Une Union Africaine faible pour 53 Etats membres

Ce billet fait partie de notre dossier sur les Relations Internationales et la  sécurité.

Le président équato-guinéen Teodoro Obiang et le président de l'Union africaine, Jean Ping, lors du Sommet de l'Union Africaine à Malabo. Photo de l'ambassade de la Guinée équatoriale

2011 a été une année tumultueuse pour le continent africain avec des révolutions, des tentatives de coups d'Etat et de violentes crises politiques. Malheureusement, l'union des 53 Etats africains qui a pour mission d'aider à renforcer la paix régionale et le développement a fait la démonstration de ses propres faiblesses dans la gestion de ces situations.

L’Union Africaine [en français], créée en 1999 après la dissolution de l'Organisation de l'Unité Africaine, a été incapable de résoudre la crise post-électorale ivoirienne [en français], a offert un soutien tardif aux soulèvements populaires du Printemps arabe, et sa position sur la Libye était principalement déterminée par l'influence du défunt colonel Kadhafi sur l'organisation.

Tout cela a conduit de nombreux citoyens africains à se méfier de l'Union, à se demander si elle est réellement en mesure de remplir sa mission. Et cela est évident lorsqu'on lit les commentaires critiques sur les blogs dans cette région du monde. Sur le blog Cry Me An Onion, Patrick-Bernard est catégorique dans son post “Débarrassons-nous de l'Union africaine” [en anglais] :

À la lumière des événements en Tunisie, Egypte, Côte-d'Ivoire, Somalie, au Kenya, Madagascar, RDC, Libye et beaucoup d'autres pays en Afrique, une institution qui devrait être boycottée et renversée est l'Union africaine. Le gang embarrassant de voleurs, formé de 53 membres, est inutile dans la résolution des conflits en Afrique ou pour trouver un consensus fédérateur. (…)

Dans la crise qui se déroule au Mali, l'organisation ne réussit pas mieux. Bien que des rapports inquiétants proviennent de la partie Nord du pays désormais sous la férule du groupe islamiste Ansar Dine, l'Union africaine a échoué à mobiliser le Conseil de Sécurité des Nations Unies à soutenir une intervention militaire avec des troupes en provenance des pays de la Communauté Economique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). Sur Temoust.org, le blog d'une association Touareg basée en France, ceci est expliqué :

(…) sur le dossier du Mali, les arguments avancés par Ramtane Lamamra (photo), le Commissaire de l’Union africaine pour la paix et la sécurité, en faveur d'un soutien de l’ONU à une intervention militaire dans ce pays n’ont pas convaincu les 15 membres du Conseil de sécurité. (…) L’UA reste très imprécise ; combien de soldats seront envoyés sur place, à combien se chiffre cette opération, quelle sera la mission de cette force militaire ?

Des moyens limités

En dépit de cette évaluation, il est important pour le milliard d'habitants des 53 Etats membres africains d’être représentés et de voir leurs intérêts protégés par une organisation régionale forte et inclusive, dans un monde globalisé. Une telle ambition exige des moyens qui font actuellement défaut à l'organisation.

En 2012, la proposition de budget présentée par la Commission de l'Union Africaine a atteint 274 millions de dollars US [en anglais]. C'est une somme dérisoire comparée aux 147 milliards d'euros de l'Union Européenne. De plus, ce budget n'est pas garanti, puisque seulement 5 pays parmi les 53 Etats membres payent leurs contributions annuelles (il s'agit de la Libye, l'Egypte, l'Afrique du Sud, l'Algérie et du Nigeria).

En outre, selon le président de l'Union africaine, Jean Ping, en 2010, 77% du budget opérationnel qui sert à mettre en œuvre et maintenir des programmes tels que les déploiements de forces militaires, est venu d'instances étrangères telles que l’Union Européenne. Sachant cela, on peut comprendre à quel point l'organisation pan-africaine a des moyens limités.

Alors que le continent reste sujet aux troubles, il semble peu probable, en dépit de ses nobles objectifs, que l'Union africaine puisse offrir quelque solution.

ISN logoCet article ainsi que ses traductions en espagnol, arabe et français ont été rédigés pour le compte du Réseau International de Sécurité (ISN) dans le cadre d'un partenariat visant à faire entendre à travers le monde les voix des citoyens sur les questions des relations internationales et de sécurité. Ce billet a été publié à l'origine sur le blog de l'ISN, découvrez d'autres histoires similaires en cliquant ici [en anglais].

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