Ce billet fait partie du dossier de Global Voices sur le soulèvement en Syrie 2011/12.
Le vidéo-activiste Ali Mahmoud Othman, chef du bureau de presse de Bab Amr, a été capturé par les autorités syriennes. Ses amis et collègues le croient soumis à une torture impitoyable. Sa détention met en danger tous les militants du bureau et est un coup très sévère au journalisme citoyen en Syrie.
Othman, à l'origine un marchand de légumes, documentait l'agitation à Homs depuis les débuts de la révolution syrienne. Il était indispensable dans l'assistance à ceux qui couvraient les combats depuis Baba Amr, aidait à évacuer les journalistes étrangers hors du quartier. Il avait décidé de demeurer à Baba Amr même après la reconquête du quartier par l'armée syrienne à la suite de trois mois de bombardements.
Selon Mónica G.Prieto, correspondante du site d'information espagnol Periodismo Humano, “il ne voulait pas partir tant qu'il resterait un seul individu dans le quartier, il refusait toutes les propositions de partir”.
La vidéo ci-après montre Othman, affectueusement appelé les “yeux de Baba Amr,” parler au monde des souffrances de la population de Baba Amr. Il s'adresse à la caméra sans s'inquiéter d'être identifié, convaincu que son message serait plus fiable et atteindrait une audience plus large s'il se montrait à visage découvert :
Les révolutionnaires ont créé une page Facebook pour partager les nouvelles sur sa localisation et réclamer sa remise en liberté. Le Committee to Protect Journalists a pour sa part appelé les autorités syriennes à libérer immédiatement Othman et tous les journalistes retenus à cause de leur travail :
Les journalistes citoyens syriens documentent le soulèvement au péril de leurs vies. Le régime doit mettre fin à sa campagne pour les intimider et réduire au silence le récit de sa brutale répression.
Sa détention a retenu l'attention des médias généraux et des personnalités politiques de différents pays. Le ministre des Affaires étrangères britannique William Hague a demandé sa remise en liberté :
J'appelle les autorité syriennes à relâcher immédiatement M. Othman et les autres prisonniers politiques. Le régime syrien sera tenu responsable de la sécurité de M. Othman et de son traitement et je soulèverai l'affaire à Istanbul à la réunion des Amis de la Syrie.
Le Sénateur américain John McCain a tweeté :
Ai appris que le journaliste syrien Ali Mahmoud Othman est retenu & torturé par les forces d'Assad – le monde doit appeler à sa remise en liberté
La détention d'Othman a été amplement rapportée sur Twitter, principalement sous le mot-clé #freeothman (libérezothman). Les internautes ont aussi lancé une pétition pour exiger sa remise en liberté.
La journaliste Randa Habib a attiré l'attention sur le danger où se trouvent Othman et la militante Noura Aljiwazi, disparue à Damas le même jour :
Les figures de la résistance en
#Syria Ali Mahmoud Othman & l'activiste Noura Al-jizawi, arrêtés, leur vie en danger : Reporters Sans Frontières (RSF)
Six jours après l'arrestation d'Othman, des amis ont publié ce message sur Facebook :
C'est la 6e nuit sans la voix d'Ali et ses paroles chaleureuses. La 6e nuit qu'Ali dort les mains liées, épuisé par la torture. C'est la 6e nuit et le nom d'Ali est allé aussi loin que l'Australie, les gens réclament sa liberté. La 6e nuit que la révolution n'a pas d'Ali. Un des héros de Baba Amr, maintenant un héros de la révolution. Ses bonnes actions rappelées journellement par ceux qu'il a sauvés des blessures, journalistes, amis et famille. Liberté pour Ali Othman, un des hommes les plus courageux qui existent.
Ce billet fait partie du dossier de Global Voices sur le soulèvement en Syrie 2011/12
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