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Guinée-Bissau : Le blogueur Antonio Aly Silva arrêté et battu

Catégories: Guinée-Bissau, Cyber-activisme, Guerre/Conflit, Liberté d'expression, Médias citoyens, Advox

Aussitôt le coup d'état du 12 avril en Guinée-Bissau connu [1] [en français], ceux qui s'intéressent à la Guinée-Bissau ont su vers qui se tourner pour obtenir des informations du terrain : le blog d'António Aly Silva, Ditadura do Consenso [2] (Dictature du consensus, en portugais).

Aly Silva est l'un des blogueurs les plus réputés de ce petit pays d'un peu plus de un million d'habitants, si ce n'est  le plus important (voir cet interview que Global Voices avait fait de lui [3] en 2010, en français). En Guinée-Bissau, c'est une personnalité controversée, qui ne fait pas mystère de ses sympathies politiques. Mais personne ne peut se mesurer à lui en termes de longévité de son blog, de régularité de ses publications et de son implication dans le blogging.

António Aly Silva

Durant la nuit du coup d'état, il a été l'un des rares journalistes citoyens à  transmettre des informations depuis la capitale, Bissau, en plein chaos. Il a publié de très courts messages sur son blog depuis l'Hôpital national de Bissau, et fait ainsi de son blog un ‘live blog” des évènements.

Plus tard, il a relevé que les statistiques de son blog ont explosé, d'une moyenne quotidienne de 2 500 visites à 50 000 visites.

Vendredi 13 avril au matin, il a mis en ligne des photos de la résidence vandalisée du candidat à la présidentielle Carlos Gomes Junior [4] [en français], dont on ignorait toujours où il se trouvait au lendemain du coup d'état. Puis le blog de Aly Silva est devenu silencieux après un compte-rendu matinal des agissements des chefs militaires. Il semble qu'il ait été arrêté pendant qu'il prenait des photos ou enquêtait à proximité d'une caserne, mais il n'est pas sûr que le motif de son arrestation soit sa grande audience en ligne, ceux qui l'ont arrêté pouvant l'ignorer.

L'après-midi, la nouvelle s'est répandue sur Twitter que Aly Silva avait été arrêté et à l'heure des bulletins d'information du soir au Portugal, celui qui a la double nationalité guinéenne et portugaise était devenu une cause celèbre.

Un groupe Facebook demandant sa libération a réuni 1 900 membres [5]. Et sur Twitter, les internautes ont commencé à faire circuler sa photo [6].

Dix heures après la publication de son dernier billet, Aly Silva a refait surface [7], indiquant qu'il avait été libéré : il dit avoir été battu avec la crosse d'un fusil et souffrir d'une coupure à l'oreille. Autres précisions : il a été détenu et rossé dans le fort historique Amura [8] et la plus grande partie de son équipement utilisé pour ses reportages lui a été volé par les militaires [9] qui l'on battu.

Un de ses derniers messages sur son blog  “SOS : j'ai besoin d'un ordinateur !” [10] faisait craindre qu'il ne soit plus en mesure de bloguer mais il a depuis publié de nouveaux billets.