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Togo : Le collectif “Sauvons le Togo” défie Faure Gnassingbé Eyadema

Catégories: Afrique Sub-Saharienne, Togo, Cyber-activisme, Dernière Heure, Droits humains, Élections, Liberté d'expression, Manifestations, Médias citoyens, Politique

Une marche pacifique du collectif “Sauvons le Togo” [1] le 12 Juin a dégénéré en affrontements avec les forces de l'ordre.  Environ 120 bléssés ont été recensés [2] lors des affrontements entre le 12 et le 13 juin.  Les manifestants revendiquent entre autres, la mise œuvre des recommandations de la Commission nationale des droits de l’Homme sur la torture et des réformes constitutionnelles de fond. Le Togo [3] est actuellement en transition politique après les élections présidentielles de 2005 hautement controversées qui ont vu l'arrivée au pouvoir de  Faure Gnassingbé Eyadema [4],  fils de l'ancien président Gnassingbé Eyadema. Une nouvelle manifestation est  prévue pour le 18 Juin.

La génèse d'un collectif 

Le Collectif “Sauvons le Togo” regroupe plusieurs organisations de défense de droits de l’homme et de partis politiques. Il est né le   mercredi 04 avril, à Lomé et compte 17 groupements dont 7 organisations dédiées à la défense des droits de l'homme [5] ODDH.  le collectif est né d'un état des lieux de la vie politique, économique et sociale au Togo [6] :

Le processus démocratique amorcé au Togo depuis les années 1990 peine à se concrétiser faute d’alternance au sommet de l’Etat. Ainsi notre pays continue de traverser une crise enrôlée dans un cycle infernal sans précédent et sur tous les plans.

Au plan politique, les accords issus de multiples négociations n’ont jamais trouvé d’application effective et efficiente. Le plus inquiétant est l’intrusion fréquente et violente dans le débat politique de certains éléments des forces armées togolaises, réels détenteurs du pouvoir politique, foulant aux pieds leurs obligations républicaines d’impartialité et de neutralité.

Au plan institutionnel, force est de constater que toutes les institutions de la République chargées de réguler la vie démocratique et de contrôler l’action du pouvoir sont malheureusement instrumentalisées.

Au plan économique, le pillage systématique des ressources de l’Etat par un groupuscule de personnes pendant des décennies a fait basculer le pays dans un processus effréné d’endettement.

Au plan social, cette confiscation des richesses du pays par une minorité a plongé plus de 65% de la population dans une misère effroyable; la grande majorité des ménages ne pouvant ni s’offrir plus d’un repas par jour, ni s’assurer les soins de santé primaires, ni subvenir aux besoins de scolarisation de leurs enfants.

Les violations massives des Droits de l’Homme ont atteint leur summum avec les pratiques de torture et de toutes les autres formes de traitements cruels, inhumains et dégradants, interdites et réprimées par les Conventions des Nations Unies que le Togo a pourtant ratifiées depuis plus de 25 ans

Les objectifs affichés du collectif sont exprimés par Fabbi Kouassi sur son blog détaillant la naissance du groupe [7]. Le groupe exige selon Kouassi :

1) La démission sans délais du gouvernement qui s’est rendu coupable de faux et usage de faux
2) L’identification et la sanction de tous ceux qui ont participé à la falsification du rapport de la CNDH
3) La mise en œuvre effective et dans les meilleurs délais des recommandations formulées par la CNDH dans son rapport authentique
4) L’annulation de toutes les procédures et de tous les procès ayant conduit à l’arrestation et à la condamnation des personnes accusées dans l’affaire d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat, ainsi que de ceux et celles de toutes les autres personnes torturées à l’ANR
5)Le dédommagement et la réintégration immédiate et sans condition des officiers et hommes de troupes injustement radiés de l’armée dans l’affaire de tentative d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat
6)La révocation de tous les magistrats ayant connu des affaires dans lesquelles les personnes mises en cause, ont fait cas, de manière concordante, précise et persistante, d’actes de torture et autres formes de traitements cruels, inhumains ou dégradants sur leur personne à l’ANR et ailleurs, mais qui ont continué les procédures jusqu’à condamnation.

Voici la vidéo de l'annonce de la création du collectif :

Le collectif a organisé plusieurs marches depuis sa création pour exiger plus démocratie et le respect des droits de l'homme. Sylvio Combey à Lomé raconte une de ses marches qui a eu lieu le 24 Mai [8]:

Les trois principaux points au menu de cette marche selon Me Adjare sont notemmeent la non prise en compte par l’exécutif togolais des recommandations de la CNDH relatives aux actes de tortures, deux projets de lois déposés à l’Assemblée nationale portant loi électorale et le découpage élecotrale mais aussi, le retour des neuf députés ANC exclus de l’Assemblée nationale. Pour le Collectif sauvons le Togo, cette attitude du gouvernement viole une diposition de la CEDEAO interdisant toute modification des textes électoraux six mois avant les élections sans consensus.

Des affrontements violents 

Les marches organisés par le Collectif ont été réprimées dans la violence par les forces de l'ordre. Combey raconte le bilan de ces affrontements [9] :

Au deuxième jour de la révolution, la manifestation du Collectif « Sauvons le Togo » a tourné au vinaigre. Des policiers ont réprimé à coups de grenades lacrymogènes et sans merci les paisibles populations qui se sont amassées au quartier Déckon, en guise de protestation. Le Collectif dit dénombrer 54 blessés dont 24 graves dans la journée du 12 juin 2012, 65 blessés dont 32 graves. Aussi,15 personnes arrêtées le 12 juin 2012, 63 personnes le 13 juin 2012, dont une douzaine au sein de l’église saint Augustin d’Amoutivé à en croire le CST qui affirme que l’ensemble du matériel de sonorisation déployé sur les lieux a été emporté et saisi. La situation emmène le coordinateur du CST, Zeus Ajavon a faire durcir le ton [..] A cet effet, le gouvernement a demandé au ministre de la sécurité et de la protection civile de « prendre des mesures additionnelles pour assurer la sécurité des biens et des personnes, ainsi que la liberté de circuler »Une réaction aussi gauche qui risque de faire enliser beaucoup plus la crise. La révolution Kpatima est en marche.

Des photos prises lors de ces affrontements témoignent de la violence des affrontements [Attention: Images violentes pouvant choquer] [10] :

[11]

Répression des Manifestations le 13 Juin 2012, par le Collectif Sauvons le Togo sur FlikcR avec permission

Une vidéo montre des policiers battant sévèrement un manifestant [Attention: Images violentes pouvant choquer] :

Sur Twitter, les activistes Togolais utilisent le mot clé #occupyLome [12] pour partager les informations des manifestations en temps réel.

Ansi Wilfried Toussine au Togo publie sur twitter [en] :

@Toussine [13]: “Police fire tear gas at protesters in Togo capita lhttp://azstarnet.com/news/world/police-fire-tear-gas-at-protesters-in-togo-capital/article_8b6569ec-0f14-5ed0-acd7-1fc206ac483c.html [14] //#leguede [15] #occupylome [12] “

Philoticus ajoute :

@Philoticus: [16] #Togo: Il faut pousser le tyranneau vers la sortie, ici et maintenant http://bit.ly/MjPdpJ #TGInfo #Togo #OccupyLome

et partage une nouvelle inquiétante d'un des leaders de la marche, M Célestin Agbogan :

@Philoticus [17] : #TOGO:  M. Célestin Agbogan malmené et interpellé – La #FIDH réagit http://bit.ly/MjPWqS #TGInfo #OccupyLome