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Yémen : Le Cheikh, les femmes et le New York Times

Catégories: Afrique du Nord et Moyen-Orient, Yémen, Droits humains, Femmes et genre, Manifestations, Média et journalisme, Médias citoyens

Ce billet fait partie du dossier de Global Voices sur la révolution au Yémen 2011 [1].

Les femmes yéménites [2] ont joué un rôle important dans la révolution de leur pays l'année passée. Elles étaient au premier rang de nombreux défilés et ont donné l'exemple de l'intrépidité et de la constance. Les internautes ont donc été ulcérées par les propos insultants qu'auraient tenus Sheikh Hamid Al-Ahmar, un membre de la direction du parti politique Al Islah, sur les femmes révolutionnaires du Yémen, et publiés dans un article du New York Times du 23 mai sous le titre “Les nombreuses factions du Yémen attendent avec impatience une résolution [3].” [liens en anglais sauf mention contraire]

Les remarques litigieuses étaient :

Interrogé sur la place, il est passé à un ton plus acéré : “Il y a eu de la mauvaise conduite, qui a transformé la place en discothèque ! Ces femmes voulaient aller la main dans la main avec leur petits amis en amoureux dans la manifestation. C'est mal et contre notre religion.”

Atiaf Alwazir, une des nombreux activistes yéménites a exigé des excuses du Sheikh. Elle a tweeté :

@WomanfromYemen [4]: j'exige que Hamid al-Ahmar s'excuse d'avoir insulté les femmes révolutionnaires en parlant au new york times ‪#yemen‬

Amal Albasha, une militante de premier plan et de la première heure, qui est aussi Présidente du Forum arabe des Soeurs pour les Droits Humains (SAF), a écrit un billet de blog [5] (en arabe) exigeant des excuses du Sheikh. Elle écrit :

الجدير بالذكر أن الإساءة والتعريض بالثائرات اليمنيات في ساحات الثورة منذ إندلاعها في بداية العام الماضي ليس بالأمر الجديد علينا, إنما الجديد في الأمر الآن هو ان تأتي هذه المرة من طرف يقدم نفسه كثائر ومدافعاً وداعماً للثورة وساحاتها ومسيراتها برجالها ونسائها وهذا أقسى وأمر
Que les femmes révolutionnaires des places de tout le Yémen se fassent insulter depuis le commencement du soulèvement au début de l'année dernière, n'est pas nouveau pour nous. Ce qui l'est maintenant, c'est que cela vienne d'un personnage qui se présente comme un révolutionnaire et un défenseur et sympathisant de la révolution, de ses places, marches, et de ses hommes et femmes. Voilà qui est plus rude et plus cruel.

Summer Nasser a tweeté sa consternation :

@SummerNasser [6]: #Yemen: Diffamer les femmes est contre notre religion. Faire des suppositions est contre notre religion. Aussi, (suite)

@SummerNasser [7]: #Yemen: Aussi, ce que dit Hamid est sans fondement et contre notre religion.

Et de s'interroger :

@SummerNasser [8]:
Mais où est donc @TawakkolKarman dans cette déclaration d'Al-Ahmar ?

Luai Ahmed tweete sa colère :

‏@JustLuai [9]: Hameed Al-Ahmar a besoin qu'on lui jette des oeufs… Des oeufs en forme de briques… et en briques.

And Sam Waddah note :

@SamWaddah [10]: Je suis ulcérée par la déclaration irresponsable de ce gros con d'Al-Ahmar sur les courageuses femmes du #Yemen‬ qui ont fait l'admiration du monde entier ! Ecoeurant !

Le même soir, le compte Twitter de Sheikh Hamid Alhamar [11] publiait une mise au point où il démentait avoir tenu ces propos.

المكتب الإعلامي للشيخ حميد الأحمر ينفي صحة مانشر بصحيفة نيويورك تايمز —————————– أعرب… ‎http://fb.me/1FGZ11oxx [12]
Le service de presse de Sheikh Hamid Alahmar dément les propos publiés par le New York Times…..

Afrah Nasser [13] a mis en ligne une lettre adressée au New York Times par la militante féministe yéménite Sarah Jamal [14] dans son billet de blog [15], avec une traduction du démenti par le Sheikh de ses déclarations.

Sarah a réclamé une réponse du journal respecté :

Nous vous prions de bien vouloir nous aider en tant que journalistes du seul et unique New York Times à connaître la vérité sur cet entretien étant donné que nous allons assigner en justice Hamid Al-Ahmer dont le seul moyen de nous en empêcher serait un enregistrement prouvant qu'il n'a pas tenu les propos cités dans l'entretien. J'attendrai votre réponse avec toute la foi que j'ai dans ce journal dont la lecture m'a accompagnée depuis toute jeune.

Tandis que Marwan Almuraisy tweetait au NYT :

@almuraisy [16]: Cher @nytimes Pourriez-vous nous communiquer en ligne l'enregistrement audio de l'entretien ? http://bit.ly/KI2jAz ‪#Yemen‬

Le 31 mai, Atiaf Alwazir tweetait :

@WomanfromYemen [17]: @nytimes pourriez-vous svp répondre aux allégations de Hamid Al-Ahmar d’ “invention de toutes pièces” ici http://www.nytimes.com/2012/05/24/wor [3] … ‪#yemen‬

Elle relançait le 4 juin :

@WomanfromYemen [18]: @newyorktimes n'a pas réagi aux nombreuses requêtes d'activistes du Yémen sur un article précédent sur #Yemen‬ & les femmes.

Sarah Jamal a tweeté le même jour :

@Sarah_Sanaa: [19] ‪#Newyorktimes‬ merci de répondre aux affirmations de #Hamidalahmar‬ de déformation de ses propos..

Afrah Nasser tweete :

@Afrahnasser [20]: la réputation du @nytimes est en jeu. Hamid al-Ahmer dément les propos que celui-ci lui attribue. ‪#Yemen‬ ‫#حميد_الأحمر‬

Un défilé a eu lieu à Sanaa en l'honneur du rôle des femmes du Yémen, pour condamner l'injustice qui leur est faite et exiger des excuses de Sheikh Hamid Alahmar ainsi qu'une clarification du New York Times. (Vidéo postée par : ahrartagheer1 [21])

http://www.youtube.com/watch?v=WRdP7vH3nQM&feature=youtu.be

L'auteur a tweeté :

@NoonArabia [22]: Nous attendons l'enregistrement audio de l'entretien du @nytimes avec Sheikh Hamid Al-Ahmar & demandons des excuses par retour de l'un ou l'autre. ‪#Women‬ of ‪#Yemen‬

Au jour de parution de ce billet, le prestigieux quotidien continue à ignorer la demande de clarification des militantes yéménites.

Ce billet fait partie du dossier de Global Voices sur la révolution au Yémen 2011 [1].