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Liban : De nouveaux enlèvements rouvrent la plaie des disparus de la guerre civile

Catégories: Afrique du Nord et Moyen-Orient, Liban, Syrie, Action humanitaire, Cyber-activisme, Droits humains, Guerre/Conflit, Médias citoyens, Migrations & immigrés, Politique, Réfugiés

Qui aurait cru que la guerre civile du Liban [1], qui éclata en 1975 après le massacre d'Aïn el-Rammaneh [2] [en anglais] et fit rage jusqu'en octobre  1990 lorsque l'armée syrienne prit le contrôle du palais présidentiel de Baabda [3], causerait la mort de plus de 150.000 personnes, la disparition de 20.000 et le déplacement de centaines de milliers de Libanais de toutes religions et classes sociales.

Des familles ont été réduites à parcourir le pays en quête d'information sur le sort de leurs enfants. Après la fin de la guerre, la commission installée pour enquêter sur le devenir des disparus a concentré son travail sur la prise de conscience par les pouvoirs publics et les associations de la société civile du problème des personnes disparues et enlevées, en organisant des manifestations devant les bureaux des Nations Unies et des organisations de droits de l'homme.

Des enlèvements récents, exécutés depuis l'éclatement de la révolution syrienne ont ressuscité la menace continuelle du kidnapping et relancé l'attention sur la question des disparus du Liban.

Parmi ces enlèvements récents, il y a celui du Syrien Shably al-Aisee d'Aley au Liban l'an dernier (on ignore toujours où il se trouve) ; celui au Liban de trois activistes syriens qui s'étaient rendus aux autorités syriennes ; et celui de 11 Libanais dans le nord de la Syrie fin mai 2012.

Les militants des droits humains ont répliqué à ces événements en écrivant des articles sur leurs blogs personnels et les sites de réseaux sociaux, pour jeter un nouvel éclairage sur la question, et ils travaillent en partenariat avec la commission des disparus, qui fait actuellement campagne avec de nouveaux outils et techniques dans la rue libanaise et syrienne aussi bien qu'en ligne.

The missing: their fates depend on the proposed law.  <a href="http://www.almuhasaba.com/" target="_blank">"Accountability"</a>. Used with permission [4]

Les disparus : leur sort dépend de la proposition de loi. “Responsabilité” [5]. Avec permission

Dans le cadre de la  campagne de solidarité, les familles de disparus et enlevés ont écrit [4] [en arabe] ‘un message à Widad Halmani : the eye resists the awl (‘l'oeil résiste à l'alène’)’ sur le blog “Responsabilité”, le magazine en ligne de la campagne nationale de poursuite des criminels de la guerre civile :

بعد خطف زوجها عدنان حلواني في أيلول عام 1982، لم تستسلم وداد للواقع. وضعت اعلاناً في صحيفة، طالبة اجتماعاً لأهالي المخطوفين أمام مسجد عبد الناصر في كورنيش المزرعة. وإذ بالشارع مملوء بنسوة بعضهن يحمل أطفالهن الرضع. مشهد أظهر حجم الكارثة التي أحلت بلبنان، ووضعها في مساحة صغيرة. عندها بدأت مسيرة وداد للمطالبة بحقوق ذوي المخطوفين والمخفيين قسراً في معرفة الحقيقة: ماذا حلّ بأزواجنا وزوجاتنا وأبنائنا وبناتنا وأطفالنا؟
Après l'enlèvement de son mari Adnan Halmani en septembre 1982, Widad a refusé d'abandonner. Elle a mis un avis dans le journal appelant à un rassemblement des familles de personnes enlevées devant la mosquée Abdel Nasser sur la Corniche el-Mazraa (à Beyrouth). Les rues se sont remplies de femmes, certaines portant des enfants en bas âge, et l'étendue de la tragédie du Liban apparut avec évidence. Les marcheuses appelèrent aux droits des disparus et enlevés et exigèrent de connaître la vérité : qu'est-il arrivé à nos conjoints et enfants ?

L'entretien avec Widad Halmani a été diffusé dans l'émission “visite spéciale”, d'Al Jazeera, qui a examiné le projet de “loi sur les personnes disparues et enlevées” rédigé en ce moment en coordination avec des associations de la société civile qui espèrent la voir adoptée par les autorités de la société civile.

Sur Twitter, Nadine Bekdache a écrit [en arabe] :

العفو العام لازم مراجعته فهو إجراء يبرئ المسؤول ويدين الشعب #Lebanon #Amnesty
@NadineBek: L'amnisite générale doit être révisée : elle absout les criminels et condamne les gens #Lebanon #Amnesty
The general amnesty: it absolves the perpetrators and condemns the people. Nadine Bekdache on Twitter @NadineBek. Used with permission

L'amnistie générale : elle absout les criminels et condamne les gens. Nadine Bekdache sur Twitter @NadineBek. Avec sa permission

Les familles de victimes continuent à se battre pour leur droit à savoir ce qui est arrivé à leurs enfants, pas seulement ceux encore en vie mais aussi les morts. Ils poursuivent aussi la lutte pour la reconnaissance des survivants de la guerre dans la société en général.

Le blog “murs de Beyrouth” écrit [6] ceci [en arabe] :

إنّ حقّ المعرفة، الّذي أصبح مبدءًا عامًّا مكرّسًا في الاتفاقيات الدوليّة والقانون الإنساني، هو حقّ جماعي وفرديّ في آن. فلكلّ ضحيّة الحقّ بمعرفة الحقيقة حول الانتهاكات الّتي طاولتها، لكنّ يجب إعلان الحقيقة أيضًا على صعيد المجتمع كضمانة تحول دون تكرار هذه الانتهاكات.
Le droit de savoir, un principe généralement accepté du droit aussi bien international que personnel, est un droit à la fois public et privé. Chaque victime a le droit de savoir pour les crimes qui l'ont concernée, mais la vérité devrait être connue de tous pour garantir que ces atrocités ne seront plus jamais commises.