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Espagne : Des graffiti pour alerter les consciences par temps de crise

Catégories: Europe de l'ouest, Arts et Culture, Liberté d'expression, Manifestations, Médias citoyens, Politique

Le mot graffiti  vient du grec graphein qui signifie écrire. Le graffiti moderne est né dans les années 60 à New York [1] et est inspiré de la culture hip-hop. La renommée d'un grapheur naît du nombre d'oeuvres qu'il signe.  Alors que cette forme d'art a longtemps été méprisée, et en dépit des dépenses engagées par les municipalités pour effacer les graffiti, le street art s'est propagé dans d'autres pays et est devenu populaire dans de nombreuses villes. Certains ne sont que gribouillages de messages personnels, mais d'autres sont de véritables œuvres d'art. En cette période de crise économique en Espagne, le graffiti exprime les revendications sociales, et qu'on le veuille ou non, est devenue partie intégrante de notre vie quotidienne.

Beaucoup de sites internet sont dédiés à la mise en valeur du street art comme le blog Fogonazos [2] :

[3]

“Let them eat crack”  (Laissez-les manger du crack), New York.

L'argent vole sur la façade d'un bâtiment à Caracas, Venezuela

Dessiné à Manchester (Royaume-Uni) “Les riches et les puissants nous pissent dessus  et les médias nous disent qu'il pleut”

Vomir la crise économique à Londres

Ici, une collection de graffitis que l'on peut voir en Espagne, qui commence à Grenade :

“Joyeuse consommation”

“L'éducation n'est pas à vendre”

Ces photos (prises par l'auteur) illustrent la vague de graffiti qui peuvent être vus actuellement en se baladant à Grenade, dans le sud de l'Espagne. Ces graffiti montrent des images et slogans apostrophant le système politique et économique du pays. Sur la troisième photo (ci-dessus), on peut voir les lettres PP (le Parti populaire espagnol) et PSOE (Parti socialiste ouvrier espagnol). Les abréviations des deux partis politiques majoritaires en Espagne semblent être confondus avec un logo unique : une façon de dire que ces deux partis sont les mêmes et de dénoncer le système bipartique. On peut également y voir une peinture murale de poulets légendée “Gente presa, mercado libre” (Peuple prisonnier, marché libre).

Photo Elena Arrontes

A Madrid, on voit très souvent des graffitis du célèbre artiste basques Alberto Basterrechea [4] qui a commencé par écrire de la poésie il y a plus de sept ans. Il est l'auteur de deux blogs, Neorrabioso [5] et Batania [6], dans lesquels il présente des photos de ses vers inscrits sur les murs de la capitale. Ses poèmes sont des messages personnels et ont souvent un ton provocateur, comme on peut le voir sur les photos suivantes :

“¿Confianza o con fianza?” (confiance ou finance ?) jeu de mots sur le mur de la banque Santander, photo de Neorrabioso.

“Freewhat, equalwho, brotherwhen” (jeux de mots sur le très célèbre Liberté, Egalité, Fraternité).

Dans n'importe quelle partie du monde [7], il est courant pour les piétons de croiser des peintures sur les murs des bâtiments, des parcs et des maisons. Mais au-delà des murs de la ville, le graffiti a quitté les rues pour de nouveaux supports : livres de photographie, blogs et pages Facebook comme Global Street Art [8].