Ce billet fait partie du dossier de Global Voices sur l'Europe en crise.
Les utilisateurs de Twitter en Grèce s'indignent des arrestations avec mauvais traitements et de la révélation d'identités des jeunes interpellés à la suite d'une des plus vastes manifestations anti-austérité dans les rues d'Athènes depuis la signature du premier accord de sauvetage de la Grèce en 2010, à savoir celle du mercredi 26 septembre 2012.
Des centaines de milliers de Grecs ont répondu aux appels à une grève générale de 24 heures, lancés par les syndicats des secteurs privé et public. Les mesures d'austérité, les impôts nouveaux abrupts, les baisses des salaires et pensions, ainsi que les coupes dans la santé expliquent la participation massive malgré les températures caniculaires.
Le média citoyen collectif Radiobubble.gr a réuni les tweets en temps réel et les liens d'information en anglais des manifestations, et a aussi tenu un liveblog en grec. La grève a été essentiellement pacifique, même si les médias internationaux ont une fois de plus mis l'accent sur les violences, qui en réalité ont été limitées.
Calme dans les rues
De nombreux twittos rapportant en direct se sont fait un sang d'encre sur les accès de violence pouvant entacher le récit des manifestations dans les média :
@mkahlili: A reprendre : Faites tout votre possible pour garder pacifiques les manifestations d'aujourd'hui, tout le monde. Si ça devient violent, c'est de *cela* qu'on parle+ le message est perdu.#26sgr #Greece
@YannisMouzakis: “Violences, heurts, émeutes” pour une des manifs les plus calmes des deux dernières années, si on parlait des dizaines de milliers dans les rues ? #Greece
@IrateGreek: #26sgr Chers médias internationaux, svp cessez de répéter que les manifs en #Greece aujourd'hui étaient violentes. Comme à chaque fois, le gros des manifs étaient pacifique.
L'auteur et traducteur pour Global Voices Asteris Masouras a exhorté les médias classiques à se retenir de ne traiter que des violences :
@asteris: Ami journaleux a répondu que les médias traditionnels ne s'intéressent qu'à la couverture des violences, un important réseau lui a demandé seulement du pr0n émeutes (Ndt : définition de ce terme ici)
@asteris: Une fois encore : le sensationnalisme émeutier fait vendre de la pub mais n'oubliez pas les masses qui ont manifesté dans le calme sous un soleil écrasant aujourd'hui à Athènes #26SGR
Dispersion violente
Alors que le cortège approchait de la place Syntagma vers midi, quelques dizaines d’ “encapuchonnés”, pour la plupart des mineurs, ont fondu sur le rassemblement, dont les participants leur ont hurlé de s'en aller. Les encapuchonnés ont jeté des pierres et des cocktails Molotov sur la police et le Ministère des Finances, à quoi les policiers ont riposté à leur habitude en dispersant tout le monde par la force, comme on le voit sur cette vidéo :
La répression n'y est pas allée de main morte, utilisant sans retenue lacrymogènes et grenades assourdissantes, interpellations et violences physiques qui ont laissé des blessés dans les deux camps, manifestants et policiers :
@RegularGrrrl: La police grecque a déclaré officiellement qu'elle n'utiliserait pas de gaz lacrymogènes contre les grévistes grecs aujourd'hui. Mensonge. #Greece #26sgr
Une grande partie du centre d'Athènes a étouffé pendant des heures sous les gaz lacrymogènes. La reporter de CNBC Julia Chatterley a tweeté :
@JChatterleyCNBC: Impossible d'être dehors sans masque à gaz – des quantités de gens toujours devant le parlement pourtant.. http://yfrog.com/esvssgtj
Mais même les journalistes ont connu le dilemme de suffoquer ou de risquer l'arrestation s'ils portaient un masque à gaz :
@asteris: TR @ioann_A Journaliste accrédité interpellé pour port de masque à gaz, relâché après intervention du syndicat #rbnews #Greece #26sgr
Arrestations préventives
Avant même le début du rassemblement, la police anti-émeute avait investi les lieux d'assemblées populaires dans les coins reculés d'Athènes, et retenu les gens qui se réunissaient pour rejoindre le gros de la manifestation. Deux jours après, la police publiait en ligne les photos et identités de neuf jeunes, de 18 à 25 ans, qui avaient pris part – ou s'y apprêtaient – à la manifestation, les accusant de perpétration de violences, perturbation de la tranquillité publique, ainsi que de possession d'explosifs (cocktails Molotov) et de masques chirurgicaux ou à gaz pour se couvrir le visage. Certains d'entre aux étaient à l'évidence blessés, avec des hématomes et des plâtres visibles sur les photos [en grec] :
@YiannisBab: Arrestations préventives d'adolescents, hématomes et mains cassées, voilà le vrai visage de notre police. #free26sgrpeople http://goo.gl/UXlGf
Les utilisateurs ont créé le mot-clic #free26sgrpeople (‘libérez les grecs du 26 sept) en solidarité avec les jeunes en garde à vue, pour dénoncer l'injustice de leur arrestation, des mauvais traitements et de la révélation de leur identité :
@Kapafix: Από τηλ. επικοινωνία για τους #free26sgrpeople μερικοί είναι χτυπημένοι, κάποιοι άσχημα ψυχολογικά και 3 μέρες χωρίς “απολογία”.
@Kapafix: Après un coup de fil sur les #free26sgrpeople, j'ai découvert que certains avaient été battus, certains sont dans un état psychologique épouvantable, gardés à vue 3 jours sans autorisation d’ “appeler à l'aide”
@Jaquoutopie: Ελληνική δικαιοσύνη: Συλλήψεις ανηλίκων, χιλιόμετρα μακριά από το συλλαλητήριο πριν αυτό ξεκινήσει, προληπτικά. #free26sgrpeople
@Jaquoutopie: La justice grecque : arrêter des mineurs, à des kilomètres de la manifestation, avant même qu'elle commence, à titre préventif. #free26sgrpeople
@Antidrasex: Μπράβο στους μπατσους που έβαλαν τις φωτό των παιδιών φόρα παρτίδα. Ξέρουμε ότι αυτα τα παιδιά δεν έκατσαν στον καναπέ τους #free26sgrpeople
@Antidrasex: Bravo la police d'avoir publié les photos de ces gamins. Maintenant on sait que ces jeunes ne sont pas restés vautrés sur leurs canapés #freesgrpeople
Désignation publique de jeunes
La police a prétendu que publier l'identité des jeunes gardés à vue était une tactique pour permettre de recueillir des informations sur d'éventuelles activités délictueuses connexes. Les internautes, eux, ont estimé que publier des photos de manifestants sans preuves d'infractions était une stratégie pour dissuader n'importe qui de participer à une manifestation pacifique.
@potmos: Δημοσιοποιούνται επιλεκτικά στοιχεία κακοποιημένων πιτσιρικάδων *ακριβώς* για να δοθεί το μήνυμα «μη πατάτε σε διαδηλώσεις» #free26sgrpeople
@potmos: Ils révèlent sélectivement les identités de gosses abusés *précisément* pour diffuser le message “ne participez pas aux manifs” #free26sgrpeople
@aboubouka: οι φωτογραφίες των παιδιών στην ασφάλεια με κάνουν να ντρέπομαι που δεν έχω κάνει αρκετά για να συλληφθώ κι εγώ μαζί τους
@aboubouka: Les photos de ces gamins en garde à vue m'ont fait honte de n'en avoir pas fait assez pour me faire arrêter avec eux
@thesspirit: Στην επόμενη πορεία όλοι με χειρουργικές μάσκες. Δεν μπορούν να μας συλλάβουν όλους. #free26sgrpeople
@thesspirit: A la prochaine manif apportez tous des masques chirurgicaux. Ils ne peuvent pas nous arrêter tous. #free26sgrpeople
@MavriMelani: Αν αυτο το κανετε για να φοβηθουμε ολοι οι υπολοιποι ειστε γελασμενοι. Αλλάξτε δουλεια. Πάλι στους δρόμους θα μας βρειτε #free26sgrpeople
@MavriMelani: Si c'était pour nous intimider, pensez-y à deux fois. Changez de méthode. Vous nous trouverez de nouveau dans les rues. #freesgrpeople
Pour plus de tweets sur le sujet, voir les pages storify ci-dessous, réalisées par Asteris Masouras, qui a contribué à cet article :
- Grèce : Rassemblements de la grève générale, 26/9/2012
- Grèce : Des jeunes préventivement en garde à vue, dénoncés par la police, accusés de charges criminelles
Ce billet fait partie du dossier de Global Voices sur l'Europe en crise.
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