Les utilisateurs saoudiens de Twitter ont uni leurs forces pour faire connaître sur la plate-forme de micro-blogs l'épreuve du prisonnier politique Shaikh Yusuf Al-Ahmad, et ils ont réussi à y placer en tête de tendance mondiale le nom de cet érudit islamique, en sensibilisant sur son emprisonnement sans charges ni accès à un procès équitable.
Essam Al Zamil raille [en arabe] :
@essamz: Dieu est grand ! le nom de Shaikh Yousif Al-Ahmad est en trending mondial
Le rédacteur en chef de la revue Foreign Policy, Blake Hounshell, fait une observation similaire, reprise par le blogueur saoudien Ahmed Al Omran :
@ahmed [1]: Ils l'ont fait RT
@blakehounshell [2]: Un tournant ? Les tweeteurs saoudiens ont mis al-Ahmad, un détenu, en trend.
Selon Human Rights Watch, Al-Ahmad a été arrêté [3] [en anglais] suite à ses commentaires sur une vidéo qu'il avait mise en ligne le 7 juillet 2011, et qui critiquait la détention de longue durée de suspects d'atteinte à la sécurité sans charges ni procès.
Ironiquement, les autorités saoudiennes n'ont annoncé aucune charge contre Al-Ahmad, emprisonné il y a huit mois, et qui enseignait à l'Université Imam Muhammad bin Sa'ud de Riyadh.
La campagne Twitter de mobilisation sur sa détention a déclenché une avalanche de réactions, tant sur son nom, Al-Ahmad [4] que sous le mot-clic #justice4YA [5].
En première ligne de l'opération, @SaudiDetainees [6], après le succès de leur première campagne Twitter pour sensibiliser à un autre prisonnier politique, Mohammed Albajady [7] [en anglais], 34 ans, derrière les barreaux depuis près d'un an, lui aussi sans charges ni accès à un procès équitable.
Al Zamil écrit :
@essamz [8]: Il a dit NON face à l'injustice. Nous disons OUI à sa liberté #justice4YA
Khaled Al Naser ajoute [en arabe] :
Le blogueur saoudien renommé Fouad Al Farhan, qui a lui-même été arrêté à cause de son blog, prête sa voix à la campagne, et écrit :
@alfarhan: Liberté pour Shaikh Yusuf Al-Ahmad. Il est temps que ce chapitre d'arrestations et d'incarcérations se ferme pour de bon et que nous, nation et gouvernement, l'ayons derrière pour nous pour avancer
Al-Ahmad a conservé son compte Twitter : @yusufalahmed [10]. Le compte est tenu actuellement par un sympathisant, qui tweete des informations sur Al-Ahmad, ses conditions de détention et des nouvelles de sa mère âgée, qui est atteinte d'un cancer.
Reporters sans Frontières a inscrit [11] l'Arabie Saoudite sur la liste 2012 des Ennemis d'Internet, parmi les pays qui pratiquent la censure et étouffent la liberté de parole. Le temps seul dira combien durera le franc-parler des internautes saoudiens.