- Global Voices en Français - https://fr.globalvoices.org -

Angola: Une fiévreuse atmosphère pré-électorale

Catégories: Afrique Sub-Saharienne, Angola, Élections, Liberté d'expression, Médias citoyens, Politique

L’Angola [1] se prépare  à aller aux urnes ce vendredi 31 août 2012. L'ambiance dans les rues de Luanda est calme. Aux tables des cafés les gens parlent avec enthousiasme de ce jour qui approche. Le week-end, dans certaines parties de la ville, l'attente pour les élections est animée par les fêtes dans les cours avec beaucoup de musique, de nourriture et de boisson, à l'angolaise. Des  rencontres sont organisées aussi bien par les partis qu'en privé.

Ce seront les troisièmes élections générales depuis l'indépendance, en 1975. La première, en 1992, a abouti à la reprise de la guerre civile [2], qui ne s'est achevée qu'en 2002, et en septembre 2008, José Eduardo dos Santos [3], au pouvoir depuis 33 ans avec le MPLA historique (Movimento Popular da Libertação de Angola – Mouvement populaire de libération de l'Angola), avait été élu avec plus de 80% des voix. Cinq partis et 4 coalitions sont en lice pour ces élections pour  220 sièges à l'Assemblée nationale. La tête de liste du parti ou de coalition qui gagnera le maximum de voix des quelque 10 millions d'électeurs environ sera le prochain chef de l'Etat.

“Une nouvelle page dans l'histoire de l'Angola” Elections du 5 septembre 2008. Photo Jose Manuel Lima da Silva, copyright Demotix

En attendant la date, les Angolais se font un point d'honneur de hisser les drapeaux des partis sur leurs maisons et leurs voitures. Les photos des candidats sont visibles sur les murs et les médias ont accordé une grande couverture au scrutin en espérant qu'il sera juste et imprégné d'un esprit de  paix.

Pendant tout ce temps, nombreuses ont été les critiques pour les insuffisances dans la couverture de la campagne électorale par les médias, tel que rapporté [4][en anglais] par Human Rights Watch.

Sur Hukalilile [5] [portugais], il est fait mention du fait que le MPLA contrôle les médias:

Uma das coisas que me assusta é ver como a imprensa pública faz a propaganda sem escrúpulo em favor do partido no poder. A Comissão Nacional Eleitoral , órgão responsável pelo processo eleitoral não se manifesta sobre o assunto, como se isso fosse normal. (…) Uma outra situação meio embaraçosa são os comentaristas políticos que aparecem na televisão pública e na Rádio Nacional de Angola que não mantém a equidistância. Em seus comentários são muito ásperos contra os partidos da oposição. Ou seja, o MPLA para além do horário de propaganda política possui mais outros horários extras (serviços noticiosos ou em outros programas , além da transmissão “ao vivo” de programas de carácter partidário).

Une des choses qui me font peur c'est la façon dont la presse publique fait de la propagande sans scrupules en faveur du parti au pouvoir. La Commission électorale nationale [6] [portugais], l'institution responsable du processus électoral ne fait aucun commentaire sur la question, comme si c'était normal. (…) Un autre genre de situations embarrassantes sont les commentateurs politiques qui apparaissent à la télévision publique et à la radio nationale angolaises sans souci d'équilibre. Dans leurs commentaires, ils sont très durs avec les partis de l'opposition. Ce qui signifie que le MPLA au-delà du temps de la propagande politique, a du temps supplémentaire (journaux télévisés ou dans d'autres programmes, au-delà des transmissions directes de programmes à caractère partisan.)

Le juriste Fernando Macedo l'a bien saisi dans un billet sur le blog Central 7311 [7] [portugais] :

"- Dad, do we have freedom of expression in Angola? - Here on Facebook, yes. But in RNA, TPA and JA (Angolan mainstream media), only MPLA is free." Cartoon by Projecto Kissonde on Facebook (used with permission) [8]

“- Papa, est-ce que nous avons la liberté d'expression en Angola ? – Sur Facebook ici, oui. Mais dans RNA, TPA et JA (les médias traditionnels angolais), seul le MPLA est libre.” Dessin de Projecto Kissonde sur Facebook (avec autorisation)

Na minha opinião, as eleições que estão em curso são eleições autoritárias, porque direitos fundamentais continuam a ser violados. Por exemplo, o direito de não sofrer violência física nem ser perseguido por terceiros por causa das nossas opiniões; direito de informar, de ser informado e de se informar; direito a não ser privado da liberdade de forma ilegal; direito de denúncia baseada em factos verdadeiros contra actos de agentes dos poderes públicos; direito à informação objectiva e verdadeira e direito a comentários diversificados no quadro do contraditório e o direito a que as divergências ou reclamações de terceiros ofendidos sejam resolvidos em tribunal e não por via de grupos organizados com o auxílio de órgãos do Estado. Elas são ainda autoritárias porque os meios e recursos do Estado, sobretudo dos órgãos de comunicação social do Estado, são usados para servir apenas um partido e quem está no poder e desse lugar compete nas eleições de maneira desleal.

À mon avis, les élections en cours sont des élections autoritaires, car les droits fondamentaux continuent d'être violés. Par exemple, le droit de ne pas subir de violence physique ou de persécution par des tiers en raison de nos opinions, le droit d'informer, d'être informé et de s'informer, le droit de ne pas être privé de liberté de façon illégale, le droit de déposer des plaintes fondées sur des faits réels pour des actes commis par des agents du pouvoir politique, le droit à une information objective et vraie et le droit à des commentaires différents de cotés opposés et le droit à ce que les divergences ou plaintes de tiers offensés soient résolues au tribunal et non par le biais de groupes organisés avec l'aide des institutions étatiques. Ces élections sont encore autoritaires, car les moyens et les ressources de l'Etat, par-dessus toutes les institutions des médias publics, sont utilisés pour servir un seul parti et ceux qui sont au pouvoir et de cette position sont en compétition déloyale.

Sur Angola Sempre [9] [portugais], une petite analyse de l'environnement pré-électoral est faite avec référence à la manœuvre politique du MPLA :

O MPLA passa grande parte do tempo a remendar os estragos visíveis de uma má governação de mãos dadas com a corrupção galopante que percorre todos os corredores do poder centralizado em Luanda. As inaugurações sucedem-se num ritmo acelerado para esconder décadas de incompetência e compadrio. A HORA da mudança chegou!

Le MPLA consacre beaucoup de son temps à camoufler les mauvais aspects visibles de la gouvernance qui va main dans la main avec la corruption galopante dans toutes les allées du pouvoir centralisé à Luanda. Les inaugurations se succèdent à un rythme accéléré pour cacher les décennies d'incompétence et de favoritisme. Le temps du changement est arrivé!

L'auteur du blog Pululu [10] [portugais] exprime ce que la majorité des Angolais pensent, le désir que ces élections puissent transformer l'Angola en un pays développé :

Que o 31 de Agosto não seja o fim mas o início de uma sã e competitiva caminhada democrática entre os candidatos eleitos a favor de uma única via: desenvolvimento social, político e económico de Angola!

Que le 31 août ne soit pas la fin, mais le début d'une saine compétition démocratique entre les candidats élus pour un seul but : vers le développement social, politique et économique de l'Angola!