Porto Rico : C’est un oiseau ? C’est un avion ? Non, c'est Aslan !

Enrique “Kike” Arce, plus connu sur la toile et sur les murs sous le nom d'Aslan, est l'un des artistes de rue les plus novateurs de Porto Rico. En dialoguant avec ses abonnés et ses fans, il a fait de son exposition sur internet un instrument précieux de promotion de son travail. Dans les projets d'Aslan, se mêlent des outils artistiques traditionnels, crayons, encre, papier, acryliques sur toiles, et d'autres à la pointe des réseaux sociaux, comme Instagram, les plates-formes de blogs, mais aussi des éléments plus amusants comme des jouets, des tee-shirts, des disques vinyles, ou du carrelage.

Le blog d’Aslan est la galerie virtuelle de son travail et de ses idées, qui révèle un univers joyeux, très stylisé et plein de couleurs, rempli de magie et de nostalgie, et fortement influencé par la culture populaire américaine et japonaise. Enrique décrit son art comme amusant, pour lui-même, mais aussi pour son public, et c'est d’ailleurs cette particularité qui assure la cohésion de ses divers projets.

Sa série de clichés d'avions, #parriba [en espagnol] (en haut), est peut-être le projet le plus ambitieux et séduisant d'Aslan. Grâce à son iPhone et à l'application en vogue Instagram, Enrique présente des avions planant dans le ciel, et en capture des centaines d'exemplaires. Les photographies sélectionnées sont alors imprimées, collées sur des carreaux, puis disséminées sur les bâtiments, les murs et dans les rues de San Juan. Grâce au blog et à Instagram, chacun peut participer à une “chasse aux trésors” [en espagnol] : la première personne qui découvre un carreau et photographie l'endroit où il se trouve en gagne un exemplaire.

Un extrait de la série #parriba.

La série #parriba est le parfait exemple de l'interaction entre artiste et grand public rendue possible par internet. En mélangeant technologie, exploration et mise en série, Aslan parvient à quelque chose de rigoureux et accessible à la fois, un art qui peut être apprécié à l'écart des galeries qui souvent éloignent l'artiste de ses admirateurs potentiels, et de ses clients.

Global Voices (GV) : Comment décririez-vous votre travail ? Quelles en sont les caractéristiques essentielles ?

Aslan (A): Mon travail traduit la passion que j’ai ressentie enfant pour la culture Otaku japonaise et la culture populaire des années 80. Spontanément, j’ai décidé d'illustrer ces sujets fantastiques qui se bousculent dans mon esprit, en créant des personnages ou des créatures issues de ce monde irréel tel que je le vois.

GV : Pensez-vous faire partie d'un mouvement artistique plus vaste ?

A : Je crois que mon travail m'a donné une place au sein d'un groupe d'artistes émergeant à Puerto Rico. Les Portoricains sont connus à travers le monde pour être serviables, pour prêter main forte à leurs voisins, amis, ou collègues, et ce, pas seulement dans le monde de l’art. Le soutien que reçoit chacun de mes projets est formidable, il surmonte les obstacles, et se transforme en amitié. La critique est constructive, et nous permet de nous améliorer.

GV : Pourquoi utiliser Instagram ?

A : J’ai voulu utiliser Instagram comme moyen d’expression au service d'un projet artistique. Je suis quelqu'un d'impulsif et hyperactif, qui cherche toujours quelque chose à faire, et j’ai trouvé le moyen d'expression idéal -les réseaux sociaux, tant de choses s’y passent, ils conviennent parfaitement. Ils font partie d'un nouveau style de vie, dans lequel on reçoit des tonnes d'informations. J'ai choisi d'y exposer mon travail, afin d’encourager les Portoricains à apprécier l'art.

GV : Comment le concept #parriba est-il né, et d'où vous vient cette fascination pour les avions ?

A : Si vous saviez ! Je n'ai pas de fascination particulière pour les avions. C'est plutôt l'obsession de publier (des photos). Quand j'ai commencé à chercher quoi faire avec Instagram qui puisse être différent de son utilisation usuelle -photographier le quotidien, j'ai trouvé que les avions étaient intéressants de par leur multitude et leur potentiel monothématique qui colle parfaitement à mon idée.

J'ai commencé à les accumuler sans réelle intention. C'est seulement lorsque j'ai décidé de travailler sur les séries que j'ai réalisé que cette aventure pouvait se prêter à un autre genre de création artistique susceptible d'attirer l'attention. C'est intéressant de constater que ce sont les idées les plus simples, comme regarder en l'air (ou “p'arriba”), et photographier un avion, qui attirent le plus les gens.

GV : Combien de photos d'avions avez-vous ? Et combien en voulez-vous ?

A : Ces six derniers mois, au moins, j'ai pris de plus en plus de photos. Cela fait maintenant partie de moi, à tel point que j'ai accumulé plus de 600 photos. Je pense que pour qu'un tel projet prenne son envol, il faut au moins 200 photos, voire plus. Mais ce n'est jamais assez. J'ai pensé étendre le projet à toute l'île, il me faudrait plus de 1000 photos. C'est une chose à laquelle je pense, et je me déciderai un jour. En attendant, je me prépare en prenant des photos chaque fois que je le peux.

Pour en savoir plus sur Aslan et son travail, visitez son blog et suivez le sur Twitter.

Cet entretien est une version raccourcie et révisée. L'entretien complet est publié (en espagnol) par PuertoRicoIndie.com et se trouve ici.

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