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Le maître d'échecs Garry Kasparov arrêté lors du procès des Pussy Riot

Catégories: Asie Centrale et Caucase, Europe Centrale et de l'Est, Arménie, Azerbaïdjan, Russie, Droit, Droits humains, Médias citoyens

Ce qu'on a pu voir de plus étonnant dans les média saturés par le procès des Pussy Riots, à part le procès lui-même, aura été la présence suivie de l'arrestation de l'ancien champion du monde d'échec d'origine caucasienne, Garry Kasparov, à la lecture du verdict le 17 août condamnant à deux années de prison les trois jeunes femmes accusées d'avoir illégalement exécuté une “prière punk” dans une église.

Kasparov, né à l'époque soviétique à Bakou, en Azerbaïdjan, d'une mère arménienne et d'un père juif, a fait sien le nom de jeune fille arménien de sa mère, Gasparyan, après la mort de son père. Kasparov a échappé avec sa famille au pogrom des Arméniens de Bakou lors du conflit du Haut-Karabakh et s'est installé à Moscou. Il est devenu le plus jeune champion du monde d'échecs et passe pour le plus grand joueur d'échecs de tous les temps.

La nouvelle de son arrestation a été postée par les administrateurs sur la page Facebook de Kasparov [1] (en anglais, comme tous les liens), dont l'activité est montée en flèche sitôt les événements connus.

[La Rédaction] Garry Kasparov vient d'être arrêté à l'extérieur de tribunal moscovite où se déroule le procès des Pussy Riot. Il y était, non pour manifester, mais juste pour assister, et les policiers l'ont acculé et traîné dans le fourgon de police. Cette photo montre les policiers en train de l'assaillir à l'intérieur du fourgon. Nous espérons qu'il est va bien et donnerons des nouvelles quand nous en aurons.

La première photo de l'arrestation, publiée sur la page, a été prise par le journaliste basé à Moscou Olaf Koens, qui l'a tweetée avec la légende :

@obk [2]: Les policiers luttant avec Garry Kasparov à l'intérieur du panier à salade. Le frappent-ils ?

Garry Kasparov après son interpellation par la police devant le tribunal pendant l'audience de verdict des Pussy Riot/Photo Olaf Koens via Twitter

Ceux qui l'avoisinaient ont aussitôt dissipé la rumeur qu'il manifestait.

Mig Greengard, “aide-de-camp” de Kasparov, a été le premier à clarifier :

@chessninja [3]: Au moins une information que Garry Kasparov a été arrêté au tribunal des Pussy Riot. Il ne manifestait pas, il essayait seulement d'entrer !

Le tweet a été suivi par une note sur la page Facebook du maître d'échecs [4] :

 [la Rédaction] Nous venons de parler à Garry au téléphone. Il est au commissariat. Il a été battu mais dit que ça va. Il ne sait pas quelle sera la suite. La police semble attendre des ordres d'en-haut. Il dit qu'il était en train de parler tranquillement avec les journalistes lorsque les policiers ont forcé le passage et l'ont saisi. Merci à tous pour votre soutien.

 

Beaucoup se sont tournés vers Twitter pour faire l'éloge de Kasparov, militant politique et critique sans fard de Poutine, qui a participé à la création de la coalition anti-Kremlin Autre Russie.

@johnhm5235: [5] Garry Kasparov, ancien champion du monde d'échecs et actuel défenseur de la démocratie russe, sur CNBC. Il est un héros pour ceux qui aiment la liberté.

@RSiljanoski [6]: Imaginez Garry Kasparov président de Russie quel pays intelligent serait la Russie ! #FreePussyRiot girls!

Kasparov a été accusé d'avoir mordu la main d'un policier pendant la bagarre, et criait des slogans tels que “la Russie sans Poutine,” indique Autre Russie dans une note sur des récits qui seraient fabriqués [7] de l'arrestation de Kasparov. La vidéo prise pendant la bagarre [8], où on ne voit ni n'entend mordre ou crier, semble montrer une histoire différente.

ChessBase.com, dans un billet de blog qui vient de paraître [9], réfute également ces allégations :

Nos sources nous disent qu'il était à l'extérieur du tribunal en train de parler aux journalistes de Radio Svoboda quand la police s'est frayé un chemin pour s'emparer de lui. Kasparov, 49 ans, a insisté qu'il ne manifestait pas, mais les policiers l'ont empoigné et violemment traîné dans un fourgon de police, où il a continué à recevoir des coups des agents, comme documenté par un photographe.

Au début de cette semaine, Kasparov a dit à ses admirateurs sur Facebook [10] qu'il s'était rendu à la Commission d'Enquête de Russie pour déposer plainte pour “arrestation illégales, coups et diffamation” et qu'il a aussi vu le policier qu'il est accusé d'avoir mordu :

Hélas je n'ai pas eu l'occasion de lui donner une énergique poignée de mains, mais ses mains m'avaient l'air en bon état… Dernières nouvelles complètes ici ce soir, avec plus de photos et de vidéos qui vont sortir. Je répondrai aux morsures par des octets !

Le correspondant à Moscou de la BBC, Daniel Sandford, tweete en direct [11] depuis le procès de Kasparov aujourd'hui.