Cet article fait partie de notre dossier central en anglais sur les élections de 2011/12 en Égypte.
(Le billet d'origine en anglais a été publié sur Global Voices en anglais le 2 mai 2012)
Le 2 mai 2012,onze personnes ont été tuées et plus de 160 ont été blessées près du ministère égyptien de la défense (MOD) par des hommes armés après une manifestation qui réclamait la fin du régime militaire. Les manifestants avaient mené un sit-in pendant plusieurs jours devant le ministère de la défense dans le quartier d'Abbassiya au Caire, où vivent de nombreux partisans du politicien salafiste Hazem Salah Abu Ismail qui protestaient contre son exclusion de l'élection présidentielle.
Ce qui suit est le témoignage du blogueur Bassem Zakaria El-Samrag qui se trouvait au sit-in. Bassem écrit :
امبارح بالليل طبعا زي معظم الناس معرفتش أنام وصحيت الصبح مقدرتش أعمل أي حاجة غير إني أروح على الاعتصام. نزلت محطة مترو كوبري القبة ومشيت الخليفة المأمون كله الدنيا أمان والمواصلات ماشية ومفيش أي حاجة لحد ما وصلت للاعتصام عند ميدان العباسية برضه الدنيا أمان والعدد قليل جدا في الاعتصام، وأنا ضعيف في تقدير الأعداد لكن ما أظنّش إنهم يعدّوا مئات .. وصحيح مشفتش ولا يافطة لحازم أبو إسماعيل لكن أغلب المعتصمين سلفيين وده طبعا مش معناه إنهم يُعتدى عليهم أو يُسلبوا حق من حقوقهم بأي شكل من الأشكال.
La nuit dernière,comme la plupart des gens, je n'ai pas réussi à dormir et quand je me suis levé je n'ai rien pu faire d'autre qu'aller au sit-in. J'ai pris le métro jusqu'à la station Kobry El-Qobba, et j'ai marché le long de la rue El-Khalifa El-Ma'moon [à l'intersection du MOD]. Tout allait bien et la circulation était normale. Il n'y avait rien quand je suis arrivé au sit-in place Abbassiya. Tout allait encore bien avec très peu de gens présents. Je ne suis pas un expert mais je crois qu'ils étaient plus de quelques centaines. Je n'ai pas vu la moindre
bannière d'Hazem Abou Ismael mais la plupart des manifestants étaient salafistes. Bien évidement ça ne veut pas dire qu'ils méritaient d'être attaqués ou de voir leurs droits violés par quiconque et de quelque manière.
Affrontements entre les manifestants et leurs agresseurs près de la station de métro Abbassiya. Photo de l'utilisateur Twitter @adamakary.
المهم، عديت الاعتصام ولاقيت ناس من ناحيتنا محتلة الكوبري مأمّناه (وأنا مش هاقول ثوار وبلطجية .. هاقول من ناحيتنا ومن ناحيتهم) وساحة المعركة الأساسية هي موقف أوتوبيس العباسية .. الملاحظة الأساسية هي إن الناس اللي من ناحيتنا والناس اللي من ناحيتهم شبه بعض، الفرق بس إن ناحيتنا في سلفيين كتير .. السلاح الأساسي في المعركة الطوب والمولوتوف، وشفت اتنين من الناحية التانية معاهم فِرَد خرطوش .. واللي بيحصل كالآتي: احنا محتلين ساحة موقف الأوتوبيسات كله تقريبا معظم الوقت وهم واخدين البيوت في ضهرهم والطوب والمولوتوف شغال، وفي كذا فرشة خضار اتحرقت في الموقف من المولوتوف بتاعنا، وكل شوية العيلين اللي معاهم خرطوش يضربوا علينا فنرجع لنص الموقف أو نرجع لحد ما نجيبهم عند الكوبري فالناس اللي واقفة فوق الكوبري تحدف عليهم من فوق فيرجعوا ونتقدم تاني .. وهكذا، يتقدموا فنرجع ونتقدم فيرجعوا، في معركة متكافئة لأقصى حد .. مشفتش إصابات عندهم لكن شفت عندنا إصابات أغلبها من الطوب
Quoi qu'il en soit, j'ai traversé l'espace du sit-in et j'ai trouvé des gens qui sont de notre bord qui occupaient et bloquaient le pont (je ne dirai pas “révolutionnaires” ou “voyous”, je vais maintenant dire “de notre côté” ou “de leur côté”). Le principal champ de bataille était la station de bus d'Abbassiya. Ma première remarque est que les gens des deux côtés étaient très semblables ; la seule différence était qu'il y avait plus de salafistes de notre côté. Les armes étaient principalement des briques et des cocktails Molotov. J'ai vu deux personnes de l'autre côté avec des fusils de chasse. Voilà ce qu'il se passait : nous occupions la station de bus la plupart du temps pendant que l'autre côté avait les maisons derrière eux et que les briques et les cocktails molotov volaient. Un étal de légumes a été brûlé dans la station par l'un de nos cocktails molotov. De temps en temps, l'un des deux gars avec les fusils de chasse nous visait pour nous forcer à reculer dans la partie arrière de la station ou sur le
pont, jusqu'à ce que des gens qui se tenaient sur le pont leur lancent des briques pour nous permettre de revenir vers l'avant. Cette attaque s'est passée avec une grande égalité . Il n'y a eu aucun blessé de leur côté mais j'en ai vu du nôtre côté, principalement blessés par des briques.
الناس اللي بيضربوا علينا قلت إنهم شبهنا، وفيهم حتى عيال صغيرة وناس تانية بتحدف طوب حتى بطريقة ماتدلّش على إنهم محترفين إجرام .. لكن في ناس منهم شكلهم فعلا محترفين إجرام، وفي ناس من عندنا شكلهم برضه محترفين إجرام والسلاح الوحيد اللي شفته من ناحيتنا واحد معاه مطواة كان عايز يدخل الناحية التانية يجيب واد كده كان بيحاول يستفزّنا .. (بالمناسبة، أرجوكم محدش يزايد عليا في حوار الناس اللي شكلهم محترفين إجرام ده، أنا ولا شاب برجوازي ولا طبقى وسطى ولا كل الكليشيهات دي)
J'ai dit avant que les agresseurs nous étaient très semblables, il y avait même des jeunes enfants, et d'autres gens qui nous lançaient des briques d'une façon qui montrait qu'ils n'étaient pas des criminels professionnels. Mais il y avait aussi parmi eux des gens qui ressemblaient vraiment à des criminels. La seule arme que j'ai vu de notre côté était chez un homme armé d'un couteau qui voulait capturer un homme qui essayait de nous provoquer. (Au fait, s'il vous plaît ne commencez pas à me parler des gens qui ressemblent ou pas à des criminels, je ne suis pas un bourgeois ou de la classe moyenne, je n'ai rien à voir avec tous ces clichés)
Un blessé ensanglanté se faisant évacuer d'Abbassiya. Photo de l'utilisateur Twitter @sharifkouddous.
في ميدان العباسية العربيات بتعدّي عادي .. وشفت حالتين مرة عربية تاكسي ومرة عربية سوزوكي صغيرة معدية والناس حدفت عليها طوب لسبب مش فاهمه في حالة السوزوكي لكن في حالة التاكسي على حسب ما فهمت إن الراجل كان بيزمّر لهم علشان يعدّي .. وشفت حالة تانية لواحد كان ماشي وبيقول كلام من نوعية خربتوا البلد فواحد من ناحيتنا قلع له الحزام وكان هيدبّ فيه لولا الناس حاشته .. سمعت من أكتر من حد كلام عن الإحباط وعن إنها شكلها كده مش هتخلص إلا لو جبنا سلاح .. أنا مشفتش سلاح بعيني لكن كان في ناس بتتكلم عن “رغبة” مش “نية” في إنهم يجيبوا سلاح وذخيرة
الخلاصة: أنا أول مرة أبقى متلخبط لأن اللي بيدبّوا من الناحيتين زي ما قلت شبه بعض .. شكلهم مدني وماستبعدش يكون في بلطجية في الناحيتين فالموقف الأخلاقي فعلا صعب
Sur la place Abbassiya les voitures circulaient normalement, je n'ai vu que deux cas où des gens ont lancé des briques sur un taxi et sur une petite voiture Suzuki qui passaient. Je n'ai pas compris pour la Suzuki,mais pour le taxi, d'après ce que j'ai compris, le chauffeur klaxonnait excessivement pour passer . Dans une toute autre affaire, un piéton a crié “Ils ont détruit le pays !”, alors un homme de notre côté a enlevé sa ceinture pour le frapper mais quelqu'un l'a arrêté. A plusieurs reprises j'ai entendu des remarques de gens en colère disant qu'on n'en finira pas sans armes. Je n'ai pas vu d'armes, il y avait des gens qui parlaient de ça comme d'un souhait, et pas seulement d'une intention d'amener des armes et des munitions.
En résumé : pour la première fois, j'étais perdu, parce que comme je le disais, les deux côtés se ressemblaient vraiment. Ils ressemblaient à des civils mais je ne dis pas qu'il n'y avait pas de criminels des deux côtés. Moralement parlant, la situation est vraiment compliquée.
Cet article fait partie de notre dossier spécial en anglais sur les élections de 2011/12 en Égypte.