Zambie : Les internautes dénoncent la brutalité de la police

On dit que plus les choses changent, plus elles restent les mêmes et concernant le service de police zambien, cette affirmation est vraie.

Lorsque le Président Michael Sata faisait partie de l'opposition, ses cadres et lui-même étaient souvent les victimes d'un service de police violent entre les mains du parti au pouvoir à ce moment-là, le MDM (Mouvement pour la Démocratie Multipartite). Lorsqu'il a été élu président il y a un peu plus de huit mois, Michael Sata a apporté de nombreux changements dans la police. Il a notamment nommé une femme au poste d'inspecteur général de police, créé dix postes de commissaires, un par province administrative, et six de ceux-ci sont des femmes. Les Zambiens ont alors pensé que c'était un tournant décisif pour la police. Cependant, aujourd'hui, la même violence est infligée aux membres de l'actuelle opposition.

Victim of police brutality

Une victime de la brutalité de la police contre les cadres du parti. Photo partagée sur la page Twitter de @Bradleychingobe.

Récemment, les membres du Parti Uni pour le Développement National (PUDN) constituant l'opposition  sont descendus dans les rues pour protester contre le Directeur des poursuites pénales, Mutembo Nchito, dont la compagnie aérienne, Zambian Airways (en liquidation), aurait une dette d'une valeur de 14 milliards de kwacha ou 2 millions de dollars US envers la Banque du Développement de la Zambie administrée par le gouvernement. Ce litige a provoqué la suspension d'un juge de la Cour Suprême et de deux juges de la Haute cour.  Un tribunal a été chargé de mener une enquête sur ces individus.

Le service de police zambien dirigé par la commissaire de la province du Lusaka, Charity Katanga, avait averti le parti PUDN que ses policiers contiendraient cette manifestation au péril de leurs vies. Ils ont frappé les cadres du parti descendus dans les rues de la capitale.

Les internautes ont envahi les différents réseaux sociaux pour condamner les agissements de la police, avertissant que Mme Katanga serait la première fonctionnaire zambienne à être traînée devant la Cour Pénale Internationale.

Le Zambia Bulletin, un site internet d'actualités géré par des citoyens, a publié un article citant un représentant du Centre Sud-Africain pour la Résolution Constructive de Conflits (SACCORD) :

‘’Nous sommes particulièrement surpris par le fait que le commissaire de police de la province de Lusaka se soit conduit comme un cadre hautement rémunéré en agissant de la sorte concernant la manifestation et l'ordre illégal qu'elle a donné à ses officiers d'attaquer brutalement les jeunes qui manifestaient hier.’’

Peter Mpande a commenté la même histoire sur Facebook, citant les paroles que Mme Katanga aurait prononcées sur une chaîne de télévision privée et remettant en question l'utilisation de l'expression “champ de bataille” :

Elle ne permettra pas l'organisation de manifs sans son autorisation et elle attendra fermement ceux qui tenteront de manifester sans qu'elle leur en donne l'autorisation sur le champ de bataille. Champ de bataille ? Des citoyens exercant leur droit de se réunir et de s'exprimer librement doivent être combattus par la police sur un champ de bataille ?

Le Centre Zambien pour le Dialogue Inter-parti (ZCID) a publié une déclaration condamnant le manque de retenue dont la police a fait preuve lors de la confrontation avec les manifestants non-armés :

Le Centre Zambien pour le Dialogue Inter-parti souhaite exprimer son inquiétude à propos de la manière brutale dont la police a géré une manifestation pacifique faite par des membres non-armés du Parti Uni pour le Développement National, formant l'opposition. La violence dont a fait preuve la police avec les citoyens non-armés était non seulement injustifiée mais également excessive. La Constitution zambienne garantit à chaque citoyen le droit d'expression. Que les manifestations pacifiques sont un mode d'expression acceptable n'est discutable dans aucune démocratie progressiste. Dans ce cas, la police ne doit pas prendre l'habitude de réprimer les droits du peuple avec impunité et arrogance.

Kay Love, a commenté un article publié sur le site internet Zambian Watchdog, exigeant l'inculpation de Mme Katanga devant la Cour Pénale Internationale :

[…]Trainez cette Katanga devant la Cour Pénale Internationale (CPI) afin que l'on puisse lui apprendre ce qu'est la justice.
Madame Katanga, vous avez trahi notre foi, notre confiance et brisé nos coeurs, torturant brutalement ces jeunes non-armés.
Pourquoi leur avez-vous refusé une autorisation alors qu'ils avaient clairement déclaré qu'ils allaient manifester contre M. Nchito ?
Je suis complétement d'accord sur le fait que cette femme devrait être traduite en justice devant la Cour Pénale Internationale le plus rapidement possible afin de montrer ce que l'on risque en ne respectant pas le droit de citoyens non-armés à organiser une manifestation pacifique.
Puisse Dieu punir vos péchés, Mme Katanga, pour avoir fait couler le sang de jeunes innocents
[..] La Cour Pénale Internationale vous traitera comme de simples individus, Mme Katanga et tous ces policiers qui avez eu recours à la violence. Vous avez fait couler du sang innocent et vous l'aurez sur vos mains jusqu'à la fin de votre vie.
Je me demande même ce que vous expliquerez à Dieu le jour du jugement dernier. Si vous n'allez pas au Ciel, où donc irez-vous ?

Mwanza Zycall a écrit sur la page Facebook du Parlement du Peuple Zambien :

Monsieur le Président du Parlement, la brutalité du gouvernement du Front Patriotique contre les fils et les filles de ce grand pays démontre simplement combien nous avons besoin d'une clause de majorité (50% des suffrages exprimés plus un) pour les élections présidentielles.
Monsieur le Président, nous avons un gouvernement minoritaire représentant seulement environ 43% des Zambiens et afin de diriger les 57% qui ne veulent pas de ce gouvernement, il a recours à la violence, lâchant les gros bras du parti en uniformes de policiers pour brutaliser des civils pacifiques et non-armés cherchant seulement à exercer leur droit de manifester.
Monsieur le Président, lorsqu'un gouvernement a recours à la violence contre ses propres citoyens, cela démontre son impopularité et la peur qu'il a d'eux.
En agissant de la sorte, ce régime tribal impopulaire a adopté une motion de défiance contre lui-même. Je vous demande d'agir, M. le Président.

Des utilisateurs de Twitter ont également utilisé le site de micro-blogging pour décharger leur colère contre la brutalité de la police.

@creepcops: MT @phirimiza La Zambie a pensé que nous avions changé de gouvernement pour [régler] les problèmes de la corruption et de la brutalité au sein de la police. Je suis gêné… la police est toujours la même sous le FP.

Un autre utilisateur de Twitter a été écoeuré par le fait que certains trouvent une justification à la brutalité dont la police avait fait preuve face à des citoyens non armés :

@Bradleychingobe: Les victimes de la brutalité de la police et moi avons entendu dire qu'ils y avaient des gens qui justifiaient cet abus des droits de l'Homme. Répugnante #Zambie http://lockerz.com/s/215164471

Un utilisateur de Twitter a signalé qu'un journaliste avait été battu durant la même manifestion :

@Tumfweko: La police a BATTU un journaliste de QFM lors de la dispersion de la manifestation “pacifique” du PUDN http://fb.me/20aUzB1OK

*Miniature : Un des trois juges suspendus de leurs fonctions, le juge de la Haute Cour Philip Musonda. Photo reproduite avec l'aimable autoristation de statehouse.gov.zm 

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