Projet “Les Amis de Januária” au Brésil : enquêtes sur la santé publique et la sécurité

Les participants au projet de journalisme citoyen Amigos de Januária (Les amis de Januária) poursuivent leur mission de surveillance de l'équipe municipale de la ville de Januária, dans l'état du Minas Gerais au Brésil. Le projet, soutenu par Rising Voices [en], comprenait une formation pour des jeunes, étalée sur sept semaines et portait sur des notions de journalisme et d'utilisations de données gouvernementales dans le but d'améliorer la gestion de leur ville.

Suite à une série de scandales de corruption, les participants au projet  ont commencé à surveiller de près le travail de  l'équipe municipale afin d'améliorer la prise de conscience et d'inciter à la responsabilisation [NdT: des élus]. Les billets les plus récents sur le blog du projet laissent poindre des préoccupations sur la santé publique et la sécurité à Januaria. Le 18 juin, Loreci Farias, qui est aussi professeure, parle par exemple d'une salle de consultation improvisée qui aurait mis les patients mal à l'aise, dans le district de São Joaquim. Elle écrit :

Você já se consultou em uma cela de presídio? É isso mesmo, em São Joaquim os pacientes estão sendo atendidos em uma cela do prédio construído para sediar o Posto Policial do Distrito supracitado. Como o prédio da Unidade Básica de Saúde está caindo aos pedaços e para prevenir possíveis acidentes, o médico optou por mudar o atendimento para o prédio do Posto Policial.

Vous avez déjà consulté dans une cellule de prison ? C'est exactement ça, à São Joaquim les patients sont reçus dans une cellule du bâtiment prévu pour être le poste de police du district. Comme le bâtiment de l'Unité de santé tombe en ruines, pour prévenir de futurs accidents, le médecin a préféré déménager les consultations dans le poste de police.

Photo du poste de santé improvisé, publiée sur le blog des Amigos de Januária sous licence Creative Commons.

L'unité de santé a été transférée il y a trois ans dans ce poste de police abandonné, et depuis, la municipalité n'a pris aucune initiative pour régler ce problème. De plus, ce transfert a été rendu possible par un autre problème : il n'y a pas suffisamment d'officiers de police pour rouvrir le poste de police. Elle ajoute que le quartier est “très dangereux, avec un nombre élevé de marginaux et une consommation intensive de drogues.”

Le 27 juin, le compte anonyme Mídia Cidadã [Média Citoyen] a écrit un billet sur le chantier de réhabilitation de la Farmácia Popular de la ville, qui est financé par un programme fédéral de 66 000 réais (approximativement 26 000 Euros). Le chantier a été pris en photos 60 jours avant la publication du billet sur le blog, et il n'y a eu aucun avancement pendant cette période :

Por que as obras não estão em andamento? E se a reforma já foi concluída, por que o prédio não está sendo utilizado?
[…]
A expansão do Programa visa oferecer alternativas de acesso à assistência farmacêutica, com vistas à promoção da integralidade do atendimento à saúde.

Pourquoi le chantier n'avance-t-il pas ? Et si il est terminé, pourquoi le bâtiment n'est-il pas utilisé ?
[…]
Le développement du programme vise à offrir des alternatives d'accès à l'assistance pharmaceutique, pour garantir l'intégralité de l'accès au service de santé.

Photo de la Farmácia Popular, publiée sur le blog des Amigos de Januária sous licence Creative Commons.

 

Tronçon de la route nationale BR 479, en direction de la Serra das Araras, à 1 km du district de São Joaquim. Photo publiée sur le blog des Amigos de Januária sous licence Creative Commons.

En face du bâtiment, un écriteau affiche des informations sur l'entreprise responsable du chantier, son coût et le délai de 120 jours, mais néglige de préciser la date, pourtant obligatoire, de début du chantier.

Les membres d’Amigos de Januária se préoccupent aussi de la manière dont les habitants gèrent leurs déchets et des risques sanitaires potentiels qui en découlent. Farias parle d'une décharge sauvage localisée près d'un petit village, situé au bord d'une route nationale. Il a discuté avec l'un de ses habitants, qui dit :

É muito comum a gente matar cobras e ratos aqui por causa desse lixo ai, junta ratos dai vem as cobras por causa dos ratos.

C'est très courant de tuer des serpents et des rats ici, à cause de cette décharge, là, ça attire les rats alors les serpents viennent, à cause des rats.

Le bétail se nourrit dans la décharge. Photo publiée sur le blog Amigos de Januária sous licence Creative Commons.

Farias signale aussi que la décharge sert de “place du marché”, ouverte au bétail. Il commente :

[…] quem garante que estes bovinos não estão contaminados por alguma doença e ainda se você mesmo não já comeu carne de bovinos dos quais se alimentam daquele lixo.
[…]
Vamos ver quais providências serão tomadas pela adimistração municipal sobre determinado assunto ja que estamos em ano político [em referência às eleições municipais de outubro].

[…] qui nous garantit que ces bovins ne sont pas contaminés par une maladie quelconque et même si vous-même n'avez pas déjà mangé de la viande de bovins qui se sont alimentés dans cette décharge ?
[…]
Nous verrons quelles seront les mesures prises par l'administration municipale quant à ce problème puisque nous entrons en pleine année électorale [en référence aux élections municipales d'octobre, ndr].

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