Colombie : Rosa Elvira Cely, violée et assassinée

La semaine dernière, la Colombie a découvert le cas de Rosa Elvira Cely [en espagnol], âgée de 35 ans, qui a été retrouvée tôt dans la matinée du 24 mai dans un endroit isolé du Parc National de Bogotá. Elle avait appelé le numéro d'urgence 123 deux fois ; c'est le bruit du petit ruisseau non loin d'elle qui a guidé les autorités à l'endroit où elle se trouvait, inconsciente, tremblante, le visage contusionné, une plaie dans le dos et empalée, probablement sur une branche d'arbre. Elle est morte le lundi 28 mai d'une inflammation du péritoine dans un hôpital au centre-ville de Bogotá.

L'histoire a paru en premier lieu [en espagnol] le 29 mai dans un tabloïd publié par le plus grand journal de Colombie et a fait son chemin lentement dans les autres médias. Elvira Cely travaillait comme marchande ambulante devant l'Hôpital militaire, avait une fille de 11 ans et était en train de terminer ses études secondaires, souhaitant devenir psychologue.

Ce cas brutal de viol et meurtre a engendré une nouvelle vague d'indignation dans les médias sociaux: avec des hashtags comme #RosaElviraCely et #NiUnaMás (“pas une de plus”), les utilisateurs de Twitter se sont joints à la manifestation et ont montré leur indignation. Il y a eu aussi des débats animés [en espagnol] pour savoir si la peine de mort ou l'emprisonnement à perpétuité devrait être appliqué aux violeurs et meurtriers.

Ceci a aussi produit une manifestation [en anglais] dans la matinée du dimanche 3 juin dans le même Parc National. Des centaines de personnes ont assisté au rassemblement pour exiger que justice soit faite. L'événement commençait à dix heures du matin (heure locale) par un rassemblement où Elvira Cely et d'autres victimes de la violence contre les femmes (y compris les femmes tuées à Ciudad Juárez, au Mexique) ont été commémorées. Environ 45 minutes plus tard, les manifestants se sont rendus à l'endroit où Elvira Cely a été retrouvée, où ils ont prié, crié, chanté : un homme en sanglots a demandé pardon au nom de tous les hommes pour le meurtre.

Assemblée au Parc National de Bogotá, le 3 juin 2012

Rassemblement dans le Parc National de Bogotá, le 3 juin 2012

Assemblée au Parc National de Bogotá, le 3 juin 2012

Rassemblement au Parc National de Bogotá, le 3 juin 2012

Des centaines de personnes marchent à l'endroit éloigné du Parc National où Cely a été retrouvée

Des centaines de personnes marchent vers l'endroit éloigné du Parc National où Elvira Cely a été retrouvée

Une bannière avec une photo de Cely pend d'un arbre près de l'endroit où elle a été retrouvée

Une bannière avec une photo de Elvira Cely accrochée à un arbre près de l'endroit où elle a été retrouvée

Des fleurs, des bannières et des bougies marquent l'endroit sous l'arbre où Cely a été retrouvée

Des fleurs, des bannières et des bougies marquent l'endroit sous l'arbre où Cely a été retrouvée

Le texte espagnol sur cette bannière signifie: 'Assez de meurtres, viols, brûlures d'acide. Il faut de la sévérité contre le crime'

Le texte espagnol sur cette bannière signifie : 'Assez de meurtres, viols, brûlures à l'acide, plus de sévérité contre le crime'

Le texte espagnol sur cette bannière signifie: 'Ce n'était ni la jupe, ni l'alcool, l'heure ou l'endroit. Rien ne justifie une agression sexuelle! Pas une de plus!'

Le texte espagnol sur cette bannière signifie: 'Ce n'était pas la jupe, l'alcool, l'endroit, l'heure !! Rien ne justifie l'agression sexuelle ! Pas une de plus!!'

Toutes les photos ont été faites par l'auteur de l'article en espagnol et sont publiées sous une licence Creative Commons – Attribution [L'ensemble des photos sur Flickr]

D'autres photos peuvent être trouvées sur Mike's Bogotá Blog [en anglais], Soy Periodista [en espagnol], cette recherche Flickr et le compte Flickr d'lncognito [en espagnol] (de Cali).

Dans la blogosphère, la journaliste Gloria Ortega Pérez a publié un article [en espagnol] riche en photos du rassemblement. Elle a compilé également plusieurs cas récents de la violence contre les femmes en Colombie. Elle déclare :

Rosa Elvira no murió en vano. Se cercioró, antes de perder la conciencia, de exponer a su asesino, al sistema de “reacción inmediata” que jamás reaccionó, al aparato de salud indecente que estratifica la vida, a la justicia que le garantizó a su asesino la impunidad. Nos expuso a todos como sociedad. A todos, dueños orgullosos de una Constitución magnífica, que solo existe en el papel, pero cuyos fundamentos no son los estándares con los que se legisla, ni los que guían nuestras aspiraciones como sociedad.

Rosa Elvira n'est pas morte en vain. Elle s'est assurée, avant de perdre conscience, de dénoncer son meurtrier : le système de “réaction immédiate” qui ne réagissait jamais, le système de santé indécent qui divise la vie en classes sociales, la justice qui garantissait l'impunité pour l'assassin. Elle nous a tous dénoncés en tant que société. Nous tous, fiers détenteurs d'une magnifique Constitution qui n'existe que sur le papier, mais dont les fondations ne sont pas les standards de la législation, ni celles qui guident nos aspirations comme société.

Gloria demande aussi “plus de justice et moins de gros titres de presse,” en déclarant être “saoulée par la guerre, la violence contre nos enfants, le fait que la réponse à tous nos problèmes est plus de béton, plus d'armes, plus de balles, plus d'hommes tirant sur d'autres hommes qui ne sont pas différents mais pensent différemment.”

En revanche, pour Iván Andrade, l'affaire est juste une autre illustration des problèmes colombiens [en espagnol] :

Los infinitos errores de Colombia unidos para recordarnos que el espanto es nuestra realidad, que es difícil luchar contra seres deleznables y viles como el asesino de Rosa Elvira porque el sistema los deja medrar y actuar a sus anchas. Y entonces solo nos queda la rabia.

Toutes les erreurs infinies de la Colombie réunies pour nous rappeler que l'épouvante est notre réalité, que c'est difficile de lutter contre des êtres méprisables et vils comme l'assassin de Rosa Elvira, parce que le système les laisse prospérer et opérer à leur gré. Et alors, il ne nous reste que la fureur.

Enfin, Justellie22 signale [en espagnol] le rôle joué par les médias sociaux, sauvant Rosa Elvira de l'oubli et devenant sa voix “qui a été volée.”

Le vendredi 1er juin, la police a appréhendé Javier Velasco Valenzuela, âgé de 44 ans, le suspect principal du crime et un camarade de classe de Elvira Cely, qui avait déjà un casier judiciaire [en espagnol] (y compris une condamnation pour meurtre et des accusations de viol sur ses belles-filles). Un second suspect, Mauricio Rojas Ariza, s'est livré à la police le dimanche 3 juin.

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