SocialCamp Russie : crowdsourcing et données publiques

[Liens en russe, sauf mention contraire] Du 7 au 9 septembre s'est tenue à Moscou la “non-conférence” SocialCamp Russia. Trois journées pendant lesquelles les activistes ont parlé de leurs projets destinés à améliorer l'accès à l'information, la compréhension mutuelle entre les personnes ou le développement du caritatif, entre autres.

Le Teplitsa [“la serre”] des technologies sociales a organisé une section « Projets Internet citoyens et sociétaux : success stories », durant laquelle les concepteurs d'applications mobiles citoyennes et de plateformes Internet non commerciales ont raconté l'histoire de la naissance et du développement de leurs projets. Quelques-uns sont apparus de façon totalement spontanée : dans le cadre de travaux pratiques à la fac, ou sous forme d'album photos sur vKontakte [équivalent de Facebook]. D'autres sont nés en réaction à a situation politique du pays. D'autres encore existaient en tant qu'outils à utiliser dans des situations diverses : dans les cas extrêmes comme en temps ordinaire. Chaque intervenant s'est vu poser les questions les plus variées par l'auditoire, mais nous avons choisi de répéter la même à chaque auteur : «Votre projet aurait-il pu voir le jour sans Internet ?»

OpenStreetMap : D'où vient la carte de Krymsk ? Exemples de cartographie opérationnelle après des événements extraordinaires.

Ilya Zverev a présenté le projet OpenStreetMap et ses utilisations dans plusieurs types de situation : par exemple, il est devenu l'un des plus importants outils de coordination pour les bénévoles et les sauveteurs après l'inondation à Krymsk ; mais il peut aussi servir d'instrument de navigation pour ceux qui viennent d'emménager dans un nouveau quartier.

Votre idée ou votre projet aurait-il pu voir le jour sans Internet ? En quoi consistait-il ?

Ilya Zverev : A l'époque soviétique, il y avait des enfants qui passaient leur temps à dessiner des cartes de leur cour. Ils y portaient leur maison, le magasin, les petites rues… Ils faisaient ça juste pour s'amuser, et le résultat, c'était des fragments de carte non reliés entre eux. Les Anglais qui ont initié ce projet [OpenStreetMap] ont fait beaucoup de route à vélo, à moto et en voiture, et ont fini par réunir une importante base de fichiers GPS. Mais sans Internet, tout cela n'était que des données isolées dont on ne pouvait rien faire. C'est justement Internet le maillon de liaison qui a permis de réunir tous ces « dessins d'enfants » en une seule grande image, et tous les fichiers en une base de données dans laquelle ils ont formé une sorte de carte. Les Anglais ont vu ça, et se sont dit : « Pourquoi ne pas éditer cette carte, puisque ces fichiers en forment une.» En résumé, avant Internet les gens dessinaient bien des cartes, mais ça ne donnait pas la carte du monde.

Grakon : des outils en ligne pour l'auto-organisation des observateurs lors des élections

La plateforme en ligne Grakon, dont le rôle est de centraliser la coordination interne des observateurs lors des élections, est gérée par Sergueï Kopylov et Ilya Boïkov.

Votre idée ou votre projet aurait-il pu voir le jour sans Internet ? En quoi consistait-il ?

Ilya Boïkov : Cela aurait sans douté été impossible ; nous aurions alors remplacé notre activité en ligne par de l'interaction avec les partis politiques et les groupes d'observateurs. Le concept du projet, c'est l'auto-organisation des observateurs sur place. Il est important que l'observateur ne soit pas seul, mais relié à une équipe, et nous avons donc proposé de réaliser cette liaison au moyen d'une ressource Internet [Grakon]. Ce qui, bien sûr, aurait été impossible en pratique sans Internet, cela aurait donné un autre projet, très différent.

Ya-Istoria.RF

Le format de SocialCamp suppose que chacun, s'il le souhaite, puisse être coorganisateur d'une conférence : on peut changer d'espace ou bien devenir l'un des intervenants. Renat Zakirov est intervenu dans la section Teplitsa en présentant son site « Ya-Istoria.RF » [Je suis l'histoire de la République de Russie], destiné à recueillir les souvenirs de ceux qui ont été témoins d'événements historiques. Même si certains récits se distinguent réellement, les gens les plus ordinaires participent à ce projet.

RosPravosudie

Gleb Souvarov a présenté le projet «RosPravosudie» [Justice russe], un énorme catalogue d'avocats et de juges élaboré à partir des données publiques fournies par les sites des tribunaux. (Lire ici [en français] l'interview par Global Voices de Gleb Souvarov.)

Votre idée ou votre projet aurait-il pu voir le jour sans Internet ? En quoi consistait-il ?

Gleb Souvarov : Il n'aurait pas pu exister. Ce projet est intrinsèquement lié à l'Internet : les sources d'information sont sur le Net, les utilisateurs aussi. Dans le principe, l'idée serait sans doute réalisable sans Internet, mais demanderait un travail énorme et apparaîtrait comme dépassée.

L'auteur de l'article original tiré de la section du site Teplitsa sur les nouvelles technologies est Daria Alekseieva.

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