Chili : La région d’Aysén réclame la décentralisation

[Liens en espagnol] Les manifestations, les barrages routiers et les affrontements entre manifestants et forces de l’ordre continuent tandis que les Chiliens de la région d’Aysén exigent un changement. Elizabeth Rivera, collaboratrice de Global Voices, a fait ce mois-ci un compte-rendu du mouvement social qui a généré ces mobilisations ainsi qu’un résumé des revendications:

Leurs demandes ont été résumées dans une pétition en 10 points, laquelle réclame essentiellement des aides pour subventionner le coût des produits alimentaires, de l’eau, de l’électricité et des carburants ; un service de santé et une éducation de qualité ; l’équité professionnelle et des pensions régionalisées ; une plus grande participation aux décisions qui touchent la région, dont celles concernant l’exploitation de ses ressources naturelles ; de meilleures conditions d’accès et de meilleures infrastructures.

Pour beaucoup, le conflit d’Aysén peut être résumé par la centralisation, un problème qui affecte tout le pays. “Santiago, ce n’est pas le Chili” est la phrase qu’ont l’habitude d’utiliser les Chiliens qui se sentent ignorés au seul motif qu’ils vivent hors de la capitale. Beaucoup d’entre eux ont dû déménager à Santiago pour pouvoir accéder à un meilleur emploi et à des services de base comme ceux du système de santé, en raison du manque de médecins dans les diverses régions.

Du fait de cette plus grande attention accordée à la capitale, le rythme de développement de Santiago est beaucoup plus important que dans le reste du pays. Même les médias se concentrent dans la capitale et prêtent très peu d’attention à ce qui se passe dans le reste du Chili.

Les manifestations à Aysén ont placé la question de la centralisation au coeur des conversations du pays. Résultat : de nombreux blogueurs chiliens ont accordé plus d’importance au sujet.

"Aysén is Chile." Protest in support of Aysén mobilizations, February 20, 2012, Santiago, Chile. Foto de Luis Fernando Arellano, Flickr (CC BY-NC-SA 2.0)

"Aysén c’est le Chili." Manifestation en faveur des mobilisations à Aysén le 20 février 2012 à Santiago au Chili. Photo de Luis Fernando Arellano, Flickr (CC BY-NC-SA 2.0)

Le blogueur Danae Mlynarz Puig signale ce qui pourrait se passer cette année au Chili et commence son billet en mentionnant le mouvement social d’Aysén :

Cela continue de bouger ces derniers jours pour les revendications sociales. La région d’Aysén, dans l’extrême sud du pays, se mobilise pour exiger la décentralisation d’un pays terriblement centralisateur, où tout semble se passer à Santiago. L’explosion de colère d’Aysén nous rappelle ce que nous vivions auparavant dans la région de Magallanes, à l’île de Pâques, à Calama et en d’autres villes où les habitants de ces territoires se sont mobilisés pour exiger un plus grand engagement du gouvernement concernant leurs problèmes, révélant ainsi l’immense inégalité territoriale que nous vivons au Chili et le manque presque absolu de décentralisation.

Dans El Quinto Poder, Salvador Muñoz signale que le problème de cette centralisation n’est en rien une nouveauté :

Les habitants de la région d’Aysén affirment qu’aucun gouvernement ne s’est chargé de leurs revendications. Les problèmes d’Aysén, de Coyhaique, de Magallanes, de Tocopilla, de Dichato, de Calama et de tous les villages et villes du Chili sont les mêmes. Comme le signale l’Assemblée citoyenne de Magallanes dans une déclaration de solidarité avec le mouvement d’Aysén, “Nous, régions d’Aysén et de Magallanes, réclamons la fin de la centralisation officielle et corporatiste qui étouffe les régions au profit de la capitale, qui ne nous permet pas de participer aux décisions des  politiques publiques et nous empêche de parvenir à une régionalisation et une décentralisation effectives.”

Le blogueur et journaliste Gabriel Sanhueza Suarez indique que le conflit d’Aysén reflète un problème lié au système en place :

 Le problème de la région d’Aysén est beaucoup plus profond et réclame bien davantage que le seul fait d’essayer de satisfaire les demandes… ou de réduire au silence les mobilisations en envoyant des forces spéciales.

C’est un problème lié au système en place qui  implique de repenser radicalement la manière de comprendre le pays, de se débarrasser à jamais de l’hégémonie du centralisme et surtout, de concevoir et de mettre en oeuvre des politiques audacieuses faisant passer la régionalisation d’une formule démagogique à une réalité qui nous permette d’obtenir l’équité  partout sur le territoire chilien.

Enfin, Kaos en la Red a publié un billet de Patricio Segura dans Aquí Aysén, un blog de la région d’Aysén qui fournit des informations sur le mouvement. Patricio assure que ce mouvement social vise à avoir de l’influence sur tout le Chili et pas seulement sur la région d’Aysén.

[…] le Mouvement social menée pour la région d’Aysén ne doit pas seulement être perçu comme une révolte pour et par les habitants de cette dernière. Ce que nous voulons construire concerne une grande partie du pays et consiste à faire en sorte que soient prises en considération les particularités de chaque citoyen, de chaque territoire. Nous luttons pour une  vraie décentralisation, une vraie équité, un vrai respect, tout ce pour quoi on ne peut parvenir à un accord sur la place publique.

Nous, les habitants d’Aysén, ne voulons pas clôturer la région avec des fils barbelés empêchant la venue de quiconque. Nous voulons apporter quelque chose au Chili et au monde  via ce que nous sommes et via les biens qui se trouvent sur ce vaste et beau territoire  et sont à tous mais nous ne voulons pas mourir dans cette tentative.

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