Le 12 mai (abrégé en Espagne en 12M), le mouvement des indignés a non seulement démontré qu'il n'est pas épuisé, mais qu'il bénéficie toujours d'un fort soutien populaire. Un an à peine après sa naissance, le 15M (nom du mouvement à sa naissance, le 15 mai 2011) a de nouveau réuni des dizaines de milliers de personnes mécontentes et indignées par les agissements des gouvernements et la gestion de la crise européenne.
Bien que des manifestations aient eu lieu dans toute l'Espagne, Madrid et Barcelone ont de nouveau joué les protagonistes de pointe dans le mouvement des indignés. Le 12 mai vers 20h, la manifestation s'est concentrée à la Puerta del Sol de Madrid, symbole de cette révolution sociale. Dans une ambiance pacifique et festive, les quatre marches venues des différents points cardinaux de la capitale se sont retrouvées sur la place centrale. A 22h, heure à laquelle le gouvernement avait fixé la fin de l'autorisation de la manifestation, la foule était toujours rassemblée au kilomètre zéro (Sol), et la police n'a pas tenté d'évacuer la place. Comme prévu, à minuit, la foule a procédé à un “cri de silence”, après lequel ont repris les slogans revendicateurs, les batucadas et les applaudissements. Les indignés ont également chanté Joyeux anniversaire pour fêter la première année du mouvement. Ils se sont ensuite dirigés vers les policiers en criant à plusieurs reprises : “Policiers rejoignez-nous!”
Les autorités sont cependant intervenues tard dans la nuit, afin d'empêcher 300 manifestants de camper dans le centre. Des interventions ont eu lieu dans plusieurs villes espagnoles. L'année dernière, le mouvement n'avait pas été interrompu, et les indignés avaient pu rester dans les rues, où s'étaient tenues des assemblées ainsi que différentes activités. Cette fois, les manifestants ont répondu en criant “Non violence” mais tous ont été évacués de force, et la police a procédé à 18 arrestations. Les jours suivants, les indignés sont revenus sur les places. Sur internet, ils dénoncent les violences policières, la tentative de créer une peur du mouvement et de faire taire leurs voix.
Dans un communiqué de la Commission Légale de Sol publié suite à ces évènements, #AcampadaSol conclut :
Une fois de plus, les droits s'obtiennent par leur exercice. Parce que l'espace public est le patrimoine de la citoyenneté, un lieu d'échange d'idées sur ce qui nous concerne, pour la construction collective d'un avenir commun. C'est une des prémisses sur lesquelles doit s'établir un Etat qui aspire à se considérer démocratique.
Les réflexions circulent sur les réseaux sociaux. Le blog Principia Marsupia a souhaité partager ses impressions après avoir été évacué de Sol, dans un post intitulé L'évacuation de Sol et la pire humiliation de ma vie :
A mon avis, le gouvernement devrait être satisfait du fait que le désespoir généré par la crise se canalise dans un mouvement comme le 15M, majoritairement pacifique. Les événements passés, fruits de la souffrance sociale (fermeture des chantiers navals en Galice ou des mines en Asturies) suffisent à comprendre que lorsque règne le désespoir, la violence éclate. Auparavant, les barricades de pneus en feu et les cocktails Molotov constituaient les ingrédients habituels des manifestations. Le symbole du 15M, ce sont des tentes de camping.