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Yémen : l'influence $aoudienne dévoilée

Catégories: Afrique du Nord et Moyen-Orient, Yémen, Guerre/Conflit, Médias citoyens, Politique, Relations internationales

Ce billet fait partie de notre dossier central en anglais sur les Manifestations au Yémen en 2011 [1].

L'influence du riche et puissant voisin du Yémen sur ses affaires intérieures n'est un secret pour personne. Si cela fait des décennies que les Yéménites ressentent en effet l'intrusion de l'Arabie Saoudite, celle-ci s'est accrue de manière plus visible depuis la révolution de 2011 et s'est plus particulièrement manifestée dans le controversé et bien connu  Accord du Conseil de Coopération du Golfe  [2].

De nombreux Yéménites spéculaient sur le nom des  politiciens et des sheikhs se trouvant sur la liste de ceux travaillant pour  l'Arabie Saoudite. Cela a donc été un véritable choc pour les internautes de voir écrits, noir sur blanc, les noms de ces personnalités dans le journal local  ‘El Sharae‘ du 3 juin, lequel a publié la première partie d'une liste de 2 700 personnalités militaires, politiques et chefs de tribus recevant de l'Arabie Saoudite des salaires mensuels évalués au total à 56 millions de riyals saoudiens. Quarante millions de riyals saoudiens seraient d'ailleurs allés à l'ancien Président Ali Abdullah Saleh. Le communiqué de presse intitulé  “File d'attente du comité spécial de l'Arabie Saoudite”  a été posté de nouveau sur le site Internet de Yemenpress [3] mais le nom de Saleh ne figure pas dans la liste.

[4]

Al Share news paper's front page on June 3rd

Le journaliste freelance Adam Baron a twitté ceci :

@adammbaron [5] L'étendue de l'influence saoudienne au #Yémen est connue : d'après moi , ce qui est le plus choquant, c'est que cela ne lui a coûté que  15 millions de dollars pour acheter (visiblement)  2700 personnes.

@adammbaron [6]: Les noms des notables yéménites obtenant chaque mois de l'argent  $ de l'Arabie Saoudite couvre un large éventail de politiques, de personnalités régionales, de chefs de tribus, etc … #yemen

Il a aussi tweeté un autre lien qui n'incluait pas le nom de  Saleh:

@adammbaron [7]: Le journal du ‪#Yémen‬ se met à publier les premiers noms de politiques, chefs de tribus, etc… qui obtiennent de l'argent $$ de l'Arabie Saoudite. (AR): http://yementoday.net/index.php?opti [8]

Farea Al-Muslimi a tweeté :

@almuslimi [9]: @A4Mai @NoonArabia @ahYemen @alguneid @amelscript @Nefermaat @CarvajalF Il n'y a pas que les cheikhs ; il y a aussi l'armée, les hommes politiques… Tout le monde.

@almuslimi [10]: 15 millions de dollars tous les mois vont à 4 voyous ; 2 années de leurs salaires pourraient remédier à la crise humanitaire dramatique ‪#Le Yémen‬ va s'en sortir.

Ibrahim Mothana a, quant à lui, tweeté :

@imothanaYemen [11]: Chaud débat au #Yémen après que le journal Al-Shaera ait commencé à publier les noms de  2 700 personnalités politiques et chefs de tribus qui sont payés par l'Arabie Saoudite.

@imothanaYemen [12]: Selon le communiqué de d’Al-Sharea, le parti Islah reçoit  2 milliards de riyals saoudiennes chaque année. Je me demande combien d’Houthis [13] sortent d'Iran ? ‪#Yemen‬

@imothanaYemen [14] : ‪#Le Yémen‬ est à vendre! Pour un politique acheté, un deuxième OFFERT ! http://bit.ly/K76fae

@imothanaYemen [4]: @NoonArabia @Macoombs @JustLuai C'est la première page de la version papier.  Saleh, Sadeq (Sheik Sadeq Al-Ahmar) et Ali Mohsin sont en-tête de liste  pic.twitter.com/rZVkdW0u

Luai Ahmed a tweeté pour sa part sa déception :

@JustLuai [15]: @imothanaYemen @NoonArabia @Macoombs Il est stupéfiant de voir combien toutes ces têtes ont contribué GRANDEMENT à l'actuelle situation de misère au Yémen…

Et voici des informations en temps réel du Yémen :

@yemen_updates [16]: Ce qui est choquant dans ces informations concernant les ‪#4 politiciens yéménites qui se sont vendus à l'Arabie Saoudite, c'est que ce sont des personnes que, malheureusement, nous avions l'habitude de respecter. ‪#Yemen‬ ‪#FF‬

Le Congrès général du Peuple [17] dirigé par l'ancien Président Saleh a publié un  démenti quant au  fait qu'il aurait reçu de quelconques rétributions mensuelles et a, par ailleurs, démenti sur Al-Islah [18] le fait qu'un de ses membres en ait reçu de l'Arabie Saoudite, qualifiant ce communiqué de “mensonger et diffamatoire“.

Le journal devait publier la seconde et la troisième partie de la liste mais ne l'a pas fait en raison de “problèmes”.

@JustLuai [19] a tweeté la raison pour laquelle celui-ci a arrêté de publier le reste de la liste :

@NoonArabia @CarvajalF @Macoombs Parlez-vous du journal AlShare ? Si c'est le cas, son rédacteur en chef, Ali Al-Saqqaf, est poursuivi en justice.

Beaucoup se sont demandés pourquoi le journal avait décidé de publier cette liste maintenant ? Cela a assurément réussi à provoquer de l'émoi.

Selon CNNarabic [20], des membres du Parlement ont, lors de leur première session le samedi 9 juin, demandé  des explications au Premier Ministre Mohammed Bassenduwah et ont pressé le gouvernement de publier toutes les informations en sa possession concernant cette affaire.

L'Arabie Saoudite a longtemps considéré le Yémen comme son arrière-cour et de nombreux Yéménites ont l'impression qu'elle a récemment saboté leur révolution via l'accord du Conseil de Coopération du Golfe dans le but d'empêcher que la démocratie ne débarque chez elle. “Garder le Yémen faible” c'est ce qu'aurait dit le roi Fayçal à ses fils sur son lit de mort. Ceux-ci ont fait du bon travail dans ce domaine puisqu'ils ont à leurs bottes de nombreux fonctionnaires gouvernementaux et chefs de tribus yéménites et financent les conflits intérieurs. Toutefois, l'Arabie Saoudite n'est pas ici la seule coupable, le sont également ceux qui choisissent de se vendre et de vendre leur pays.

Omar Mash a tweeté sous le coup de la colère :

@OmarMash [21]: #4 politiciens yéménites se sont vendus à l'Arabie Saoudite : ces 2 700 individus devraient être poursuivis pour trahison contre la République.

Ce billet fait partie de notre dossier central en anglais sur les Manifestations au Yémen en 2011 [1].