Russie : De meilleures routes, ça reste un rêve

Cet été, le 21 juin, le premier ministre Dmitri Medvedev a ordonné [en russe, comme les liens suivants] au gouvernement de lancer un appel d'offres pour la construction de 38 nouveaux kilomètres de la voie à péage inachevée Moscou – Saint-Pétersbourg. En signant ce décret, M. Medvedev a réveillé le débat, qui semblait enfin se calmer ces derniers temps, sur l'impact négatif de cette autoroute pour l'environnement.

Des routes à péage existent autour des métropoles comme Saint-Pétersbourg et Moscou, et sont courantes dans les régions méridionales de la Russie, où les embouteillages sont un trait commun de la vie quotidienne. Réagissant à la décision de juin de M. Medvedev,des internautes russes conviennent que le pays a besoin d'une meilleure infrastructure autoroutière, et semblent prêts à payer pour cela. Ainsi, le blogueur nikitskij décrit son expérience des routes à péage à Saint-Pétersbourg :

Ощущения были положительными — помимо ровного полотна дороги, в Санкт-Петербурге креативно подошли к оформления вдоль трассы, а оно было выше всех похвал. Т.е. было не только быстро, но и красиво!-)

Mes impressions ont été positives : en plus du revêtement régulier, le parcours à Saint-Pétersbourg était tracé tout du long de façon créative, au-dessus de tous les éloges. Càd, pas seulement rapide, mais beau aussi ! -)

Fandorin_k dit oui aux routes à péage, lui aussi :

 Платные дороги нужны, лишь бы про альтернативный объезд не забывали и ремонтировали время от времени.

Les routes à péages sont une nécessité, pourvu qu'on n'oublie pas les itinéraires alternatifs et qu'on les répare de temps à autre.

Le chantier de l'autoroute à travers la forêt de Khimki, Russie. 8 mai 2011, photo Daniel Beilinson, CC BY-SA 2.0.

Le projet de construction de la nouvelle voie à péage (lien en français ici) pour relier Moscou et Saint-Pétersbourg relève du Ministère des Transports et remonte à 2006. En novembre 2011, le Ministère a calculé que le trajet de Moscou à Petersbourg sur le nouvelle autoroute à péage, une fois terminée, coûterait aux automobilistes quelque 1.600 roubles (soit 39 €). En avril 2012, le président d’Avtodor (la société publique des autoroutes russes), Sergueï Kelbakh, a encore baissé le chiffre, évaluant le coût moyen de l'aller simple pour les conducteurs ordinaires à seulement 600 roubles (15 €). (Kelbakh explique que près de 40% de l'autoroute seront de fait gratuits, sans péage d'aucune sorte.)

Au milieu des estimations les plus variées sur les futurs tarifs d'utilisation de l'autoroute, Internet s'est révélé un prolifique moulin à rumeurs pour les calculs exagérés de péages. Sous l'effet de ces soucis, complétés par les inquiétudes sur l'usage réel par l'Etat des recettes de l'autoroute, les blogueurs ont été nombreux à émettre de virulentes objections. L'utilisateur de LiveJournal maydyk, par exemple, soutient que l'autoroute est une marque du “neoféodalisme,” et s'inscrit en faux contre l'idée que la privatisation des projets de travaux publics apporte les avantages prévus :

Платные участки ничем не отличаются от аналогичных бесплатных …

Les sections payantes ne diffèrent en rien des gratuites …

Pour le blogueur sapojnik :

Нас, бессловесное быдло, просто заставят в собственной стране ездить по обычному шоссе ЗА ДЕНЬГИ – только и всего.

Ils vont simplement nous forcer, nous les benêts silencieux, à rouler sur les routes ordinaires de notre propre pays EN PAYANT — c'est tout.

Dans ses commentaires sur son compte LJ, sapojnik a aussi évoqué le personnage des Ames Mortes de Nikolaï Gogol, Manilov [en français], le rêveur qui n'agit jamais :

L'utilisateur de Lj gena_t ironise sur la punition des habitants de Moscou et de Petersbourg suite à leur désobéissance politique :

Показали свою нелояльность, походили с белыми ленточками – теперь получили. Потом еще хуже будет.

[Ils] ont montré leur déloyauté en arborant des rubans blancs. Voilà ce qu'ils ont reçu ! Ensuite ce sera encore pire.

La question des péages routiers nourrit une polémique récurrente en Russie. Comme le dit le proverbe, les routes et les fous [en anglais] sont depuis toujours les plus gros problèmes du pays. La mauvaise qualité des infrastructures autoroutières actuelles de la Russie reste de l'ordre de la honte nationale. Les perspectives de meilleures routes pourraient pourtant s'améliorer, si les millions de Manilov de la Russie apprenaient à remplacer le rêve par l'action.

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