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Bangladesh, Myanmar : La communauté internationale alertée sur la répression contre les Rohingyas

Catégories: Asie du Sud, Bangladesh, Myanmar (Birmanie), Droits humains, Ethnicité et racisme, Guerre/Conflit, Médias citoyens, Migrations & immigrés, Relations internationales

Ce billet fait partie de notre dossier central en anglais sur les Rohingyas du Myanmar [1].

[Liens en anglais sauf mention contraire] Six semaines après le début des affrontements entre les Rohingyas et les Rakhaines  dans l'Etat de Rakhine [2] [en français] à l'ouest du Myanmar (Birmanie) qui ont provoqué un nouvel afflux de réfugiés à la frontière du Bangladesh, Amnesty International [3] signale une augmentation des attaques ciblées et autres actes de répressions par les forces de sécurité contre la minorité des Rohingyas et des musulmans. Plus de  100 personnes ont été tuées depuis le début des violences et on estime le nombre des personnes déplacées à plus de 50 000. La BBC a publié sur son site un témoignage de terrain [4] sur la terreur à laquelle les Rohingyas font face. Mais on trouve aussi sur les sites birmans des informations [5] selon lesquelles des bandes organisées de Rohingyas auraient également intensifié leurs attaques.

Le  10 juin 2012, le gouvernement du Myanmar a déclaré l'état d'urgence dans l'Etat de Rakhine, toujours en vigueur dans certaines zones. Amnesty International déclare aussi :

La police des frontières du Myanmar (nasaka), l'armée et la police ont conduit des opérations d'envergure dans les zones en majorité Rohingya. Des centaines de personnes, principalement des hommes et des adolescents, ont été détenus, presque tous sont maintenus au secret et certains ont été victimes de mauvais traitements.

Restless Beings [6], responsable d'un projet au Myanmar, écrit :

Au cours des deux dernières semaines, la Birmanie a restreint et limité la pression auprès de la communauté internationale. Alors que les opportunités économiques qu'offrent la Birmanie sont soulignées, et que l'Amérique est favorable à la levée des sanctions contre la Birmanie, depuis 40 jours, et ce n'est pas fini, les appels à l'aide des Rohingyas ne sont toujours pas entendus.

Nos sources nous disent que des milliers de Rohingyas ont été arrêtés [7] dans les communes autour de Maungdaw et  conduits à la prison de Buthidaung où ils sont continuellement torturés : 40 prisonniers sont extraits de leur cellule pour être violemment battus chaque matin et chaque soir.

Cette vidéo [8] présente une séquence non montée de la répression contre les Rohingyas [avertissement, images violentes] :

Mohamed Mufiz [9], fils d'une victime de l'Etat de Rakhine, raconte :

Notre communauté Rohingya dans l'état de Rakhine est dans la bouche du Fantôme de la mort (des hooligans nationalistes organisés en bandes) et nous demandons vraiment à la communauté internationale de nous sauver à temps, tout à la fois des plans du gouvernement du Myanmar et du projet de la population de l'Etat de Rakhine de nous éradiquer de la surface de notre île ancestrale.

Une coalition de 58 associations de la société civile, conduite par Refugees International, le Projet Arakan  et le Fonds pour l'égalité des droits – a condamné [10] les atrocités commises contre la communauté des Rohingya.

Cependant, différents rapports [11] signalent que certaines associations de moines ont distribué  de leur côté des tracts incitant à  ne pas fréquenter la communauté Rohingya, et qu'elles auraient bloqué l'aide humanitaire pour qu'elle ne parvienne pas à destination.

Angry Asian Buddhist [12] écrit :

Je défends les droits des musulmans Rohingya en Birmanie, tout comme je défends les droits des bouddhistes Jumma au Bangladesh. Je condamne la violence contre les deux communautés, et je condamne l'histoire de persécutions et d'oppression qui ne peut tout simplement pas être effacée du jour au lendemain. Je condamne de plus la simplification des conflits politiques et socio-économiques [13] en conflit religieux entre “bouddhistes” et “musulmans.”

[14]

Musulmans Rohingya en Thaïlande rassemblés devant le siège local de l'ONU pour demander de l'aide. Photo de  Anuchid Lermsum. Copyright Demotix (3/7/2012)

Pendant ce temps, des manifestations ont eu lieu dans le monde en défense des Rohingya.

Dans un interview, le Dr Habib Siddiqui [19] a résumé ce qui se passe au Myanmar :

Le fond du problème remonte à la loi de 1982 sur la citoyenneté, qui ne considère pas les Rohingya comme des citoyens birmans. Ils sont des étrangers. Ils doivent prouver leur nationalité. Et cette loi est absurde, quand on sait  que les ancêtres des Rohingya sont arrivés en Arakan il y a des milliers d'années. Comme les historiens pourraient vous le dire, les Rakhaines ou les bouddhistes ne sont pas arrivés en Arakan avant peut-être le 10ème siècle. On dit que les dynasties précédentes était des Indiens, qui ont régné sur des peuples apparentés aux bengalis.

[14]

Enfant Rohingya durant une manifestation. Photo de  Anuchid Lermsum. Copyright Demotix (3/7/2012).

Zaw Lwin Oo [20] montre que, contrairement à l'idée répandue que les musulmans d'Arakan s'y sont installés récemment, ils s'y sont tous installés voici  des siècles. Le blogueur dresse la liste des noms des rois musulmans depuis le 15ème siècle.

Nizam Ahmed [21], sur le site E-Bangladesh, écrit :

Le nombre des réfugiés recensés dans deux camps à Kutupalang et Nayapara dans le district de  Cox’s Bazar a atteint plus de  30 000 en début d'année, le Myanmar ne les ayant pas laissés rentrer chez eux, en dépit d'engagements et promesses répétées.

La Ministre bangladaise des Affaires étrangères, Madame Dipu Moni,  a demandé [22] au gouvernement du Myanmar de rappatrier immédiatement les réfugiés arrivés du Myanmar et les citoyens birmans sans papiers du Bangladesh.

Voici quelques tweets parus sur Twitter à ce sujet, dont il est impossible de vérifier l'authenticité :

@pirate_larry [23]: RT @akrockefeller: Thein Sein: le gouvernement birman ne reconnaîtra pas les 800 000 citoyens #Rohingya http://t.co/liz3vwFe #Myanmar #Burma

@aroushimee [24]: RT @HAQnewsorg: “les bouddhistes extrémistes de l'Etat de Rakhine ont violé au moins une millier de filles Rohingya musulmanes. Quelques trois milles cadavres ont été abandonnés”.

@RestlessNadia [25]: Je ne vois pas avec quoi les Rohingya d'Arakan rompent le jeûne : pas de nourriture/d'aide. Conséquences d'un Etat raciste et d'années d'oppression.

Ce billet fait partie de notre dossier central sur les Rohingyas du Myanmar [1].