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Inde : La nouvelle centrale nucléaire du Tamil Nadu provoque des inquiétudes

Catégories: Asie du Sud, Inde, Catastrophe naturelle/attentat, Droit, Environnement, Gouvernance, Manifestations, Médias citoyens

Le Projet d’Énergie Nucléaire de Kudankulam (Kudankulam Nuclear Power Project – KKNPP) [1] en cours de construction dans le district de Tirunelveli, dans le Tamil Nadu, Inde, soulève des inquiétudes : il présenterait certaines vulnérabilités similaires à celles de la désastreuse centrale nucléaire de Fukushima [2] au Japon. Les opposants craignent [3] qu'en cas de tremblement de terre suivi par un tsunami dans l'Océan Indien, il pourrait se produire un accident similaire – des fuites radioactives – à celui de la centrale nucléaire côtière japonaise en 2011.

La construction a démarré il y a plus de dix ans et le KKNPP doit entrer prochainement en fonctionnement. S. P. Udayakumar, du mouvement “Mouvement Populaire Contre l’Énergie Nucléaire (‘People's Movement Against Nuclear Energy’ – PMANE en anglais) énumère 13 raisons [4] pour lesquelles les opposants et les riverains ne veulent pas du démarrage de la centrale nucléaire. Il souligne que :

Plus d'1 million de personnes habitent dans un rayon de 30 km du KKNPP, ce qui dépasse largement les stipulations de l'AERB (Bureau Régulateur de l’Énergie Atomique – “Atomic Energy Regulatory Board”). Il est vraiment impossible d'évacuer tant de personnes rapidement et efficacement en cas de catastrophe nucléaire à Koodankulam.

Protest campaign against Koodankulam Nuclear Power Plant. Image courtesy Kracktivist, used with permission. [5]

Campagne de protestation contre la Centrale Nucléaire de Koodankulam. Image fournie par Kracktivist, utilisée avec permission.

Protestations et arrestations

Pour illutrer la répression des protestataires par le gouvernement, Kracktivist [6] cite :

Entre le 10.9.2011 et le 23.12.2011, la police a déposé 107 FIR (procès-verbal d'enquête sur le terrain – “field investigation reports”) contre 55 795 personnes et “autres,” parmi lesquels 6 800 ont été accusés de “sédition” et / ou “d'entrer en guerre contre l’État”.

En mars 2012, la police a arrêté [7] environ 200 manifestants anti-nucléaire objectant contre la reprise du travail sur l'un des deux réacteurs d'1 GW (gigawatt=1000 mégawatt), un jour après que le gouvernement local ait redémarré les travaux sur le projet. Un Contentieux d’intérêt public a aussi été déposée contre le KKNPP à la Cour Suprême d'Inde. Amnesty International [8] a écrit une lettre au Premier Ministre exprimant sa consternation devant la détention des protestataires. Cependant, il y a également eu des rassemblements et des protestations en faveur [9] de la mise en service de la centrale nucléaire.

Les protestations se sont poursuivies [10] avec le lancement de trois campagnes contre la centrale nucléaire de Kudankulam par le Mouvement Populaire Contre l’Énergie Nucléaire (PMANE), selon Kracktivist [5]:

Une collecte de signatures des villageois s'opposant à la centrale nucléaire ainsi que la renonciation à leur carte électorale sera observée dans 60 villages appartenant à trois districts environnants pendant qu'une campagne “Respectez l'Inde” sera lancée dans tout le pays.

Le 9 mai, environ 23 000 personnes appartenant à neuf villages du Tamil Nadu ont renoncé à leur carte électorale [11] pour attirer l'attention sur le silence maintenu autour des protestations pacifiques contre le KNPP. Le gouvernement ne l'a pas pris à la légère : Kracktivist [12] a également rapporté que des milliers d'agents de police ont été déployés près du village d'Idinthakarai ou des incidents sont probables.

Selon un communiqué de presse [13], “Le Mouvement Populaire Contre l’Énergie Nucléaire (PMANE) a annulé l'événement prévu à Idinthakarai le 10 mai 2012 étant donné que les autorités du District ont renforcé les ordonnances d'interdiction telles que la 144 dans et autour de la zone de Kudankulam”.

Protesters on hunger strike. Image courtesy DiaNuke, used with permission. [14]

Protestataires en grève de la faim. Image fournie par DiaNuke/Aaam Janata, utilisée avec permission.

Cependant, quelques 9000 personnes ont tout de même participé à un sit-in, parmi lesquelles plusieurs centaines ont entamé un jeûne a durée indéterminée [15]. La grève de la faim dure depuis le mois dernier [16]. DiaNuke [14]/Aam Janata ont mis en ligne des  photos  [17]de Kudankulam représentant des femmes en grève de la faim et des villageois vivant avec une peur constante.

Le Ministre en Chef du Tamil Nadu, Mme Jayalalithaa [18], a émis le souhait que la centrale commence à fonctionner bientôt. Anuj Wankhede de DiaNuke [19] a proposé un débat avec M. M R Srinivasan, l'ancien chef de la Commission Indienne sur l’Énergie Atomique, quant à savoir si les réacteurs de Kudankulam sont vraiment les “plus sûrs au monde”, comme le prétendent les autorités.

Les activistes anti-Kudankulam sont prêts à mettre fin à leurs protestations [20] si le gouvernement répond à leurs demandes.