le développement régional, lequel jusqu’à maintenant servait essentiellement des intérêts qui n’étaient pas vraiment ceux des habitants du territoire d’Aysén.
Le Ministre de l’Economie, Pablo Longueira, a critiqué les barricades et les barrages et a souligné les indices élevés de croissance de la région (selon l’Institut national des Statistiques, l’économie d’Aysén a augmenté de 19,4% entre 2010 et 2011). Il a, de plus, ajouté dans une interview accordée à Radio ADN:
“C’est une région très puissante, il y a d’autres motivations car ce n’est pas sa manière de procéder. De Santiago, on observe une coordination évidente, fruit des organisations qui sont derrière tout cela. “
Ses propos ont généré de l’indignation et de l’inquiétude parmi les manifestants, comme l’a signalé Iván Fuentes:
“A chaque fois que sont publiés les chiffres, nous avons peur parce que ces bons chiffres ne sont pas arrivés jusqu’à nous et ne reflètent pas ce que nous vivons.”
Le Ministre de l’Intérieur, Rodrigo Hinzpeter a non seulement souligné que “ces défis s’abordaient par le dialogue et en aucun cas en descendant dans les rues ou en recourant à la violence” mais a aussi tenté de calmer la situation en envoyant le sous-Secrétaire Rodrigo Ubilla à Aysén dialoguer avec les responsables régionaux. Lors de la réunion du 16 février qui a duré plusieurs heures, seuls deux points ont été discutés et il n’y a eu aucun accord de conclu. Par ailleurs, la réunion a été interrompue par une coupure de courant provoquée par les manifestants qui ont donné jusqu’à lundi au gouvernement national pour répondre à leurs exigences. Pendant ce temps, le blocage des routes se poursuit.
Le blogueur Manuel L. Rodríguez de La Oveja Negra de la Familia s’est montré pessimiste dans son billet intitulé “Despierta Aysén” (“Aysén réveille-toi!”) quant à la manière du gouvernement d’aborder le problème:
Au vu des précédents, il est probable que la gestion du problème par le gouvernement soit pour le moins erratique et finisse, comme ceci est en train d’arriver, par amplifier la controverse et par laisser le champ libre aux carabiniers dont le devoir est normalement de contrôler l’ordre public et de recourir à la force mais qui se montrent zélés et excessifs dans leur répression.
D’autres, comme le twiteur El Kato (@Katomagna), ont émis des doutes sur la durée de l’indignation des Chiliens quant à ce problème régional :
Le plus terrible c’est que l’indignation pour #Aysén ne durera que jusqu’à la fin du mois…
AysénReservaDeVida (@Ing_Laurita) a, quant à lui, conclu :
Pour qu’il apparaisse clairement que ce mouvement va bien au-delà des partis politiques et qu'il s'agit d'un mécontentement général, soyons tous unis ! #DespiertaAysen
Si vous désirez en savoir davantage sur les réactions et les derniers faits relatifs au mouvement d’Aysén, nous vous recommandons de suivre les mots-clics #Aysenet #DespiertaAysen