Porto Rico : La nouvelle Grèce?

(Billet d'origine publié en espagnol le 17 mars)

[Liens en espagnol sauf mention contraire] L’ analyste financier Cate Long (@ cate_long), une chroniqueuse et blogueuse invitée par l'agence de presse Reuters, a fait quelques observations au sujet de l'économie portoricaine qui n'étaient pas très rassurantes. Sur son blog MuniLand, elle a publié un article  [en anglais] dans lequel elle souligne les similitudes entre Porto Rico et l'économie de la Grèce:

Porto Rico pourrait être décrit comme le pays du tiers-monde de l'Amérique. Il dispose d'un revenu par habitant de 15 203 dollars – c'est moins de la moitié du niveau de État le plus pauvre, le Mississippi, où il est 31 046 dollars – et le taux de chômage officiel est de 15,5 %. 45% des Portoricains vivent en-dessous du seuil de pauvreté, et 20% des revenus personnels du territoire proviennent des fonds publics fédéraux ou portoricains. En bref, il s'agit d'une économie qui est dans l'impasse.

Mais c'est le poids de la dette massive de Porto Rico qui le fait ressembler à un autre pays en crise qui a fait l'actualité récemment: la Grèce.

Ce qui a l'a motivée à écrire cet article était l'émission récente d'obligations municipales par le gouvernement de Porto Rico, article qui a connu un succès remarquable pour Cate Long, car, selon elle, à l'avenir Porto Rico pourrait devenir insolvable en raison de son économie qui ne croît pas assez vite pour assurer le remboursement de sa dette publique à long terme.

L'analyste Sergio Marxuach du Centre pour la nouvelle économie [en anglais] est d'accord:

À un niveau plus fondamental, aucun des deux pays [la Grèce et Porto-Rico] n'a le contrôle de sa politique monétaire, de sorte qu'ils ne peuvent ni dévaluer leur monnaie pour relancer l'économie, ni disposer d'une base productive forte qu'ils puissent démarrer pour stimuler la croissance, et peut-être plus important encore, les deux économies sont de l'ordre du mirage économique fondé sur une consommation soutenue par une illusion monétaire, c'est-à-dire par l'accès à une monnaie plus forte que ne le garantissent les fondamentaux économiques. Donc, à mon avis, les similitudes fondamentales l'emportent sur les les différences superficielles entre les deux pays.

Cette information n'est pas nouvelle pour les économistes. Néanmoins, l'article de Long suscité de vives réactions sur Internet. Le site Alerta Progresista (alerte progressiste), l'une des pages officielles de la campagne du Nouveau Parti progressiste, le parti dirigé par l'actuel gouverneur Luis Fortuño, a accusé Cate Long d'être une militante d'Occupy Wall Street, de ne pas être une véritable analyste financière, et d'avoir dû écrire l'article dans le cadre d'une campagne contre l'administration du gouverneur Fortuño. Cependant, plusieurs personnes sont venues prendre la défense de Long sur Twitter.

Le blog Latino Rebels [en anglais] a créé un article Storify qui résume bien le débat sur les réseaux sociaux.

Long a été surprise par toute la controverse que son article a suscitée et les fortes réactions négatives qu'elle recevait de l'administration du gouverneur Luis Fortuño. Quoi qu'il en soit, elle s'est rendu compte que ceux qui ont porté le plus d'attention à son article étaient des gens qui n'étaient pas impliqués dans le marché obligataire:

Mais il s'est avéré que l'attention portée à mon article venait des personnes extérieures au marché obligataire. Ceux qui ont réagi étaient ceux qui aiment Porto Rico et sont préoccupés par son avenir, à savoir ses citoyens. Ils se sont emparé de ce que j'ai écrit et l'ont fait circuler sur Facebook. Des journaux comme elnuevodia.com et des blogs s'en sont emparé et ont débattu des points délicats du taux de chômage de l'île et du déficit budgétaire. Je n'ai jamais rien vu de tel aux États-Unis.

Une semaine plus tard Cate Long a publié une lettre ouverte au gouverneur de Porto Rico [en anglais] dans lequel elle a réaffirmé ses déclarations initiales et a exprimé son mécontentement à l'égard des attaques personnelles qu'elle avait reçues. Toutefois, elle a admis qu'elle avait commis une erreur dans son premier article:

… J'ai fait une erreur dans cet article, que je n'ai découverte que lorsque j'ai lu les rapports des agences de notation au sujet de l'Etat. Votre constitution exige que le principal des obligations et des intérêts soit remboursé avant que votre gouvernement puisse autoriser toutes les autres dépenses. Cela signifie que les remboursements d'obligations ont priorité sur les paiements pour l'éducation, la santé, le paiment des salaires et pensions de la fonction publique. Les marchés obligataires se réjouissent de cela, bien sûr, mais je ne suis pas sûr que vos concitoyens en soient tout à fait conscients .

Photo de vignette par Rickymar reproduite sous licence CC BY-2.0.

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