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Pologne : Le Manifeste des enfants du Web

Catégories: Allemagne, Estonie, France, Pologne, Cyber-activisme, Liberté d'expression, Technologie

Rédigé initialement en polonais par le photographe et poète polonais Piotr Czerski [1] (voir sa notice biographique, sur Wikipedia [2], en polonais), le “Manifeste des enfants nés avec le Réseau” commence à faire le tour du Web dans plusieurs autres langues, après sa parution, le 11 février 2012, dans le journal de la région de Poméranie, en Pologne, Dziennik Bałtycki.

Piotr Czerski, auteur du Manifeste Pologne Web (Photo de son blog sous licence CC by 3)

Piotr Czerski, auteur du "Manifeste des enfants du Web", en Pologne (Photo de son blog, sous licence CC 3)

Ce manifeste, qui exprime le sentiment de communauté de toute une génération née avec l'avènement des réseaux et d'Internet, revendique les affinités des jeunes autour du monde, avec l'émergence d'une culture globale originale, et la volonté de participer à la circulation des biens culturels, par-delà les frontières juridiques ou géographiques imposées artificiellement.

Il marque une volonté de rupture avec les rapports de force hérités des pouvoirs établis :

Nie ma w nas tej wynikającej z onieśmielenia pokornej akceptacji, jaka cechowała naszych rodziców – przekonanych o nadzwyczajnej wadze spraw urzędowych i odświętnym charakterze interakcji z państwem. Nie czujemy tego respektu, który brał się z odległości między samotnym obywatelem, a majestatycznymi szczytami „władzy”, majaczącymi gdzieś pośród mgieł.

Nous avons perdu la conviction née dans la crainte de nos parents que les trucs administratifs sont d’une importance capitale et que les affaires réglées par l’État sont sacrées. Ce respect ancré dans la distance entre le citoyen solitaire et la hauteur majestueuse dans laquelle réside la classe dominante, à peine visible là-haut dans les nuages, nous ne l’avons plus.

Cette génération s'oppose ainsi à la main-mise d'intérêts privés sur les données personnelles et les biens culturels communs, et à leur contrôle institutionnel, et exprime son besoin de transparence, de liberté et d'une “vraie et réelle démocratie”.

Być może nie nazwaliśmy tego dotąd, być może jeszcze sami nie zdajemy sobie z tego sprawy – ale tym, czego chcemy, jest chyba po prostu prawdziwa, realna demokracja. Demokracja, o której być może nie śniło się nawet waszym publicystom.

Il est possible qu’aucun nom adapté n’existe ou que nous n’en soyons pas encore tout à fait conscient que ce nous voulons c’est une vraie et réelle démocratie. Une démocratie qui n’a peut-être jamais été rêvée par vos journalistes.

Une exigence plus que jamais actuelle dans le contexte de l’opposition aux législations ACTA [3], dont le risque liberticide est perçu avec acuité, particulièrement en Europe de l'Est [4].

La version originale du manifeste, en polonais : “Mi dzieci sieci [5]

La traduction en français : “Nous les enfants du Web [6]

En allemand : “Wir, die Netz-Kinder [7]

En anglais : “We, the Web Kids [8]

En espagnol : “Nosotros, los hijos de la Web [9]

En estonien : “Meie, võrgulapsed [10]

En suédois : “Vi, nätbarnen [11]

En tchèque : “My, děti Sítě [12]

Ce manifeste et l'écho qu'il suscite aux quatre coins du monde en un temps aussi court sont les témoins des aspirations à l'émergence des libertés, à la démocratie et à la transparence, qui remettent en question en profondeur nos sociétés  et sont exprimées par ceux-là même qui sont, dès à présent, les acteurs volontaires de la globalisation, et seront les net-citoyens critiques des prochaines décennies. Un changement de donne irréversible, à n'en pas douter.