- Global Voices en Français - https://fr.globalvoices.org -

Afrique du Sud : Kommandokorps : Groupe extrémiste ou nationalisme afrikaner ?

Catégories: Afrique du Sud, Ethnicité et racisme, Médias citoyens

[Liens en anglais] Le site du quotidien sud-africain Mail & Guardian [1] publiait récemment un article sur un camp de survivalistes d'extrême droite pépinière de racisme virulent [2] :

Un camp de survivalistes d'extrême droite, à environ 230km à l'Est de Johannesburg, est une pépinière de racisme virulent, formant de jeunes adolescents à son idéologie.

L'article continuait :

Sur leur site,  les Kommandokorps se décrivent comme une organisation d'élite “protégeant son propre peuple” en cas d'attaques, disent-ils, nécessaire “parce que la police et l'armée ne peuvent pas nous aider assez rapidement”.

L'année dernière ils ont signé un saamstaanverdrag (pacte d'alliance) avec les Afrikaner Weerstandsbeweging (AWB)  et les Suidlanders — un petit groupe ne comprenant que des Blancs qui attend l'apocalypse raciale — pour coordonner leurs stratégies de sécurité.

Des garçons âgés de 13 à 19 participant au camp survivaliste Kommandokorp. Source photo : Page Facebook Kommandokorp.

Le journal a aussi produit un court documentaire sur le Kommandokorps [3] appelé Afrikaner Blood (‘Sang afrikaaner’).

Après avoir visionné la vidéo, Ziyanda Stuurman a écrit [4] :

“Quand j'ai vu la vidéo sur le programme des Kommandokorps (quelque part dans la campagne en Afrique du Sud), j'ai ressenti un mélange de colère et de tristesse.” Et “ce qui m'a le plus frappé dans la vidéo c'est qu'il existe des gens aussi rusés et vicieux que Jooste qui se servent de la paranoïa et des peurs des gens, et ce qui est le pire, qui s'en servent pour défendre et promouvoir la haine.”

Elle continuait :

“En tant que personne noire, bien sûr que j'ai été offensée par les horribles déclarations et les généralisations fantaisistes faîtes sur les personnes noires dans la vidéo, mais plus que ça, en tant qu'être humain, j'ai vraiment été touchée par l'idée de l'impact que ces déclarations peuvent avoir sur ces jeunes hommes.”

Les Kommandokorps ont depuis répondu [5] :

“Il n'y aucun discours de haine. Les cadets apprennent à aimer leur propre langue, leur culture, leurs traditions, leur religion et leur race. C'est dans la Constitution,” dit le directeur exécutif Franz Joost.

Ejay a compilé les commentaires et articles sur les Kommandokorps [6] et leurs membres :

Le 2 septembre 2011, “Wolfy” des Commando Corps a annoncé sur leur page Facebook officielle qu'à partir du 30 septembre 2011 tous les membres ayant des amis noirs sur Facebook seraient “retirés”

Frans Cronje, le Directeur Général Adjoint du South African Institute of Race Relations (Institut Sud Africain sur les relations entre les races) exprime de l'inquiétude : [7]

“Quand vous avez convaincu un enfant que les Noirs sont l'ennemi, le danger est qu'il passe à l'action sur la base de cette conviction. Il trouve une arme, monte dans un bus plein d'enfants noirs et en tue 20. C'est un danger réaliste. C'est du lavage de cerveau et c'est facile à faire”

Polticsweb a publié une déclaration de Mmusi Maimane [8] de la Democratic Alliance :

Par exemple, dans la vidéo Afrikaner Blood on peut l'entendre tenir un discours profondément haineux.  Par exemple :

  • “Qu'il n'y ait aucun doute. En dehors des aborigènes d'Australie, les Noirs d'Afrique du Sud sont les membres les plus sous-développés et barbares de la race humaine sur terre.”
  • “Cela me prend une conférence d'une heure et ils savent alors qu'ils ne font plus partie de la “Nation Arc-en-ciel”
  • “Quelle est la plus grande différence entre un homme noir et vous ?  Un cortex. Rappelez-vous ce mot. Un cortex, un cerveau antérieur.  Il ne peut pas organiser… parce que son cerveau est 120 fois plus léger que le votre.”
  • “Qui en Afrique du Sud est mon ennemi, contre qui je dois défendre ma maison comme une forteresse, en étant toujours vigilant contre des attaques, qui tue, vole et viole ? Qui sont ces créatures ? Ce sont les noirs.”
  • “Oui, ce camp développe le racisme. Mais pas le mauvais racisme.”

Tous les Sud-africains, et spécialement ceux qui ont vécu la blessure du racisme, devraient considérer l'existence de ces camps comme un affront à notre démocratie et notre constitution. Je suis personnellement enragé à l'idée que ce camp soit autorisé à continuer à exister un seul jour de plus. Il faut mettre fin à ce camp de la haine aujourd'hui.

Salut de l'ancien drapeau d'Afrique du Sud. Source photo : Page Facebook Kommandokorp.

WeekendAM Live a demandé les réactions [9] de ses utilisateurs :

Nous vous posons la question aujourd'hui… Que pensez-vous des Kommandokorps et notre société démocratique devrait-elle accepter des camps pour la jeunesse qui perpétuent les crimes haineux contre les autres races ?

Clarence Carter Chirenje [10] a dit :

La race est un sujet complexe en Afrique du Sud… il faut qu'on s'intègre, qu'on interagisse et qu'on se tolère les uns les autres si nous voulons construire une nouvelle Afrique du Sud pour tous

Karabo Mashile [11] a commenté :

“Des choses comme ça n'ont pas leur place, j'ai lu tout l'article et je peux vous dire qu'il y a de l'incitation à la haine et à la violence, on va voir comment DA, afriforum et ff+ répondent. “

Nkosingiphile Cofu [12] a écrit :

L'Afrique du Sud reste profondément divisée racialement parce qu'il n'y a pas eu d'effort concerté  pour déracialiser notre société. La composition du personnel dans des institutions clé comme les écoles reflète cette réalité d'une nation divisée. Il faut mettre en place des programmes de travaux sociaux, visant aussi bien les jeunes que toute la société et essayer d'inculquer l'idée de sortir des connotations raciales.

Abdullah [13] pense que personne ne naît raciste :

Personne ne naît raciste, on est endoctriné par ses parents, les aïeux,etc. Je voudrais que l'intégration soit forcée dans toutes les classes sociales. Les jeunes ne se laisseront endoctriner que si ils n'interagissent pas avec d'autres races. “Vous avez été créé différents pour que vous puissiez vous reconnaitre les uns les autres.” … Coran.

Malgré tout, Kommandokorp a publié des déclarations sur sa page Facebook [14] affirmant qu'ils n'étaient pas racistes.

Le KK est-il raciste ? NON, si nous citons les faits et que ça a l'air l'air raciste, est-ce notre faute ? NON, Le KK tue-t-il des gens ? NON, Le KK chante-t-il des chansons comme “un taxi, une balle” ? Le KK cambriole-t-il les gens ? NON.
Mais l'autre côté le fait et rien du tout n'est fait là-dessus, mais ce que nous disons est cloué au pilori hors contexte. Est-ce juste ? NON.
Ce sont les sentiments de l'équipe de direction aujourd'hui et pas un communiqué de presse, alors n'allez pas le crier partout  sur les toits, en disant voilà le KK ou le Kol. Jooste dit que ceci n'est que le communiqué qui vous est destiné à vous membres de notre groupe facebook.
L'équipe administrative

Voici quelques commentaires sur Kommandokorp publiés sur Twitter :

@stoneware [15]: Je suis frappé par la similitude des sentiments exprimés par Julius Malema et les Kommandokorps, en opposé. Pourquoi ces points de vus sont-ils tolérés ?

@chumisa_n [16]: Je viens de lire les articles sur les Kommandokorps. C'est atroce.  Vraiment, vraiment triste de voir tant de haine circuler.

@RiaadMoosa [17]:  Les gens se demandent toujours ce qui cause le racisme. On dirait que c'est lié au fait de porter du kaki…

@Wespresso [18]:  Deux bonnes nouvelles aujourd'hui : Renvoyez #Malema eyewitnessnews.co.za/Story.aspx?Id=… et fermez #Kommandokorps citizen.co.za/citizen/conten… c'est l'effet Panzi !

Le site d'information Citizen rapporte [19] qu'une motion a été passée à l'assemblée législative provinciale de  Mpumalanga pour faire fermer le groupe :

Une motion pour faire fermer le controversé “camp de la haine” des Kommandokorps a reçu hier une large majorité de soutien à  l'assemblée législative provinciale de  Mpumalanga.

Soutenue par l'Alliance Démocratique  (DA), la motion demande la fermeture “immédiate” du camp, et inclut une enquête sur les activités dans l'établissement par la police de Mpumalanga.

Des passages de la motion demandent aussi à l'assemblée de condamner toutes formes de racisme, aussi bien dans cette institution que partout dans notre province et aussi de condamner les attaques contre les fermes, les meurtres dans les fermes et tous les crimes.