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Yémen : 90% des femmes victimes de harcèlement sexuel ?

Catégories: Afrique du Nord et Moyen-Orient, Yémen, Cyber-activisme, Femmes et genre, Manifestations

Le 2 mai dernier, un article [1] [en arabe] publié dans le journal panarabe Al Hayat [2] affirmant que 90% des femmes yéménites avaient subi un harcèlement sexuel, a provoqué des remous parmi les internautes.

Bien que de nombreux Twittos admettent qu'il y ait un problème de harcèlement au Yémen, le pourcentage donné par le journal les a divisés.

Marwan Almuraisy a voulu que le journal présente ses excuses :

@almuraisy [3] : Envoyez des tweets à ce compte avec ce mot clé jusqu’à ce que le journal Al Hayat s’excuse pour cette faute professionnelle grave. ‎‪#AlHayatFail‏ ‎@alhayatdaily

Almuraisy ajouta dans un tweet au rédacteur en chef adjoint d’Al Hayat, Jameel Theyabi :

@almuraisy [4] : Toute personne juste sait que le chiffre de 90 % est inacceptable même dans la société la plus libérale et la plus décadente et donc impossible dans une société aussi conservatrice qu’au Yémen. #AlHayatFail‏ ‎@JameelTheyabi

Abeer Al Yosofi se demandait :

@im_abeer [5] : Jusqu'à quand les Yéménites seront elles victimes de reportages injustes et sans fondement ? #yemen

Elle ajouta :

@im_abeer [6] : Je m’insurge contre ce pourcentage et ne peut accepter que le harcèlement dans mon pays soit supérieur à celui de pays où le harcèlement est de 100%. Oui, il y a du harcèlement verbal, mais il n’atteint pas 90% et ce n’est pas partout.

[7]
Caricature contre le harcèlement par Mohammed Al Ridaei. Image de la page Facebook de la campagne Sécurité dans les rues.
Toutefois, d'autres personnes pensaient que le problème devait être abordé. Lamis Al Wadeai tweeta :

‏@MiSo0o0o0o [8] : Je défie n'importe quel homme qui nie ceci de porter une abaya, de se couvrir le visage et d'aller dans les marchés et les universités ou dans les autobus du Yémen … et après il pourra venir contester le pourcentage.

Muna tweeta :

@ArabsUnite [9] : Je n’arrive pas à croire que certains soient surpris au Yémen par le fort % de femmes ayant subi le harcèlement. Vouloir le changement, c'est reconnaître les défauts de notre société.

Alia Eshaq essaya de clarifier la définition du harcèlement :

@aliaeshaq [10] : Précision : le harcèlement inclut tout ce qui est dit ou fait, et il n’y a aucune Yéménite qui n’ait été harcelée au moins verbalement. Luttez contre ce phénomène si vous êtes en colère.

Najla Al Hamadi dirigea vers un article du Yemen Times [11] [anglais] sur une initiative visant à combattre le harcèlement dans les rues. Elle ajouta quelques suggestions personnelles :

@NajlaAlhamadi [12] : Solutions : 1. Changer la perception négative que la société a envers les femmes – 2. Faire passer des lois pour dissuader les harceleurs – 3. Faire passer des lois protégeant les femmes et les aidant à maintenir leur dignité.

Le militant et blogueur Ghaidaa Motahar [13] a commencé l’an dernier une campagne contre le harcèlement sexuel au Yémen baptisée Sécurité dans les rues [14] (Facebook [15]) [arabe]. La campagne a fait cette vidéo [16] [arabe] pour sensibiliser et combattre le harcèlement :

Mohammed Alnehmi commente :

@m_alnehmi [17] : Même si le chiffre n’est que de 10 % soutenez la campagne pour la Sécurité dans les rues et arrêtez les harceleurs.

Le journal Al Hayat s’est excusé pour le fort pourcentage cité en disant qu’il s’agissait d’un chiffre exagéré basé sur une étude régionale.

Plutôt que de s'attaquer au problème et proposer des solutions, beaucoup de temps et d'efforts ont été perdus à débattre et rejeter le chiffre, qui était extrêmement élevé. Que nous l'admettions ou pas le harcèlement sous toutes ses formes – regards, mots ou actes – est très répandu. C'est quelque chose dont beaucoup de femmes dans les principales villes du Yémen, tout comme dans d'autres pays de la région, sont victimes. Le phénomène doit être admis et pris correctement en compte en commençant par l'enseignement de valeurs familiales correctes qui seraient  intégrées dans le système éducatif, la conception de campagnes médiatiques pour lutter contre le harcèlement, et l'introduction et l'application de lois. De cette façon, nous serons en mesure de profiter de rues sûres.