Au cours de ces dernières semaines, les médias israéliens ont fait état de deux cas de viols commis par des demandeurs d'asile érythréens et soudanais sur des femmes juives, ce qui a provoqué une nouvelle vague de racisme à l'égard des demandeurs d'asile en Israël.
Israël compte actuellement 45 000 demandeurs d'asile sur son territoire ; plus de 80% d'entre eux viennent de l'état d'Erythré et du Soudan, et ne peuvent pas prétendre [anglais] au statut de réfugiés en Israël. Au lieu de cela, ils sont considérés comme étant en liberté conditionnelle temporaire, jusqu'à ce que leur déportation soit possible. Mais, puisque de telles déportations mettraient leurs vies en danger, elles sont actuellement illégales, en vertu des lois internationales et israéliennes.
Le gouvernement israélien affirme que ces demandeurs d'asiles sont en fait des émigrés économiques illégaux et refuse de leur garantir quelque droit que ce soit. Les plus hauts dignitaires israéliens, y compris le ministre de l'intérieur, Eli Yishai [français], et le premier ministre Netanyahou n'ont cessé de proclamer [anglais] que les réfugiés posaient un problème démographique, en plus d'être une menace pour la sécurité nationale du pays.
Suite à ces deux viols, Yishai a déclaré [anglais] lors d'une interview que “la plupart des infiltrés africains étaient impliqués dans des délits” et que la solution serait de les enfermer tous et de les déporter. Pourtant, les chiffres de la police montrent [anglais] que le taux général de criminalité en Israël est deux fois plus élevé que le nombre d'africains qui y séjournent.
Le blogueur Shooky Galili a rédigé un article [hébreux] sur la politique du gouvernement qui consiste a envoyer les réfugiés dans les quartiers les plus pauvres de Tel Aviv dès qu'ils sont sortis des camps de détention (dans lesquels ils entrent à peine ont-ils traversé la frontière avec l'Egypte) :
Sigal Rozen, activiste renommée de la défense des droits des réfugiés qui œuvre pour la hotline des travailleurs migrants (dont les employés ont reçu la semaine dernière des menaces de morts [anglais] pour avoir aidé des réfugiés), décrit les conséquences d'une telle incitation [anglais]:
Pour les résidents du sud de Tel Aviv, où la plupart des réfugiés sont concentrés, il est évident que les taux officiels de criminalité ne comptent pas. Leur sentiment subjectif de peur est compréhensible. Les déclarations irresponsables des chefs de service de police, associées à la couverture médiatique des récents événements et aux discours des ministres et des membres de la Knesset, ont amené les résidents à croire que tous les africains qu'ils croisent dans la rue sont des criminels. Cette croyance, et le fait que les rues de leurs voisinages soient en effet remplies de nouveaux venus africains, amène les habitants de ces quartiers à croire que les autorités les abandonnent. Mais un tel discours a des conséquences dangereuses. Au cours du dernier mois, le nombre d'agressions commises par un Israélien contre un africain a augmenté de façon spectaculaire. Dans le sud de Tel Aviv, de nombreux cocktails Molotov furent lancés dans des maisons [anglais] de résidents africains, à deux reprises et à une semaine d'intervalle.
Sur le blog the 7th Eye, le professeur Moshe Negbi a décrit le rôle des médias israéliens [hébreux] :
חיוני להזכיר למנסחי הכותרות ולכתבי הפלילים כי סעיף 14 לתקנון האתיקה של מועצת העיתונות – שכותרתו “אפליה וגזענות” – אוסר לאזכר את שיוכו של עבריין או חשוד למגזר כלשהו, אלא אם יש לשיוך האמור קשר מובהק וברור לעבריינותו. […] ברור שהכותרות “אריתריאים חשודים בתקיפה בדרום תל-אביב” ו”אפריקאי חשוד בשוד” אף הן עבירות קשות על הסעיף האמור, משום שבאזכור מוצאו האתני של העבריין יש כדי להטביע אות קין במצחם של כל בני עמו או גזעו.
כאשר הדבר נעשה בהקשר לתקיפות מיניות, העבירה חמורה ומסוכנת שבעתיים, משום שהפחד מ”הזר האפל”, המאיים כביכול על תומתן של בנותינו, הוא חומר הבעירה הגזעני הקטלני ביותר. מקומם שעורכים וכתבים מזינים בניסוחיהם את חומר הבעירה הזה. לא למותר לציין כי 85% מהתקיפות המיניות לא רק שאינן מבוצעות על-ידי “זר אפל”, אלא אחראים להן מכרים, קרובים או מעסיקים של הנאנסות.
Il est primordial de rappeler aux rédacteurs en charge des gros titres et aux enquêteurs criminels que l'article 14 du code de déontologie du conseil de la presse israélienne, intitulé “Discrimination et Racisme”, interdit de mentionner les origines sociales d'un criminel ou d'un suspect, sauf si ces origines sont clairement en lien direct avec le crime commis.[…] Il est évident que des gros titres comme “Des érythréens suspectés d'aggresions dans la banlieue sud de Tel Aviv” et “Un africain suspecté de vol” sont des violations graves à l'article mentionné ci-dessus, puisque le fait d'invoquer l'origine ethnique du criminel implique le peuple ou la race auxquels il appartient.
Quand il s'agit d'agressions sexuelles, la violation [du code de déontologie] est bien plus grave, dans la mesure où la peur de “l'étranger à la peau noire”, qui est censé être une menace pour l'innocence de nos filles, est l'arme raciste la plus destructrice qui soit. Il est absolument choquant que des rédacteurs et des journalistes nourissent de telles peurs avec leurs articles. Il va sans dire que 85% des agressions sexuelles [en Israël] n'impliquent pas un “étranger à la peau noire”, mais qu'elles sont commises par une connaissance, un proche ou l'employeur de la victime du viol.
Yossi Gurvitz, blogueur et un des leaders de la gauche israélienne, fait part de son opinion [anglais]:
Quand la presse israélienne titre sur un viol commis par des “étrangers,” il y a un message subliminal. Elle informe ses lecteurs que quelque chose de plus grave que le viol a été commis : c'est le sang et l'honneur du peuple juif qui ont été bafoués, il y a eu défloration de l'honneur d'une fille d'Israël.
Sur son blog, Room 404, Ido Kenan a rapporté les commentaires racistes [hébreux] publiés par certains Israéliens en réponse aux requêtes faites par la police pour retrouver une fillette érythréenne de cinq ans qui avait disparu (et a été retrouvée par la suite) dans le quartier sud de Tel Aviv :
Avishay Vas: “תבדקו בחניונים…אולי סודני תקף אותה…”
[Par exemple] Avishay Vas: regardez dans les parkings…Peut-être qu'un Soudanais l'a agressée…
Rapides à plaisanter sur tout, les Israéliens se sont également laissés aller sur Twitter à des commentaires sur la vague grandissante de racisme à l'égard des africains :
Ayelet a raillé :
Erez Raviv a plaisanté sur le sujet :