[Tous les liens sont en espagnol sauf mention contraire]
La décision du président équatorien Rafael Correa de stimuler l’industrie minière à grande échelle dans son pays a commencé à prendre forme lundi 5 mars, lors de la signature du contrat avec Ecuacorriente (ECSA pour les sigles en espagnol). Ce contrat permet à l’entreprise à capital chinois d’exploiter les gisements de cuivre de « El Mirador », situés dans la province amazonienne de Zamora Chinchipe [fr].
Pourtant, malgré le bénéfice économique annoncé pour le pays, les communautés indigènes équatoriennes ainsi que d’autres organisations de la société civile, n’approuvent pas ce genre de projets.
Le lendemain de la signature du contrat, un groupe de militants écologistes s’est introduit dans l’Ambassade de Chine à Quito pour manifester son désaccord. Bien que l’occupation des locaux ait été pacifique, la police a évacué violemment les personnes qui refusaient de quitter les lieux.
http://www.youtube.com/watch?v=IWWQ9_ZAW4k
À ce sujet, le blog Elpescuezo a republié un communiqué de la revue de l’organisation Ballenita si. Ce dernier fait savoir que les militantes, après avoir été traitées avec violence, risquent d’être accusées par le procureur de « flagrant délit de violation de domicile » alors que l’ambassade ne souhaite pas porter plainte. Par ailleurs il est signalé que:
Que el gobierno ecuatoriano ha decidido firmar el contrato minero sin que se haya aprobado el Estudio de Impacto Ambiental ni la Licencia Ambiental y sin el Consentimiento de las Comunidades y Pueblos Indígenas, requisitos indispensables para toda empresa minera.
Le gisement minier « El Mirador » est situé sur le territoire de la communauté indigène Shuar [fr], dans la cordillère du Condor, qui s’étend aussi au Pérou. Cette région est connue pour posséder une des diversités biologiques les plus riches au monde. Un projet minier de cette envergure pourrait donc avoir un impact écologique négatif considérable.
L’opposition à l’industrie minière à grande échelle est actuellement en train de se manifester par le biais d’un mouvement de plus grande ampleur. Il s’agit de Marcha por la Vida [Une Marche pour la vie], organisée par la Confédération des nationalités indigènes d’Équateur (CONAIE, pour les sigles en espagnol comme les suivantes), la Confédération Kichwa d’Équateur (ECUARINARI), la Fédération unique et nationale des affiliés à l’assurance des paysans (FEUNASSC), l’Union nationale des éducateurs (UNE), le Front populaire Zamora Chinchipe et l’Assemblée des peuples du Sud.
Dans le cadre de l’appel à la mobilisation (voir vidéo précédente parmi d’autres vidéos), une lettre ouverte a aussi été adressée aux artistes Manu Chao et Calle 13 pour expliquer les revendications de cette marche:
El mes de marzo será el mes de la Resistencia en Ecuador. Los pueblos indígenas, campesinos, realizaremos la “Gran Marcha Plurinacional por el Agua, la Tierra, la Vida y la Dignidad de los Pueblos” […] Partiremos en una caminata el 8 de marzo desde el corazón de la Cordillera del Cóndor en Zamora, donde se pretende abrir la puerta por primera vez en Ecuador de la Mega Minería. Esta caminata recorrerá las zonas donde las trasnacionales mineras ya se encuentran desplazando, expropiando y criminalizando a los pueblos; pasará por las comunidades campesinas del Centro del país y llegaremos el 22 de marzo a la capital de Ecuador Quito donde exigiremos al gobierno el respeto a la Pachamama, al agua y a la vida y el respeto para el Art. 3 del Mandato Minero, emitido por la Asamblea Constituyente, que decretó la eliminación de las concesiones mineras en fuentes de agua y en zona protegidas.
La Marche est partie [fr] le 8 mars de la localité de El Pangui (Plusieurs vidéos de ce jour-là sont disponibles dans cet article) et son arrivée à la capitale, Quito, est prévue le 22 mars. Le journal équatorien El Comercio a publié et met à jour quotidiennement une carte montrant l’itinéraire et la progression de la Marche.
Quant au président Correa, il a déclaré que le début de la Marche avait été un échec puisque 500 personnes seulement avaient répondu à l’appel, tandis qu’un meeting des partisans du gouvernement en avait réuni des milliers encouragés à rester mobilisés pour faire face à la Marche.
Pendant ce temps, la Marche continue son chemin et le 14 mars elle quittait le village de Zhud pour se rendre à Chunchi. Le nombre des participants était estimé à 2000 à Cuenca. Sur le site Marcha por la Vida, des articles sur les différentes étapes déjà franchies sont disponibles : Pangui, Cuenca, Loja, Saraguro, Nabón, Tarqui, Cañar et Azogues jusqu’à maintenant.
Quelques vidéos de la Marche sont disponibles ci-dessous, la première à Cuenca, et la seconde à Saraguro.
http://www.youtube.com/watch?v=KSARgafdIiA
Il existe aussi d’autres vidéos : la Marche lors de son passage à Azuay, Cuenca et Tarqui , une déclaration de Humberto Cholango, le responsable de la CONAIE et des extraits (1 et 2) de la conférence de presse au départ de la Marche.
Sur le site infórmatEcuador, les chercheurs Alberto Acosta et William Sacher ont publié un article sur l’industrie minière en général mais aussi ses conséquences futures en Équateur. Ils remarquent:
Para producir un total de 208.800 toneladas de concentrado de cobre, el proyecto minero a cielo abierto Mirador de la empresa ECSA (de capitales chinos) en la Cordillera del Cóndor producirá al menos 326 millones de toneladas de desechos durante la vida de la mina. Esta cantidad representa un volumen correspondiente a más de 4 Panecillos [*], ¡y es comparable a la recolección de basura de la ciudad de Cuenca por casi 5000 años!
Ils parlent ensuite du gisement d’or de Quimsacocha:
La zona del proyecto minero se encuentra precisamente en una de las principales fuentes de agua de la ciudad de Cuenca y de muchas otras poblaciones aledañas, cuyos habitantes, con justa razón, protestan en contra de esta actividad.
Enfin, ils abordent le sujet du bénéfice économique réel obtenu par l’Équateur :
las minas ecuatorianas producirán el metal en forma gruesa, es decir con impurezas. Por ejemplo, el concentrado de cobre producido en Mirador tendrá aproximadamente 30% de cobre, 60% de otros minerales y 10% de agua. Debido a que el Ecuador no tiene refinerías de metales, el proceso de refinamiento se hará en el exterior, en donde quedará la mayor parte de las ganancias. A lo anterior habría que incorporar los llamados costos ocultos -ambientales y sociales-, por ejemplo el valor económico de la contaminación.
Sur le blog Ambiente Ecuador, Gustavo Morejón explique qu’il existe un grand manque d’information en ce qui concerne l’industrie minière en général et pense que ce sont d’autres facteurs, comme les mauvaises pratiques dans l’élevage et l’agriculture qui ont l’impact négatif le plus fort sur les forêts et les plateaux de la région de Quimsacocha. Il ajoute :
no puedo menos que preocuparme porque se ha prestado tanta propaganda al caso de las mineras, que las verdaderas causas de la pérdida de biodiversidad, han quedado relegadas. No existe persona alguna dentro de ese grupo que hable sobre aquello que ya está ocurriendo y que está terminando con los páramos y bosques andinos. No es necesario mentir para proteger las cuencas hidrográficas. ¿Porqué no dicen la verdad? No lo hacen porque “eso no produce réditos políticos”, eso no les va a dar votos en las próximas elecciones.
Tandis que les manifestations, les controverses et les agitations politiques continuent, le gouvernement équatorien travaille déjà sur un second contrat du même genre, cette fois-ci pour le gisement minier appelé Fruta del Norte, aussi situé dans la province de Zamora Chinchipe.
Photos prises du site Marcha por la Vida
Billet publié à l’origine sur le blog personnel de Juan Arellano.