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Espagne : Le gendre du roi, inculpé pour corruption, renouvelle son contrat avec Telefónica

Catégories: Europe de l'ouest, Espagne, Economie et entreprises, Manifestations, Médias citoyens, Politique

Ce billet fait partie du dossier de Global Voices sur l'Europe en crise [1].

[liens en espagnol] La semaine dernière, la presse a révélé qu'Iñaki Urdangarín, duc de Palma et mari de la princesse Cristina, et donc gendre du roi d'Espagne, avait renouvelé son contrat  avec la compagnie de télécommunications Telefónica. Selon El Mundo [2], ce nouveau contrat apportera à Urdangarín un salaire d'1,5 millions d'euros plus 1,2 millions d'euros d'avantages en nature. L'indemnité en cas de rupture serait de 4,5 millions d'euros.

L'annonce a provoqué une levée de boucliers, surtout qu'elle a été suivie, quelques jours après, par le plan d'austérité budgétaire le plus draconien [3] de l'histoire récente du pays. Les Espagnols ont déjà beaucoup entendu parler de salaires et indemnités à sept chiffres pour les cadres supérieurs des grandes entreprises et des banques, qui semblent traverser la crise avec beaucoup plus d'aisance que les citoyens ordinaires.

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Les salaires et indemnités des présidents des banques sauvées, image source maestroviejo.wordpress.com

A ce salaire scandaleux il faut ajouter que Iñaki Urdangarín fait l'objet d'une enquête relative à divers délits commis à l'abri de l’Institut Nóos [5], une association supposée sans but lucratif, qui aurait servi de couverture à une machine de détournement de fonds publics. Le duc de Palma est mis en examen pour prévarication, faux, malversation, fraude et blanchiment d'argent, passibles de jusqu'à 18 ans de prison. Aux côtés du duc d'autres cadres de Nóos, avec quelques épouses, sont également en examen, même si à ce jour le juge a rejeté la mise en accusation de la princesse Cristina [6] pour ne pas “stigmatiser gratuitement un individu, ce qui n'est pas acceptable.”

Les réseaux sociaux se sont aussitôt fait l'écho [7] de la nouvelle du renouvellement d'Urdangarín par Telefónica, devenue trending topic [8] sur Twitter. Certains ont préféré en rire, comme @LargoJavariega [9] et @eraser [10] :

@LargoJavariega [11]: En el país de los móviles, Urdangarin es el fijo.

@LargoJavariega [11]: Au pays des [téléphones] mobiles, Urdangarín est le fixe.

@eraser: [12] HOLLANDE [Présidente de la Francia] ten compasión d pueblo gorfante INVADENOS!! desde las + altas cotas dla miseria hastas las cimas dla #monarquia [13] #Urdangarin [14] #15M [15]

@eraser: [12] HOLLANDE [Président de la France] aie pitié du peuple ENVAHIS NOUS !! des profondeurs de la misère jusqu'aux cimes de la #monarquia [13] #Urdangarin [14] #15M [15]
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Le faux doodle dédié par Google à Urdangarín. Image de la page Facebook «Son Excellence Don Iñaki Urdangarín, Grand Escroc du Royaume»

Mais la majorité des messages reflétaient l'impuissance ressentie par les Espagnols devant ce genre d'abus. Julia Romero commente sur une entrée de la page Facebook Su Excelentísimo Señor Don Iñaki Urdangarín, estafados mayor del reino [17] [Son Excellence Don Iñaki Urdangarín, Grand Escroc du Royaume] :

k fuerte…. pero trankilos… k no va a pasar absolutamente nada… si alguien tiene k pagar algo…. somos nosotros… k ellos roben k ya nos recortan a nosotros!!! verguenza de pais y verguenza de todo!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

c'est trop fort…. mais tranquilles… qu'il ne se passera absolument rien… si quelqu'un doit payer quelque chose…. ça sera nous… ils nous volent ce qu'ils nous ont déjà pris avec la rigueur !!! honte au pays et honte à tous !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Cagonto Pormil Porcien [18], commente sur El Mundo [2] :

¿Urdangarín en Telefónica? Pues lo mismo que Zaplana como delegado de relaciones institucionales para Europa en Telefónica. ¡ Y sin tan siquiera hablar inglés ! O sea, que Telefónica es un cementerio de impresentables y delincuentes. Menos mal que ya no trabajo para ellos, porque estaría cien veces más indignado.

Urdangarín chez Telefónica ? C'est pareil que Zaplana [un autre ancien homme politique espagnol] Directeur des Relations Institutionnelles en Europe chez Telefónica. Et sans même parler anglais ! Ou serait-ce que Telefónica est un cimetière de tristes sires et de délinquants. C'est aussi bien que je n'y travaille plus, je serais cent fois plus indigné.

Il se trouve aussi que Telefónica perd depuis plusieurs mois des clients [19] en faveur de l'ADSL, de la téléphonie mobile et d'autres lignes fixe, et de nombreux internautes ont exprimé leur intention de quitter la compagnie, poussés par leur refus de verser des millions en salaires à Urdangarín, ainsi Beatriz Rico (@bearicoactriz [20]):

@bearicoactriz [21]: Si Telefònica renueva a Urdangarín por 1,5 millones d euros, no quiero q mi factura d teléfonía contribuya a ese sueldo; cambio d compañía.

Si Telefónica renouvelle Urdangarín pour 1,5 million d'euros, je ne veux pas que ma facture de téléphone contribue à ce salaire ; je change de compagnie.

Pendant ce temps, d'autres ont confirmé leur résiliation et incitent à faire de même, comme David Barba (@SmartPowerUp) [22]:

@SmartPowerUp [23]: Vete de Telefónica. Mira lo que hacen con el dinero. CORROMPIDA LA VIDA ES MAS #Urdangarin [14] #Vomistar [24] http://pic.twitter.com/hNC23BVG [25]

@SmartPowerUp [23]: Allez-vous en de Telefónica. Regardez ce qu'ils font de l'argent. CORROMPUE, LA VIE C'EST PLUS [d'après le slogan de Telefónica “Partagée, la vie c'est plus”]#Urdangarin [14] #Vomistar [24] http://pic.twitter.com/hNC23BVG [25]

Pour sa défense, Telefónica a justifié sa décision [18] de renouveler le contrat d'Urdangarín par le désir d'éviter de “le condamner à l'avance”, bien que plusieurs membres du conseil de direction aient fait connaître leur opposition à cause “des dommages que l'affaire Urdangarín causent à la maison.”

Il vaut la peine de signaler que Telefónica met en oeuvre un ERE [26] [procédure espagnole de réduction des effectifs] en Espagne, par lequel elle espère supprimer 6.500 emplois d'ici 2013 et économiser 250 millions d'euros en 2012. Un tour de vis supplémentaire dans une économie espagnole déjà mal en point.

Ce billet fait partie du dossier de Global Voices sur l'Europe en crise [1].