[Tous les liens portent vers des sources italiennes, sauf mention contraire].
Le 26 Juillet 2012, six installations d'exploitation de l'Ilva, la plus grande usine sidérurgique d'Europe située à Tarente, en Italie, ont été mises sous séquestre judiciaire en raison de la pollution. Ce n'est que le dernier chapitre de la lutte en cours impliquant la grave pollution causée par l'usine et les dommages à la santé publique – sans oublier l'enjeu des emplois.
Selon Wikipedia [en anglais] :
En 1991, Tarente a été déclarée zone à haut risque environnemental par le ministère de l'Environnement. En conséquence des poisons déversés dans l'air par les usines de la région (notamment l'aciérie ILVA), Tarente est la ville la plus polluée en Italie et en Europe occidentale. Seulement 7% de la pollution de Tarente est due aux habitants: 93% proviennent des usines. L'Agence européenne pour l'environnement (AEE) a révélé qu'en 2004, les émissions de dioxines de l'usine ILVA étaient estimées être responsables de 83% des émissions totales signalées dans toute l'Italie.
Voici comment David Maria De Luca décrit la situation actuelle sur le blog ilpost.it:
Fondato nel 1961, è un impianto siderurgico a ciclo integrale, dove cioè avvengono tutti i passaggi che dal minerale di ferro portano all’acciaio. Il fulcro della produzione sono i cinque altoforni, dove viene prodotta la ghisa. Ognuno è alto più di 40 metri e ha un diametro tra 10 e i 15 metri: al momento quattro altoforni su cinque sono attivi.
Problèmes liés aux émissions
Les résultats de deux enquêtes, faites lors d'une procédure contre les propriétaires et la direction de l'Ilva, ont montré qu'au cours de sept ans plus de 11.000 personnes sont mortes et que 29.000 autres ont été hospitalisées à Tarente et ses environs pour des maladies dont les causes sont liées aux émissions polluantes produites par l'usine.
Pour cette raison, toute l'usine pourrait être fermée, entraînant la mise au chômage par licenciement de 12.000 travailleurs dans la région de Tarente, un chiffre synonyme d'un taux de chômage supérieur à 30% ; l'Ilva de Tarente à elle seule, représente 75% du PIB (Produit intérieur brut) de la zone, et 0,15% de celui au niveau national.
Le gouvernement italien a finalement décidé de retirer une plainte formelle contre la décision du tribunal de confirmer la saisie, annoncée le 7 août, alors que près de 1000 personnes descendaient dans les rues pour soutenir l'ouvrier Cataldo Ranieri, leader du mouvement de protestation contre la pollution industrielle.
Un lecteur du journal ilfattoquotidiano.it résume ainsi le choix auquel les travailleurs sont confrontés, encore plus que la magistrature et le gouvernement:
Morire di lavoro o morire perché non c'è lavoro?
Le physicien et ingénieur Filippo Zuliani, qui travaille au centre de recherche et de développement Tata Steel Europe, écrit sur son blog:
La vicenda dell’ILVA è complessa e dolorosa: da molti anni gli abitanti di Taranto sospettavano (eufemismo) dei problemi causati direttamente o indirettamente dallo stabilimento siderurgico, e le due perizie chimica e medico-epidemiologica disposte dal gip hanno liberato frustrazioni a lungo represse. Il sequestro dell’ILVA ripropone l’annosa dicotomia tra produzione e tutela dell’ambiente.
Ziuliani ajoute que quand le journal télévisé national TG3 a demandé à des travailleurs de l'Ilva, “quel était le meilleur choix, fermer ou non l'usine”, ils ont répondu:
Non siamo noi che dobbiamo indicare la soluzione, noi rivendichiamo il nostro diritto a lavorare in sicurezza, in un ambiente sano per noi e per le nostre famiglie.
Pour d'autres, préoccupés par les conséquences environnementales et sanitaires des activités de l'Ilva, il n'y a pas d'alternative à la fermeture définitive de l'usine.
Fabio Balocco a écrit sur le quotidien Il Fatto Quotidiano:
Se una fabbrica produce veleni deve essere chiusa, perché prima di tutto, e non lo dico io ma la Corte Costituzionale, viene l’ambiente e la salute. Prima di tutto, anche dell’economia e quindi anche del posto di lavoro.
D'autre part, il y a ceux qui tout en reconnaissant la gravité de la situation de l'environnement, plaident pour le droit au travail et se rangent du côté des travailleurs qui s'opposent à la fermeture de l'usine, en exigeant que les propriétaires et les gestionnaires de l'entreprise paient pour les dommages causés, en investissant dans la bonification des installations.
Exprimant “la solidarité avec les travailleurs de l'Ilva en lutte” La Rete delle Reti (Le réseau des réseaux écrit):
Nessuna azienda deve essere chiusa, nessun lavoratore deve essere licenziato, a ogni adulto deve essere assegnato un lavoro utile e dignitoso. […] È possibile imporre sia la difesa dei posti di lavoro che la tutela della salute e dell’ambiente! Riva deve risarcire un intero territorio dei suoi crimini a scopo di lucro e i soldi dello Stato vanno usati per avviare immediatamente la bonifica del territorio impiegando tutti i lavoratori, i precari e i disoccupati del territorio!
Pendant ce temps, des protestations et débats explosent également en ligne, notamment depuis divers groupes sur Facebook, parmi lesquels “NO all’Ilva di Taranto” NON à l'Ilva de Tarente” et “TARANTO dice NO a ILVA, ENI e CEMENTIR !!!” “TARANTE dit non à l'Ilva, à l'ENI et à CEMENTIR!”, le plus grand accueillant plus 245o membres.
S'exprimant sur Global Project, (le projet global), les fondateurs du “comité spontané et apolitique de citoyens” “Cittadini e Lavoratori Liberi e Pensanti” (Citoyens et travailleurs libres et penseurs), accusent l'Etat comme la famille Riva, de la situation :
Siamo uomini e donne stanchi di dover scegliere tra lavoro e salute. Imputiamo all'intera classe politica di essere stata complice del disastro ambientale e sociale che da cinquant'anni costringe la città di Taranto a dover svendere diritti in cambio del salario. […] Pretendiamo che chi ha generato questo dramma, lo Stato prima, la famiglia Riva poi, paghi per il disastro prodotto.
Le blog Controappuntoblog.org, rapporte les exigences de operaicontro.it (Travailleurs contre), d'une manière plus explicite:
Noi operai dell’ILVA vogliamo il salario completo anche se l’ILVA deve restare chiusa per dieci anni per la bonifica.
Le Comité, de concert avec les principaux syndicats représentant les travailleurs, a organisé une manifestationi le 2 août, en invitant :
Tutti coloro che considerano una vergogna il ricatto occupazionale a cui siamo stati costretti fino ad oggi e che vogliono immaginare e costruire insieme un'altra idea di città, a scendere per strada e a sfilare dietro il nostro striscione: “Sì ai diritti, No ai ricatti: Salute, Ambiente, Reddito, Occupazione.
Pendant cette manifestation, cependant, il y a eu des affrontements entre deux différents groupes de syndicalistes et des manifestants – les Cobas (syndicats indépendants) et des représentants des centres sociaux auto-gérés ont bloqué la manifestation, en utilisant des bombes fumigènes et lacrymogènes pour empêcher les discours des syndicalistes, avec le slogan «Non à ceux qui nous empoisonnent.”
Le 4 août, le gouvernement a alloué 336 millions d'euros pour la modernisation des installations, et le ministre Clini a déclaré travailler sur une loi qui permette d'accélérer la bonification. Le 7 août, le tribunal de Tarente a confirmé l'ordonnance de saisie, permettant à l'usine de fonctionner seulement pour la bonification.
Sur le blog articolo21.org, Maria Ferdinanda Piva a écrit:
La bonifica promessa dal Ministro dell'Ambiente Clini sa tanto di bluff.
Pour de nombreuses personnes, l'espoir est terminé depuis longtemps. Dans un autre commentaire sur le quotidien Il Fatto Quotidiano, 9Nuer a écrit:
Sono andato via da Taranto venticinque anni fa. Mio padre morto per un tumore al cervello, mio suocero per un cancro allo stomaco ( guarda caso due tipi di tumore che hanno provocato un incremento dei decessi, secondo la perizia medica ). […] Un consiglio alle nuove generazioni. Andate via. È doloroso, ma è la soluzione.
Il reste à savoir quel sera le sort des travailleurs, si effectivement, il y aura une reconversion de l'usine qui emploiera tous les employés actuels de l'Ilva. Pendant ce temps, les dommages causés par les activités de production de l'Ilva ne cesseront pas d'être ressentis par la population, qui paiera de sa santé pendant de nombreuses années à venir les conséquences des décennies de pollution.