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RDC: Poursuivi par le CPI, Bosco Ntaganda repart en guerre dans le Nord Kivu

Catégories: Afrique Sub-Saharienne, République Démocratique du Congo (RDC), Droit, Gouvernance, Guerre/Conflit, Médias citoyens, Relations internationales

Le Nord Kivu est de nouveau sous tension, après deux années passées sans affrontement.  Tout commence quelques jours seulement après la condamnation de Thomas Lubanga par la cour Pénale internationale CPI le 14 Mars dernier pour crime de guerre et crime contre l’humanité commis en ituri dans la province orientale de la RDC. Il est condamné également pour enrôlement des enfants de moins de 15 ans dans ses troupes. La confirmation de la condamnation de Thomas Lubanga, inquiète Bosco Ntaganda [1], l'ex-chef d'état-major de la rébellion congolaise du Congrès national pour la défense du peuple [2] (CNDP) qui est depuis 2006 sous un mandat d’arrêt émis par la cour pénale internationale pour des crimes similaires.

Voici une vidéo par Human Rights Watch qui explique le parcours de Bosco Ntaganda [en]:

Défection dans les rangs de l'armée

Quelques jours seulement après l’annonce de la condamnation de Thomas Lubanga, Des militaires ex CNDP répondant aux ordres du général Bosco Ntaganda ont fait défection au sein de l’armée National. Ces militaires avaient rejoint le rang des FARDC Forces armées de la république démocratiques du Congo en 2009 à la suite d’un accord de paix signé entre le CNDP et le Gouvernement congolais. A la suite de ce même accord, Bosco Ntaganda a été également promu général au sein des forces armées de la RDC.
Mélanie Gouby à Goma écrit [3] à propos de ces défections :

Une défection des plus de 300 soldats appartenant à l’ex rébellion du CNDP Congres national pour la défense du peuple CNDP ont désertés les rangs des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) L’armée régulière de la RDC en répondant vraisemblablement à L’ordre du General Bosco Ntaganda Commandant des opérations des FARDC au Nord Kivu.

Alors que les défections des militaires au sein de l’armée régulière continuent,  le gouvernement congolais subit une forte pression  de la communauté internationale qui souhaite que Bosco Ntaganda soit arreté. Les ONG des droits de l’Homme au Nord Kivu ont également fait pression mais la décision du Gouvernement congolais reste ferme en ce qui concerne l’arrestation de Bosco Ntaganda. Il  est en effet perçu par le gouvernement comme un élément stabilisateur [4] de la situation à l’est de la RDC:

 Surnommé “Terminator”, le général Ntaganda est visé depuis 2006 par un mandat d'arrêt de la CPI pour enrôlement d'enfants quand il était dans une milice au début des années 2000. Le gouvernement de RDC a toujours refusé de l'arrêter, estimant que la paix dans la région du Nord-Kivu déchirée par une succession de conflits prévalait sur la justice internationale.

Avant que les affrontements ne commencent, le Président de la République Joseph Kabila Kabange lors de son passage à Goma a dit « ne jamais céder à la pression de la communauté internationale pour arrêter Bosco Ntaganda. [5] » Mais il a néanmoins pour la première fois, émis son intention de mettre la main sur Ntanganda [6].
Cette affirmation du chef de l’Etat a eu une forte influence sur la décision de Bosco Ntaganda de ne pas se livrer à la CPI. Pour manifester son désaccord, Ntanganda a décidé de retourner dans le maquis et de commencer une nouvelle rébellion. Cette nouvelle donne a créé une forte panique chez la population vivant dans le Nord Kivu.

La population civile affectée

[7]

Population déplacée par les affrontements. Photos de ENOUGH project sur FlickR license CC-BY

Des nouveaux affrontements commencent dans le territoire de Masisi et des Rutshuru [8] où des milliers de personnes déplacées se retrouvent sans abris en allant chercher refuge dans des zones de non-conflits tels que Mumbambiro et Goma.
Les villages de Sake et Mugunga et même la ville de Goma accueillent des milliers de personnes déplacées qui vivent dans des conditions déplorables. Dans le camp de MUGUNGA III, non loin de la ville de Goma, vit  plus de six milles sept cents déplacés en provenance de Masisi, de Rutshuru et de Walikale [9]où les affrontements continuent selon le président de ce camp Bikorera claude. Il ajoute que le 04 mais dernier, ce meme camp a fait objet d’une attaque d’ hommes armés qui a occasionné au moins cinq blessés.

Ces déplacements ont aussi occasionné également des déplacements de refugiés congolais vers le Rwanda [4] :

  Plus de 20.000 Congolais, pour plus de la moitié des enfants, ont fui au Rwanda pour échapper aux violents combats opposant depuis le début du mois l'armée aux soldats ex-rebelles dans l'est de la RD Congo.

Ainsi, Radio Okapi rapporte que [10] :

Les réfugiés congolais continuent à affluer au camp de Nkamira, à plus ou moins 20 Km de la ville de Gisenyi au Rwanda. Leur nombre est passé, en l’espace de quatre jours, de cinq mille à plus de sept mille, ont indiqué, ce vendredi 11 mai, des sources locales. Au moins deux mille personnes se sont rajoutées, depuis dimanche dernier, aux cinq mille autres réfugiés congolais enregistrés à Nkamira au Rwanda. Ces derniers ont fui les récents affrontements de Masisi au Nord-Kivu entre les militaires des FARDC et les déserteurs jugés proches du général Bosco Ntaganda.

Mais selon des témoignages des certains déplacés rencontrés à Mugunga , une partie des déplacés qui sont aller jusqu’au Rwanda sont originaire du Rwanda et seraient rentré vers leurs communes d'origines.

Après le déplacement massif de population à la suite des affrontements, le gouvernement congolais a repris le contrôle des différentes localités qui étaient déjà sous contrôle de l’armée loyaliste des rebelles du CNDP.  Mais sera-t-il possible de retrouver Ntaganda et de le livrer à la CPI  dans ces conditions ?