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Kibera : “Le Kenya a besoin de leaders politiques, pas de dealers”

Catégories: Afrique Sub-Saharienne, Kenya, Cyber-activisme, Élections, Médias citoyens, Rising Voices

Ce billet fait partie d'une série provenant de la collaboration de Global Voices avec Map Kibera et Map Mathare [1] lors du Sommet de Global Voices [2] à Nairobi en juillet 2012.

Texte et photos : Kevin Rennie

“Le Kenya a besoin de leaders, pas de dealers,” dit Hamza Ahmed. Elle s'occupe d'organiser les électrices de Kibera, le quartier-bidonville de Nairobi où beaucoup survivent avec seulement un repas par jour. Plus de 170.000 personnes y habitent, à 5 kilomètres à peine du centre de la capitale kenyane.

Lors d'une visite au projet Map Kibera [3] [liens en anglais sauf mention contraire], un petit groupe du Sommet Global Voices 2012 des Médias citoyens [4] a eu le privilège de rencontrer deux résidents qui travaillent à garantir que les élections nationales de l'année prochaine soient une réussite dans tous les sens du terme.

Map Kibera – avec l'aimable autorisation de OpenStreetMap (CC BY-SA)

Hamza est une sexagénaire énergique, passionnée et convaincante. Nous avons découvert que nous sommes nés la même année. En compagnie de Tobias Omondi, qui organise les électeurs handicapés, elle travaille à faire cesser la corruption politique. Selon Hamza, ils sont las des réformateurs d'un jour qui sont des opportunistes exploitant leurs concitoyens. Ils récusent ceux qui promettent une vie meilleure aux pauvres mais les instrumentent à leur propre bénéfice.

Hamza et Tobias font tout ce qui est en leur pouvoir pour éviter la réédition des effusions de sang de la crise de 2008 [5] [en français], consécutives à l'élection présidentielle de 2007. Ils accusent les politiciens et leurs amis d'avoir incité à la haine et la violence.

Tobias Omonde, Hamza Ahmed, Kevin Rennie, Boukary Konaté

Inspirée par l'exemple sud-africain, Hamza a une attitude pragmatique vis-à-vis de la réconciliation : “Nous ne pouvons pardonner qu'à ceux qui reconnaissent avoir mal agi”.

Nous les rencontrons à Mchanganyiko Hall, qui fait fonction d'école locale, de centre pour les femmes et de salle polyvalente pour des événements comme les forums de candidats. Le lieu a été inauguré début 2012 par le premier ministre kenyan Raila Odinga et l'ambassadeur de France.

Le Centre Mchangyiko, Kibera, Nairobi

Tobias a détaillé les frustrations qu'il y a à travailler sur un projet de droits des handicapés. “5% des emplois de fonctionnaires sont réservés aux personnes ayant ces handicaps. Pourtant la plupart ne sont pas pourvus, car 90% n'ont pas les qualifications élémentaires de la classe de troisième.” La formation est une nécessité urgente.

Steve Banner du Kibera News Network (Réseau d'information de Kibera) explique dans son billet de blog Comment les médias citoyens peuvent contribuer à garantir des élections pacifiques au Kenya en 2012-13 [6]:

Dans des quartiers informels et des bidonvilles comme Kibera, où la violence post-électorale a culminé, l'essor du journalisme citoyen a contribué à la collecte et à la diffusion de l'information, ce qui en a fait un outil vital pour répandre le message de paix dans la jeunesse, cible principale des politiciens pour perpétrer la violence et le vice dans la collectivité.

Les médias citoyens arrivent aussi à surveiller les élections à la base car ils sont enracinés dans la collectivité, et contribuent donc à combler le fossé de désinformation qui a pu contribuer aux dernières violences post-électorales.

Ils organisent également des promenades de la Paix à l'intérieur de Kibera, aidant à mettre en contact la communauté et les aspirants-candidats politiques, qui prononcent des discours prônant la paix et le vivre-ensemble devant les membres de la collectivité.

Cybercafé à Kibera

Le billet de blog de Steve a remporté une des bourses du concours de blogs du Sommet 2012 de Global Voices [7].

A Kibera, l'internet est surtout utilisé par les 15 à 35 ans. S'il y a des accès par des cybercafés dans Kibera, l'accès très répandu aux téléphones mobiles a fait du SMS un moyen pratique de communication instantanée. Le temps dira s'il peut combattre la propagation des rumeurs et de la peur dans une crise future.

Lisez d'autres articles sur ce thème sur Rising Voices [1] [en français] et le compte-rendu de l'atelier du sommet sur l'état des médias citoyens au Kenya [8].